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Bulletin Numismatique n°233 25 monnaies d’argent et de billon. Le cinquième chapitre s’ouvre sur le retour à « l’Âge d’or » et la vision de Carausius, véhiculée, en particulier dans son monnayage (p. 65-72) avec une référence appuyée sur Virgile. Un autre aspect est abordé avec les Dieux qui inspirent Carausius en Bretagne associant le mélange du Panthéon romain traditionnel à des divinités plus locales (p. 75-93) qui ne sont pas sans rappeler les liens avec l’Empire gaulois et Postume. Une autre vision, plus géographique (p. 94-104), est complétée par un développement sur les ateliers monétaires de Carausius, en particulier l’atelier C sur lequel les chercheurs s’interrogent quant à sa localisation. Outre Londres, le principal, et l’atelier continental (Rouen ?), l’atelier C, longtemps identifié comme Camulodunum dans les ouvrages anciens, n’a pas livré tous ses secrets et pourrait encore réserver quelques surprises (p. 105-107). Le chapitre suivant repose sur l’inviolabilité de la Bretagne et sa résilience face à toute forme d’invasion (p. 108-124). Cette défense, outre maritime et navale, repose sur une série de forts installés le long des côtes qui constitue un maillage indispensable, qui, par deux fois, a été mis à mal par les tentatives de Maximien de reprendre la main sur la Bretagne. Le chapitre suivant fait justement état de ces tentatives (p. 125-130) marquées par la perte des territoires continentaux, l’essai de régularisation de Carausius s’associant à Dioclétien et à Maximien dans le monnayage afin de se donner une légitimité et finalement l’élimination de Carausius par Allectus début 293, au moment ou Dioclétien transforme la Dyarchie en Tétrarchie, par la création de deux Césars chargés de seconder les Augustes. Constance Chlore, le nouveau césar associé à Maximien Hercule, doit reconquérir la Bretagne. Il s’empare d’abord de Boulogne, dernier point d’appui continental des Bretons. C’est sur ce point que débute le chapitre 8 (p. 131143). Si le règne de Carausius est bien référencé, celui de son successeur est plus obscur et moins bien renseigné. Le chapitre suivant repose sur l’invasion de la Bretagne par Constance (p. 144-178), l’éviction d’Allectus qui tombe au combat, l’entrée de Constance Chlore à Londres, immortalisée par le multiple de 10 aurei de l’atelier de Trèves du trésor de Beaurains, toujours unique témoignage métallique de la reconquête. Les deux empereurs britanniques sont voués à la « Damnatio Memoriæ ». La province de Bretagne est totalement réorganisée avec la création d’un Diocèse, composé de quatre nouvelles entités. La reprise de la Bretagne est aussi marquée par le titre que reçut Constance de « Britannicus Maximus ». Cependant de nouveaux événements aux confins de l’Écosse obligèrent le nouvel Auguste, Constance, à retourner en Angleterre où il trouva la mort le 25 juillet 306, laissant à son fils Constantin (César 306-307, Auguste 307-337) le soin de terminer la campagne et qui devait le mener jusqu’à la victoire finale sur les bords du Bosphore ! L’histoire ne s’arrête pas là puisque un Carausius est de nouveau attesté sur les monnaies à l’époque de Constance II (324-337-361) et pourrait avoir détenu le pouvoir sur une partie de la Bretagne entre 354 et 358, l’une des périodes les plus sombres pour l’île avant son abandon par les Romains, au moment de l’usurpation de Constantin III (407/408411). Un dixième et ultime chapitre referme l’ouvrage (p. 179-203) sur la pérennité du mythe engendré par les deux princes bretons au travers de l’histoire anglaise, puis britannique du Moyen Âge au XXe siècle au travers de différents médias sans oublier les grands trésors de monnaies où Carausius et Allectus sont largement représentés, ou encore les découvertes d’aurei des deux princes, qui quand il ne vont pas rejoindre les musées, atteignent des prix stratosphériques dans les ventes insulaires ou mondialisées. L’ouvrage se clôt par une impressionnante bibliographie (p. 203-217) complétée par une liste d’illustrations tout aussi spectaculaire (p. 219-229) avec près de 170 entrées. Un index (p. 231-233) vient refermer l’ouvrage. Vous l’aurez compris, en attendant la parution du RIC V. 2, nous invitons les lecteurs à se procurer le plus rapidement possible cet ouvrage revigorant, documenté et richement illustré. Laurent SCHMITT (ADR 007) * Toutes les pièces présentées dans cet article sont en vente sur la boutique cgb.fr Lr 47 : 69€ LE COIN DU LIBRAIRE, THE REBEL EMPERORS OF BRITANNIA

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