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Bulletin Numismatique n°231 26 Nous n’arrêtons plus d’évoquer la prochaine Live Auction du 6 juin 2023. Nous allons aborder un sujet peu connu du grand public et pourtant ô combien passionnant ! Qui pourrait se douter aujourd’hui que la partie orientale de l’Iran, ainsi que du Pakistan, le nord de l’Inde ou bien encore l’Afghanistan furent sous influence grecque pendant près de trois siècles. Il faut reprendre nos manuels d’histoire de 6e quand Alexandre le Grand partit à la conquête de l’Empire Achéménide (334330-323 avant J.-C) qui le mena jusqu’aux portes de l’Inde où il dut rebrousser chemin avant de mourir à Babylone le 11 juin 323 avant J.-C. Diadoques et Épigones, ses successeurs, s’affrontèrent pendant plus de quarante ans après sa mort afin de récupérer son héritage. Séleucus, un de ses lieutenants, s’empara d’une partie de son empire et en particulier des satrapies orientales, en particulier la Bactriane. Après sa mort, en 280 avant J.-C., ses successeurs essayèrent de maintenir l’unité de l’Empire Séleucide, le plus vaste des héritages macédoniens d’Alexandre. De nombreuses colonies de vétérans furent installées dans les satrapies et diffusèrent la culture et les mœurs grecques dans des régions restées le plus souvent autochtones. Au milieu du IIIe siècle avant J.-C., sous Antiochus II Theos (261-246 avant J.-C.), le satrape de Bactriane, Diodote, fit sécession et se proclama roi. Le royaume Séleucide perdit ainsi une grande partie de ses satrapies orientales. Son fils Diodote II lui succéda et fonda le Royaume de Bactriane qui connut une histoire complexe avec plus de quarante cinq monarques qui se succédèrent jusque vers 10 après J.-C. Antiochus III Megas (223-187 avant J.-C.), lors de son Anabase (212/211-204 avant J.-C.), essaya de récupérer les satrapies orientales et faillit réussir. Finalement, il signa un accord avec Euthydemos Ier (225-200 avant J.-C.), ce dernier lui livrant des éléphants qui furent utilisés ensuite contre les Romains comme à Magnésie du Sipyle en 189 avant J.-C. Si la plupart de la longue liste des rois et reines de Bactriane restent pour la plupart des inconnus sur une grande fresque de l’histoire, l’un d’entre eux, Eucratide Ier (171-145 avant J.-C.), est certainement le plus connu en France. En effet, en 1867, Napoléon III acheta pour 30 000 Francs or l’Eucratidion, la plus grosse pièce de l’Antiquité grecque en or, pesant 169,20 g soit 20 statères attiques et qui est toujours conservé au Musée de la BnF au Cabinet de Monnaies, Médailles et Antiques (CMMA), un des joyaux de ce musée qui compte plus de 650 000 monnaies et vient de rouvrir ses portes après une décennie de travaux et de transformations ! On ne peut évoquer le monnayage de ce royaume sans évoquer les travaux d’Osmund Boeperachchi qui a dressé l’inventaire de ces monnaies conservées au Cabinet des Médailles dans un magistral ouvrage publié en 1991, mais malheureusement épuisé depuis. Le monnayage de la Bactriane ou plutôt des Royaumes Bactriens, car à certains moments nous avons plusieurs monarques régnant ensemble et contrôlant une partie du territoire, fait qu’une instabilité générale caractérise la région aux deux derniers siècles avant J.-C. Les souverains Bactriens, s’ils ont au départ frappé un monnayage conforme aux autres monarchies hellénistiques, très vite se sont distingués par l’adoption de types particuliers marqués par un syncrétisme associant les dieux et symboles grecs à des sujets orientalisant. De la même manière si le monnayage est au départ calqué directement sur le système attique (tétradrachme de 17,00 g) avec ses divisions (de la drachme à l’hemiobole) pour les premiers rois, très vite, dès le règne d’Agathoclès (185-180 avant J.-C.) se mit en place un L’HELLÉNISME AUX CONFINS DE L’ORIENT, LA BACTRIANE

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