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Bulletin Numismatique n°233 44 Toutes les séries frappées sous Napoléon III font à mon avis partie des plus belles séries en Franc et les pièces en bronze ne sont pas une exception. Cependant, avant d’aborder ce sujet, il me semble intéressant de situer la valeur du franc à cette époque, ce qui expliquerait les frappes d’un centime et de deux centimes. La première chose dont il faut se rappeler est qu’à l’époque la monnaie est soit en or, en argent ou en cuivre, le billet est inexistant. La valeur faciale était représentée par la quantité de métal contenu dans la pièce et ce système a continué pendant de nombreuses années même après l’apparition du billet. Maintenant, regardons quel était le pouvoir d’achat avec le franc à l’époque ; en faisant quelques recherches, on trouve que le salaire journalier d’un ouvrier sans qualification était de 2 francs par jour. Un maçon, un charpentier, un menuisier ou un autre ouvrier spécialisé avaient un salaire un peu plus élevé, de l’ordre de 2,50 francs. Quant aux femmes, le salaire était de moitié celui des hommes. D’autre part, un demi kilo de pain coûtait 20 centimes, un poulet 85 centimes, 100kg de charbon de bois 6,50 francs. Une pièce de 20 francs or représentait l’équivalent de dix jours de travail et actuellement cette même pièce a une valeur de 370 euros. Sachant que le SMIC est de l’ordre de 1 260€ (en 2022), une pièce de 20 francs or équivaut de nos jours à un peu plus de sept jours de travail. Le salaire n’a quasiment pas évolué en 150 ans par rapport à l’étalon or, ce qui est quand même assez curieux ! Cela signifie tout simplement que l’or a gardé sa valeur à travers le temps, mais qu’en est-il du franc ? Si une pièce de 20 francs or a un coût de nos jours de 370€ et sachant qu’un euro équivaut à 6,56 francs, cette même monnaie a actuellement une valeur de 2 427 francs. Par conséquent si l’on calcule le rapport entre la valeur de cette pièce qui était de 20 francs en 1860 et qui actuellement est de 2 427 francs, celui-ci est de 121. Cela veut dire que la valeur du franc en tant que monnaie d’échange a énormément baissé avec le temps, alors que ce n’est pratiquement pas le cas pour l’or. En connaissant les prix à l’époque, on comprend parfaitement l’utilité des pièces de deux centimes et d’un centime et donc de leurs frappes alors que de nos jours, ces mêmes valeurs sont totalement ridicules et elles ne servent absolument à rien ! Avant d’aborder le sujet des monnaies, faisons un petit rappel historique sur l’origine de Napoléon III. Charles Louis-Napoléon Bonaparte qui deviendra Napoléon III est né à Paris en 1808. Son père Louis Napoléon Bonaparte est un des frères de Napoléon. Lorsque celui-ci devient Napoléon Ier, l’Empereur, il place à la tête des nombreux Etats conquis ses frères et sœurs dont son frère Louis Napoléon qui devient en 1806 roi de Hollande. De magnifiques pièces sont frappées à son effigie dont les Rijksdaalder de 1809, des pièces recherchées, magnifiques, particulièrement rares et chères. Dès son plus jeune âge et avec un nom aussi prestigieux qui à l’époque raisonne encore dans l’esprit de tous les Français, il se lance en politique et après un parcours très chaotique, finalement il arrive au pouvoir en 1848 et il y restera jusqu’en 1870 ; son règne durera 22 ans, bien plus que son illustre oncle ! À mon avis, toutes les frappes de Napoléon III sont magnifiques et je comprends l’engouement qu’elles ont suscité à l’étranger. Les pièces en cuivre n’échappent pas à ce constat et les motifs diffèrent par rapport aux monnaies des autres dénominations. L’avers reste inchangé et présente l’effigie de Napoléon III et au revers l’aigle impérial fait son apparition. Le portrait de Napoléon III est d’une noblesse et d’une exécution incomparables, quant à l’aigle, il est majestueux. On ne pouvait attendre moins des graveurs de génie Jacques-Jean Barre et de son fils Albert-Désiré, qui sont parmi les plus grands graveurs français de tous les temps, podium qu’il faut partager avec Augustin Dupré, le graveur de la Révolution et Jean Warin, le graveur des rois Louis. Je dois reconnaître que les frappes des pièces en cuivre de toutes les dénominations sont vraiment très bonnes. D’ailleurs au sujet des monnaies en cuivre, la valeur faciale des deux centimes est frappée pour la première fois, quant aux valeurs de cinq et dix centimes, les dernières frappes datent du premier Empire. Il y a lorsque l’on collectionne les monnaies en bronze une propriété très spécifique à ce métal qui est « l’oxydation » ou disons plutôt la perte de sa couleur d’origine. Alors que l’or ne change absolument pas de couleur quel que soit le milieu, c’est à dire en cas d’humidité, de chaleur… l’argent peut prendre différentes couleurs. Il se patine en bleu, orange, vert… et noir. Quant au bronze, il devient marron, il garde une partie du rouge avec du marron ou il conserve sa couleur rouge d’origine. Avec le temps, le rouge disparaît complètement et il est rarissime de trouver des pièces d’un, cinq, décime, deux décimes de l’époque révolutionnaire avec le rouge intégral et jusqu’à aujourd’hui, PCGS a gradé une seule pièce rouge tous ateliers, années et valeurs confondues. C’est la 5 centimes AN4A petit module (article de Laurent Bonneau de PCGS du BN229), c’est tout simplement incroyable ! Il y aura par conséquent pour les monnaies en bronze et donc pour celles de 10 centimes, trois couleurs de conservation possibles qui sont le marron (BN - BrowN), le rouge/marron (RB- Red Brown) avec différents pourcentages de rouge et LA SÉRIE DE 10 CENTIMES DE NAPOLÉON III À LA TÊTE LAURÉE

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