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Bulletin Numismatique n°230 43 Essai particulier pour la pièce de 5 francs de Louis-Philippe, avers, 1830 Tiolier, Nicolas-Pierre, musée Carnavalet, Histoire de Paris Essai particulier pour la pièce de 5 francs de Louis-Philippe, revers, 1830 Tiolier, Nicolas-Pierre, musée Carnavalet, Histoire de Paris En dépit d’un choix étonnant, et même contraire à « l’air du temps », il faut bien concéder qu’elle constitue un repère évident, transparent. Pour ses contemporains, elle rend indubitablement l’interprétation de l’ensemble assez facile. Il y a néanmoins un parti pris intéressant, puisqu’on s’exonère de la représentation du monarque, en rupture des habitudes multiséculaires. Par ce choix, c’est la forme du régime qui est mise en avant, au détriment du souverain personnifié. Le choix est certainement audacieux, sans doute inédit5. Il est aussi permis d’établir une différence assez fondamentale entre les 5 Francs Union et force – républicains, et la médaille nantaise – royale. Dans le premier cas, la Liberté et l’Égalité sont placées sont les auspices d’Hercule, le peuple français, qui apporte sa puissance. Dans le second cas, c’est le roi des Français, désormais dépositaire direct du peuple puisqu’il est élu, qui prête son concours et sa garantie. C’est peut-être ce qui a conduit à évincer le coq, dont la symbolique n’est pas si clairement établie. Il peut tout autant représenter l’État, que la Nation, ou le peuple. Cette polysémie l’a sans doute desservi en l’occurrence6. La couronne de Louis-Philippe est, quoi qu’il en soit, très différente de celle des Bourbons, puisque, fait marquant, on constate l’absence des fleurs de lys – qui font pourtant aussi partie des armoiries des Orléans. En motif ornemental, on peut identifier une croix qui figure au sommet de la couronne. À sa base, outre des pierres précieuses serties, l’ensemble est plutôt constitué de motifs qui ressemblent à des trèfles. Quand on compare la gravure au tableau de 1839, cependant, on ne peut être que frappé par le caractère approximatif 5 Un autre exemple de couronne sans monarque pourrait être les petits décimes napoléoniens ou encore monnaies obsidionales de Strasbourg, en 1814 et 1815, mais à chaque fois les couronnes sont accompagnées du monogramme du souverain, un N ou un L 6 « (…) après la chute de la monarchie, le coq accède presque à un statut de figure emblématique d’État (…). La propagande l’utilise à grande échelle sur de multiples images (estampes, vignettes, médailles, céramique). Cependant, cette utilisation reste souple, empirique. Elle n’est pas vraiment codée ni réglementée comme peut l’être celle de la cocarde ou plus tard, celle du drapeau tricolore. Le coq demeure un emblème libre. En outre, il offre sur les autres emblèmes révolutionnaires l’avantage d’être polysémique, représentant à la fois le pays et la Nation, comme c’était déjà le cas sous l’Ancien Régime, mais aussi le Peuple en armes et l’État vigilant. » PASTOUREAU M, Le coq gaulois, Les Lieux de mémoire III La République, la Nation, les France, p. 4307 de la représentation : l’artiste était suffisamment instruit des différences fondamentales, et l’absence de fleurs de lys en particulier. Néanmoins, il n’avait sans doute pas le modèle sous les yeux au moment de réaliser l’œuvre, car le jeu des erreurs est assez facile à gagner, comme en témoigne la reproduction du tableau, et d’un gros plan sur cet attribut royal, ci-dessous… Pour finir sur le commentaire de l’œuvre, le revers de la médaille est plus simple à analyser. On se bornera à constater son double rattachement, national et local. On parle de la « fête nationale de 1831 », et donc la célébration des 3 glorieuses, sinon dans l’ensemble du pays, du moins à Paris. Néanmoins, Nantes affiche sa particularité puisque la cérémonie est fixée au 30 juillet, postérieurement, évidemment, aux festivités parisiennes. Au final, on ne peut que souligner une certaine puissance allégorique de l’ensemble, en dépit d’une relative simplicité graphique. En fait, la qualité de la composition fait tout l’intérêt de la médaille, ce qui lui permet d’exprimer une part conséquente du programme qui sous-tend la Révolution de 1830. Le partage d’une forme de devise « Liberté Patrie » entre les décorations décidées par ordonnance du roi et la médaille nantaise, le sens des partis pris dévoilent une coordination entre l’artiste, la municipalité et l’État. LA MÉDAILLE DE 1831 – 2 AVERS ET 2 REVERS BIEN DISTINCTS, FRUITS D’UNE PRODUCTION MAL MAÎTRISÉE Cette médaille n’est pas difficile à trouver sur le marché aujourd’hui – elle est manifestement plus accessible que la médaille et la croix de Juillet. Pour se donner une idée, les archives de CGB comportent 12 occurrences de la médaille nantaise, contre aucune pour la croix de Juillet, et une seule pour la médaille de Juillet. Au total, nos recherches entre novembre et décembre 2022 ont conduit à identifier un peu moins d’une quarantaine d’exemplaires, aisément accessibles par internet. Or, il ressort de manière assez évidente des variations d’avers et de revers, que nous illustrons ci-dessous, par 2 médailles que l’on peut trouver dans les archives du site CGB. LES 3 GLORIEUSES À NANTES, LES MÉDAILLES ANNIVERSAIRES DE 1831 ET 1832 ENTRE COMMÉMORATION ET PROPAGANDE POLITIQUE - PARTIE 2

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