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Bulletin Numismatique n°227 26 LES MONNAIES DE 40 FRANCS LES PLUS RARES DE L’ATELIER DE PARIS SOUS NAPOLÉON IER En tant que numismate, je pense qu’il est indispensable de connaître dans son domaine de collection quelles sont les monnaies dont les années ou les ateliers sont les plus rares, les types les plus difficiles à trouver et cela est possible à travers la recherche. L’intérêt de cette démarche réside dans le fait que si lors d’une vente aux enchères, une de ces monnaies apparaît, il est alors possible de se positionner. Dans le cas contraire, on risque tout simplement de passer à côté d’une monnaie très rare que vous ne reverrez très probablement jamais par manque de connaissances. Il ne faut pas se fier uniquement aux quantités frappées, bien que ces informations soient fort intéressantes et qu’en toute logique, les plus beaux exemplaires existant de nos jours correspondent aux années dont la frappe a été la plus importante. Un exemple qui vient illustrer cela : la 10 centimes Lindauer de 1914, frappée à un peu moins de 4 000 exemplaires, que l’on pourrait considérer à première vue comme très rare et qui en réalité n’est pas si rare que ça car il y a plus de 40 exemplaires gradés SPL ou FDC (à partir de MS63) et il y a très probablement d’autres exemplaires qui n’ont pas été gradés, ce qui signifie tout simplement que pour 100 exemplaires frappés, il y a de nos jours au moins un exemplaire tout simplement neuf ! Il faut cependant relativiser car cette monnaie est relativement récente et si la quantité que je viens de signaler est si importante, cela est tout simplement dû au fait qu’un rouleau ou plusieurs rouleaux intacts ont été retrouvés récemment. De façon générale, on peut dire que pour certaines pièces après 1900, il arrive que l’on trouve encore de nos jours des rouleaux. Bien évidemment cela n’est pas valable pour toutes les pièces et cela est généralement le cas des monnaies avec une frappe très importante. Ce cas de figure ne se présente pas avec les monnaies antérieures à 1900, ou du moins plus on recule dans le temps et plus ce constat est pertinent. J’ai lu cela fait des années un article de M. Prieur dans lequel il expliquait avoir vu lors d’une visite chez un particulier que les enfants de cette personne jouaient avec des pièces d’un franc de Napoléon Ier, lesquelles provenaient d’un rouleau trouvé dans le grenier familial ; malheureusement ce cas de figure est pratiquement improbable de nos jours. Donc en résumant, les monnaies que l’on trouve de nos jours sur le marché correspondent à 90% ou 95% à ce qui est réellement disponible ; de grandes collections qui dorment depuis des décennies ne sont pas légion et de nos jours retrouver des raretés insignes dans des qualités exceptionnelles est fort improbable. La majeure partie des pièces pas courantes ou rares et de qualité sont gradées, car une monnaie avec un grade élevé se vend toujours mieux que la même pièce non gradée. La grande différence avec les articles publiés cela fait des années dans Numismatique et Change est le fait qu’à l’époque et bien que le grading existait aux USA, en France ce n’était pas du tout le cas et seuls les chercheurs, ainsi que les grands experts savaient quelles monnaies étaient vraiment rares ou très rares selon la qualité. Ayant dispersé de nombreuses collections importantes, des experts comme M. Bourgey ou M. Vinchon avaient acquis les connaissances nécessaires pour déceler les trésors cachés ! Lors de la dispersion de la collection du Roi Farouk au Caire en février 1954, M. Bourgey était présent lors de cette vente, car à l’époque la collection Farouk était probablement la plus belle et il fallait coûte que coûte assister à cette vente car il y avait des merveilles ! De nos jours, tout le monde a accès aux bases de données des maisons de grading PCGS et NGC, ce qui fait qu’avec ces informations, on peut se faire une première idée de la rareté relative des monnaies selon la qualité. À ce sujet, il faut cependant être attentif, car on trouve des monnaies avec des grades élevés qui à mon avis ne méritent pas ce grade dans la mesure où elles ont des stries d’ajustage, elles sont mal frappées. À partir des archives de PCGS et NGC, j’ai relevé le nombre d’exemplaires à partir de MS61, grade à partir duquel une monnaie est à mon avis SUP. Je rappelle que les grades MS63 et MS64 correspondent aux SPL. Je présente ci-dessous le tableau correspondant à cette recherche : Type Qantité frappée MS61 MS62 MS63 MS64 ANXI 226 115 13 6 1 AN12 253 406 17 7 3 4 AN13 251 191 18 12 6 4 AN14 120 821 1 1 1806 196 165 10 10 3 1807(1) 11 665 1 1807(2) 5 548 2 1808 43 765 1 1809 12 761 1 1 1810(3) 1811 1 260 360 34 49 24 6 1812 681 887 4 6 4 4 1813 44 829 2 4 Notes : 1- Correspond au type à la tête nue. 2- Correspond au type à la tête laurée. 3- Etrangement l’atelier de Paris n’a pas frappé de monnaies de 40 francs en 1810. On peut constater en vue de ces résultats les choses suivantes : a- Les plus nombreuses monnaies de qualité se trouvent pour les frappes les plus importantes, ce qui semble parfaitement logique. b- La frappe de l’AN14 avec plus de 120 000 exemplaires et un seul en MS61 et un autre en MS63 est un résultat vraiment étonnant. c- Avec un seul exemplaire, le cas de l’année 1808 est également très particulier.

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