cgb.fr

Bulletin Numismatique n°230 27 LIVE AUCTION DU 6 JUIN 2023 : LE STATÈRE D’OR D’ASANDRE, UN SUJET D’ACTUALITÉ ! La prochaine Live Auction de juin 2023, propose pour la première fois un statère d’or d’Asandre, roi du Bosphore. Mais où se trouve ce royaume du Bosphore ? Qui était cet Asandre ? Pourquoi a-t-il frappé des statères d’or et dans quelles conditions ? C’est à ces différentes questions que nous allons essayer de répondre et de faire découvrir un monnayage rare et attachant. À la première question, vous pouvez tous répondre sans hésitation : le Royaume du Bosphore Cimmérien est la région, aujourd’hui russe, au bord de la mer Noire (le Pont Euxin antique), revendiquée par l’Ukraine avec la moderne Crimée et les cités antiques de Panticapée, Phanagoria, Theodosia, Gorgippa ou bien encore Chersonesos plus connue de nos concitoyens à cause de la guerre de Crimée (1853-1856) qui opposa la Russie tsariste de Nicolas I et d’Alexandre II à La France de Napoléon III, la Grande-Bretagne de Victoria I, la Sardaigne de Victor-Emmanuel I ou bien encore l’empire Ottoman, plus connu grâce au siège de Sébastopol (18541855) et à sa station de métro parisienne, et qui prend fin avec le traité de Paris (1856). Les conflits du passé sont souvent les justifications des guerres actuelles. Quant à Asandre, archonte de 48 à 43 avant J.-C., puis roi de 43 à 16 avant J.-C., il est le beau-frère de Pharnace II (6347 avant J.-C.) roi du Pont, le vaincu de Zéla où César aurait eu cette sentence laconique : « Veni, Vidi, Vici » (je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu). Pharnace était lui-même le fils de Mithridate VI du Pont (119-63 avant J.-C.) ennemi irréductible des Romains, finalement vaincu par Pompée, trahi par son fils, Pharnace, obligé de se faire tuer car il n’avait pas réussi à s’empoisonner (Mithridatisé). Pharnace après Zéla essaie de rentrer dans son royaume et est finalement éliminé par Asandre. Cependant Jules César ne reconnaît pas Asandre et lui préfère Mithridate de Pergame son ami, fils adultérin du grand Mithridate. Ce dernier est finalement vaincu et tué en 46 avant J.-C. Après la mort de César, Asandre se déclare roi et sera finalement reconnu roi par les Romains (Marc Antoine et Octave) en 43 ou en 42 avant J.-C. Il traverse les Guerres Civiles qui opposent les assassins de César (Brutus et Cassius) à Marc Antoine et à Octave, puis ensuite les deux précédents. Nous avons peu d’informations sur son règne. Il est cependant déclaré « ami des Romains ». Il a épousé Dynamis, la fille de Pharnace qui lui succède à sa mort, âgé de plus de 90 ans en 17 avant J.-C. Nous avons peu d’informations sur son long règne, mais en revanche, son monnayage, toujours très rare est mieux connu grâce à de rares statères d’or de poids attique réduit (masse théorique de 8,06 g pour 36 exemplaires pesés pour l’ensemble du règne) qui correspond aussi au poids de l’aureus républicain et du début de l’Empire taillé au 1/40 de la livre romaine. Pour l’ensemble du règne, nous avons des pièces frappées entre l’an 1 (47-46 a.c.) et 4 (44-43 a. C.) en tant qu’archonte et surtout des statères avec le titre de roi (basileos) de l’an 4 (44-43 a. C. ) et l’an 29 (19-18 a. C.) sans interruption. Dans la Live Auction de juin, nous vous proposons un statère d’or de 8,24 g avec un diamètre de 19,5 mm et un axe des coins à 1 heure. Il est normalement frappé dans l’atelier de Panticapée comme l’ensemble du monnayage. Au droit, la tête tournée à droite ceinte d’un diadème, rappelle celle de Mithridate VI ou de son fils Pharnace. Au revers, nous avons une Niké (Victoire) debout à gauche sur une proue tenant une couronne et une palme, unique sujet du monnayage d’or et qui évoque peut-être une victoire navale, alors qu’Asandre n’était encore qu’archonte avec la légende : ΒΑΣΙΛΕΩΣ/ ΑΣΑΝΔΡΟΥ, (du roi Asandre). Notre statère porte au revers le chiffre Z (an 7 = 41-40 a. C.) surmontant un monogramme. Notre statère d’or est classé Superbe sur un flan idéalement centré des deux côtés avec un magnifique portrait d’Asandre, bien venu à la frappe, un très joli revers présentant une légère trace de cassure de coin et accompagné d’une jolie patine de collection. Bibliographie : RPC I/ 1849 – MacDonald 197 – HGCS 7/ 201. Un statère est signalé conservé au musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg) Notre exemplaire présente un « pedigree », provenant de la vente CNG (Lancaster) 111 (2019), n° 181 où il avait été adjugé à 11 000$ (+ frais, soit au total 13 000$), mais aussi de la vente Tkalec (Zürich), 2005, n° 56. Nous sommes persuadés que cette pièce très rare (R2) trouvera preneur et ira rejoindre une collection, où elle aura la place qu’elle mérite, sans oublier sa provenance, terre de langue grecque aux confins d’un monde barbare (la Scythie antique), témoin visible entre deux civilisations, relais d’un monnayage entre hellénisme et romanité dans un royaume client de Rome qui conserva son indépendance et son monnayage jusqu’au IVe siècle de notre ère. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT Lh 45 (HGCS 7/) 65€

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=