cgb.fr

Bulletin Numismatique n°230 46 L’un des 2 exemplaires « 2 feuilles / sans point », avec cassure au revers, visible sur eBay au 24/12/2022 Second exemplaire « 2 feuilles / sans point » avec la cassure complète Au final, le recensement fait apparaître une conclusion assez étonnante : ces frappes sont toutes défectueuses, pour une raison ou pour une autre, et seulement un tiers d’entre elles ne présentent de défaut « que » sur un seul côté de la médaille – les 2 tiers ont des cassures à l’avers et au revers. Ainsi, si l’on récapitule, sur les 14 « deux feuilles », 4 comportent seulement une cassure d’avers, 10 une cassure à l’avers et au revers. Pour les « une feuille », les 11 « à point » ont systématiquement cette marque de revers. Quant aux « sans points », comme on l’a vu plus haut, tous les modèles ont une cassure au revers. Il faut encore évoquer un dernier point quant à la fabrication : nous avons en effet identifié au moins un exemplaire avec une frappe tréflée, à l’exergue – ce qui donne un indice du processus de fabrication, qui a dû se faire par 2 ou 3 frappes, puisque le centre de la médaille, frappé en premier, est net et sans erreur. Il s’agit là d’une originalité, dont l’atelier se serait sans doute bien passé, et qui montre que le processus de fabrication paraît avoir été quelque peu hors de contrôle. Le tréflage de revers est sans doute le plus spectaculaire, on le voit bien sur « Anniversaire », mais plus encore sur le reste de la légende : un autre D, complètement décalé, un phénomène identique sur juillet 1830, et la fleur au bas du module presque complètement distincte. À l’avers, le phénomène est un peu plus discret, mais bien présent, notamment sur « liberté ». La couronne voit surgir des bouts de feuillage supplémentaire. Ces problèmes de fabrication laissent imaginer qu’on a frappé « vite et fort », pour économiser des moyens, et qu’on a privilégié la vitesse à la qualité, peut-être sous la pression de délais très contraints entre la commande et la livraison. Concernant le tréflage, on peut le considérer comme une véritable erreur professionnelle. Dans des circonstances normales, ce type de frappes pour une médaille doit finir au rebut. On n’a rien fait de tel, et on peut se représenter la mine, peut-être un peu déconfite, du récipiendaire, s’il a comparé son exemplaire à ceux de ses voisins de table lors du banquet… Enfin, une dernière surprise, de poids, au sens littéral, se présente à nous. Les données compilées quant à la masse des médailles sont en effet particulièrement étonnantes, pour ne pas dire incohérentes et franchement énigmatiques : alors que les dimensions sont identiques (autour de 32 mm), les écarts sont considérables d’un flan à l’autre. Dans un bref inventaire sur 20 exemplaires11 – mais qui suffit cependant pour se faire une première idée, la gamme de poids s’établit entre 12,4g et 20,4g12, soit un « surpoids » supérieur de plus de 65% (ou un sous-poids de 40%). La médiane est à 16,18g, la moyenne est assez proche à 16,47g, preuve d’une distribution assez éclatée. À noter que cette moyenne ne s’incarne pas dans un modèle type, puisqu’une seule médaille en est assez proche, à 16,34 g. Néanmoins, la donnée est à relativiser puisque la taille de l’échantillon est clairement une limite sur ce point. Si l’on retient l’hypothèse « 2 feuilles / 1 feuille », on obtient une moyenne à 16,15 g pour les « 2 feuilles » et 17,06g pour les « 1 feuille », avec des disparités significatives dans chacune des 2 familles : les variations s’établissent de 12,4 à 20,4g pour la 1re ; de 14,12 à 19,15g pour la seconde. Pour tenter d’expliquer de telles différences, plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu : des flans d’épaisseur différente, un processus de fabrication peut-être variable, avec un nombre de recuits qui change au gré de la production (et donc de la perte de matière), des approvisionnements en métal qui varient… Au final, la question de l’identité de l’atelier de fabrication se pose. Il est possible d’envisager l’hypothèse de l’atelier monétaire de Nantes, mais les nombreuses difficultés de fabrication ne paraissent pas forcément orienter dans cette direction. Il serait envisageable qu’un atelier privé se soit chargé de la fabrication, par exemple la société Charpentier Père fils et Cie. Quoi qu’il en soit, sur ce volet de la production, une contribution des lecteurs de l’article, qui possèdent ce type de médaille est la bienvenue – photo, poids, dimensions. Un enrichissement de la base de données pourrait permettre de mieux comprendre le processus de fabrication. 11 Malheureusement, tous les descriptifs ne sont pas accompagnés de cette donnée, c’est notamment le cas dans les médailles les plus anciennes des archives de CGB. 12 Un exemplaire a été exclu, de 11,1g, car il a été modifié pour être un médaillon, et présente un trou dans le flan. Il est malgré tout dans la fourchette -très- basse de l’échantillon. LES 3 GLORIEUSES À NANTES, LES MÉDAILLES ANNIVERSAIRES DE 1831 ET 1832 ENTRE COMMÉMORATION ET PROPAGANDE POLITIQUE- PARTIE 2

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=