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Bulletin Numismatique n°233 52 Symbole de l’essor médaillistique, le XIXe siècle a pu compter sur une importante écurie de graveurs, dont les noms comme Chaplain, Roty ou Dupuis ne sont plus inconnus dans le milieu de la numismatique. Parmi eux, Ernest Paulin Tasset (1839-1921) a sans aucun doute lui aussi beaucoup œuvré pour la médaille d’art et son renouveau, ce que déclarait déjà le critique d’art Roger Marx dans le Voltaire le 17 novembre 1895. Entré à l’École des Beaux-Arts de Paris en avril 1860, Paulin Tasset se forme au sein de la section de sculpture auprès d’Eugène-André Oudiné. Il part ensuite travailler pour la Monnaie de Paris aux alentours de 1863, en tant qu’assistant du graveur général Désiré-Albert Barre, puis fonde successivement dès 1870, trois ateliers autour de l’Hôtel monétaire (1870-1890 : 37 rue Mazarine ; 1891-1903 : 3 rue Séguier ; 1904-1921 : 127 boulevard Raspail). Ce sont des médailleurs comme Frédéric de Vernon, Félix Rasumny ou Marcelle Renée Lancelot-Croce qui viennent y parfaire leur apprentissage. Bien qu’encore trop méconnue, la production de Tasset témoigne pourtant d’une activité qui s’étend sur près d’une cinquantaine d’années. Les dépouillements des registres d’acquisition du cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France nous ont effectivement permis de constater qu’il a officié dans la capitale entre 1865 et 1915. Le graveur n’a d’ailleurs pas hésité à présenter plus de quarante-cinq de ses créations dans dix-neuf salons, d’abord au sein de celui de peinture et de sculpture à partir de 1869, puis dès 1881, auprès de celui Artistes Français, sans oublier les expositions universelles de 1889 et 1900. De plus, il reçoit pendant ces événements une mention honorable en 1876 ainsi qu’une médaille de troisième classe en 1883. Ses réalisations ont été en grande partie conçues pour des sociétés, dont le nombre considérable à l’époque en faisait l’un des commanditaires majeurs. Qu’elles soient commémoratives ou de récompense, les médailles ont alors été pour ces groupes un véritable moyen de « propagande ». La plupart d’entre elles ont ainsi souvent eu recours aux effigies ou aux allégories pour illustrer leurs idées et leurs valeurs, bien que les armoiries, les images religieuses ou encore bucoliques ont aussi été sollicitées. En réalité, c’est probablement grâce à l’important réseau qu’est parvenu à se constituer Paulin Tasset que plusieurs demandes lui ont été confiées. En effet, le graveur fréquente différents milieux, qu’ils soient politiques, à l’image de sa présence au banquet organisé par le député Victor Schoelcher en décembre 1893, ou encore scientifiques, puisqu’il était entre autres membre du bureau et du comité des récompenses de la société d’ethnographie de Paris à partir de 1889. D’autres l’ont également honoré pour ses créations, comme le journal Le Temps en 1876 ou bien la société pour l’étude pratique de la participation du personnel dans les bénéfices en 1915. Mais c’est sans doute son statut de président-fondateur de la chambre syndicale des graveurs en tout genre dès 1872, ainsi ERNEST PAULIN TASSET (1839-1921), GRAVEUR EN MÉDAILLES ET MONNAIES

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