Bulletin Numismatique n°228 32 Napoléon Bonaparte est une des célébrités les plus étudiées dans notre histoire. Selon J.D. Markham, autorité de la biographie de Napoléon (réf.1), plus de 300 000 livres différents sur Napoléon ont été écrits au cours des deux derniers siècles, un chiffre stupéfiant par rapport à d’autres célébrités du passé. Semblable au grand volume d’œuvres écrites, le portrait de Napoléon a été représenté sur un grand nombre de dessins, peintures et médailles. Malgré une tentative d’effacer l’héritage de Napoléon de la société, effectuée immédiatement après la chute de l’Empereur, les médailles représentant Bonaparte sont devenues des objets de collection dès le début du 19e siècle. Comme déjà mentionné, leur diversité est immense : l’ouvrage de référence de Bramsen (réf.2) compte plus de 2 000 pièces différentes, sans compter les variantes. Cette grande quantité de médailles a eu certainement un début, mais l’identité de la première n’est actuellement pas connue. Il est possible que la première médaille de Napoléon Bonaparte soit un jeton relativement inconnu et encore mal caractérisé. Il s’agit d’une pièce d’un diamètre de 33 mm et d’un poids de ±10 grammes frappée en laiton pour la plupart des exemplaires survivants (un plus petit nombre était fait en étain). Le laiton est un alliage de cuivre et de zinc dont la couleur peut varier du rouge (forte teneur en cuivre), en passant par le jaune doré (alliage le plus couramment utilisé) jusqu’à une couleur argentée (forte teneur en zinc). Des pièces produites avec l’apparition de l’or et de l’argent, mais réalisées avec un budget modeste. Ce type de jeton est mentionné pour la première fois en 1826 dans le livre de J.S. Hennin (sous numéro 767 - réf.3). La même pièce est reprise dans le livre standard des jetons de France de Feuardent (numéro f.13530 - réf.4). Image et description du livre de J.S. Hennin (1826) BUONOPARTE GENERAL EN CHEF DE LA BRAVE ARMEE DITALLIE (sic). Buste du général Bonaparte, en uniforme, à droite ; l’habit est boutonné jusqu’au cou. VOILA SOLDATS VALEUREUX LE FRUIT DE VOS TRAVAUX. Minerve, assise sur un trophée d’armes, tient de la main droite une branche de laurier et une branche de chêne, et s’appuie du bras gauche sur un bouclier orné du faisceau. Au-dessous : 1796 [33mm] Ce jeton a un niveau de rareté R1, c.a.d. le nombre de pièces estimé actuellement existant dans les musées ou dans les collections privées est de l’ordre de 50 à 100. Comme déjà dit, la plupart était frappée en laiton, un plus petit nombre était fait en étain, et il existe de rares exemplaires en argent. Certaines pièces en laiton étaient recouvertes après la frappe d'une fine couche d'argent ou d'or (des pièces saucées). Trois exemplaires en différentes couleurs de laiton sont présentés ci-dessous. Trois exemples de jeton type Hennin 767 (habit boutonné jusqu’au cou) en laiton avec couleurs cuivre, or et argent (laiton argentée - saucée). La seconde pièce est dans la collection du musée Carnavalet, Paris. Hennin mentionne aussi dans son livre une variante (Hennin 768) dans laquelle le manteau de Napoléon a des revers ouverts : « avec la seule différence que les deux revers de l’habit sont ouverts ». Hennin estime que le revers était fait avec le même coin que la variante Hennin 767. La variante Hennin 768 n’est pas reprise dans le livre de Feuardent et est nettement plus rare que le variant Hennin 767. Parce que l'estimation du nombre de pièces encore existantes dans des musées ou dans les collections privées est de l’ordre de 20, on estime que le niveau de rareté de la pièce Hennin 768 est entre R2 et R3. Sauf une pièce en argent, les autres pièces sont faîtes en différentes couleurs de laiton. Le coin de l’avers apparaït identique pour toutes les pièces encore existantes. En plus, deux fractures typiques (une entre l’épaule et BUONO… et une en la lettre F du CHEF et le bord de la piece) sont bien visibles. Trois exemples sont présentés à la page suivante. JETON DE NAPOLÉON BONAPARTE INSPIRÉ SUR UN DESSIN DE GIUSEPPE LONGHI (1796)
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