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Bulletin Numismatique n°228 24 Dans la LIVE AUCTION qui se clôt le mardi 7 mars 2023, vous pouvez découvrir un rarissime denier de Brutus, l’un des assassins de Jules César. Oui, nous évoquons bien Brutus, le fils de Servilia, celui qui se définissait comme un descendant de Brutus l’Ancien, l’instaurateur de la République en 509 avant J.-C. après la chute de Tarquin le Superbe, le dernier roi Étrusque de Rome. Ce même Brutus qui était, peut-être un bâtard, du grand Jules ! Ce dernier, lors des Ides de Mars (15 mars 44 avant J.-C.) en reconnaissant son ami (et non pas son fils adoptif ) lui aurait dit non pas : « Tu quoque, Brute, fili mi ? » (toi aussi mon fils Brutus?) en latin mais plutôt, d’après Suétone (César 1, 82) et Dion Cassius (44, 19, 5), en grec : avant de tomber sous les vingttrois coups de stylets des assassins se serait exprimé en grec : « και συ τεκνον ? » « Toi aussi, mon fils ? » avant de tomber sous les 23 coups de stylets des assassins et de périr aux pieds de la statue de Pompée au Sénat. Né Marcus Junius Brutus en 85 avant J.-C., il changea de nom après l’exécution de son père en 77 avant J.-C. et son adoption par l’oncle de sa mère, Quintus Caepio Brutus, dont il prit le nom. Fils d’une des plus anciennes familles de Rome, ce patricien de vielle souche fut monétaire en 54 avant J.-C. (III VIR A.A.A.F.F., RCV, 397-398 = RRC 433/ 1 et 2). Rallié à Pompée, assassin de son père après que César ait passé le Rubicon en 49 avant J.-C., il fut pardonné par ce dernier après Pharsale (48 avant J.-C.). Nommé gouverneur de Gaule Cisalpine deux ans plus tard, il était préteur urbain au moment de la mort de César. Il rallia la cause des conjurés, croyant à tort ou à raison que le Dictateur perpétuel aspirait à la royauté après le 15 février 44 avant J.-C. Une amnistie générale ayant été proclamée à l’instigation de Marc Antoine, il se brouilla avec ce dernier et fut obligé de quitter Rome et de trouver refuge en Grèce où il reçut un commandement du Sénat après que Marc Antoine ait été proclamé « ennemi public » en 43 avant J.-C. Après la constitution du second triumvirat avec Octave, Marc Antoine et Lépide la même année, il fut déclaré ennemi public. Rallié à Cassius, son beau-frère et lui-même assassin de César et accompagné de nombreux tyrannicides, il affronte les troupes des triumvirs à Philippes lors de deux batailles successives le 3 et le 23 octobre 42 avant J.-C. Cassius se suicide après la première défaite, suivi de Brutus lors du second affrontement. La République a vécu ! Notre denier, de la plus grande rareté, est probablement frappé à Sardes, à l’été 42 avant J.-C. Pesant 3,31 g avec un diamètre de 17,5 mm et un axe des coins à 6 heures, il présente une tête de la Liberté qui n’est pas sans rappeler l’émission de 54 avant J.-C. (RCV 397). La tête est associée au nom de Marcus Servilius, légat des armées républicaines tandis qu’au revers nous trouvons le nom de Brutus ayant reçu le titre d’Imperator associé au trophée. La légende est partiellement ponctuée. Cette pièce a certainement été frappée consécutivement à l’entrevue de Sardes où les deux tyrannicides reçurent le titre d’Imperatores. Outre le denier, nous avons aussi un aureus au même type qui était estimé 600 francs or dans les ouvrages de Cohen et de Babelon à la fin du XIXe siècle. En revanche, H. Cohen n’avait pas recensé le denier qui semble de la plus grande rareté. Notre exemplaire présente un joli portrait de Libertas au droit ainsi qu’un revers agréable, bien venu à la frappe, accompagné d’une patine grise. A/ M. SERVILIVS/ LEG « Marcus Servilius Legatus » (Marcus Servilius Legat) Tête laurée de Libertas (la Liberté) à droite. R/ Q. CAEPIO./ BRVTVS. IMP « Quintus Cæpio Brutus Imperator », (Quintus Caepio Brutus imperator) Trophée militaire, formé d’une cuirasse complète, d’un casque, de deux javelines et de deux boucliers. Cohen I/ - Babelon (Junia) 48 (50f. or) – RRC 505/5 – Sydenham - BMC/RR East, p. 484-485, note 1 – RSC I/ 114, 9a – HCRI 207 (8000$). Vous avez ainsi l’occasion d’acquérir un denier, symbole de l’ultime rayonnement républicain, de l’un des assassins de Jules César, Brutus l’un des derniers représentants de la cause sénatoriale, universellement connu aussi bien dans la littérature, la musique que la peinture, symbole et défenseur de la liberté. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT BRUTUS : UN DENIER POUR L’ASSASSIN DE CÉSAR

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