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Bulletin Numismatique n°227 22 LES TÉTRADRACHMES SYRO-PHÉNICIENS : UNE COLLECTION À PART ENTIÈRE Sur la boutique Cgb.fr, lorsque vous ouvrez la boutique « Monnaies Provinciales, » c’est-à-dire celle consacrée aux monnaies romaines qui ne sont pas impériales, frappées principalement dans le monde hellénophone entre la fin de la République et la Tétrarchie (294-313), le tableau de bord de la boutique affiche un chiffre dépassant les 5 000 pièces disponibles. Sur cet ensemble déjà imposant, si vous affinez votre recherche et saisissez la requête « tétradrachme syro-phénicien », vous obtenez un résultat dépassant les 3 500 pièces. Si vous avancez encore dans votre sélection, vous allez découvrir près de 2 500 tétradrachmes pour le seul atelier d’Antioche. Ce chiffre impressionnant peut s’expliquer par les choix d’un homme, Michel Prieur, aujourd’hui décédé (+ 2014) qui fut certainement l’un des plus grands collectionneurs de ce type de monnayage et qui a rédigé, en collaboration avec son épouse Karin, l’ouvrage, encore aujourd’hui de référence, A type corpus of the Syro-Phoenician Tetradrachms and their Fractions from 57 BC to AD 253, publié en 2000, aujourd’hui en voie d’épuisement (il reste moins de vingt exemplaires sur la boutique « Librairie Numismatique »). Donc si vous voulez débuter une collection sur ce sujet, n’attendez pas pour vous le procurer. Si nos connaissances se sont accrues depuis la date de parution de l’ouvrage et ont été complétées par celui de Richard McAlee sur le monnayage d’Antioche en 2007, The Coins of Roman Antioch, augmenté de deux suppléments sans oublier l’ouvrage de Kevin Butcher sur les monnayages de Syrie, Coinage in Roman Syria, en 2004 et les différents volumes du Roman Provincial Coinage (RPC) et sans occulter de nombreuses autres contributions publiées depuis, celui de Michel reste la référence citée dans tous les catalogues de vente, en particulier pour ceux ne figurant pas dans son inventaire qui comportait près de 1 800 numéros avec 1 743 entrées. Ce monnayage débute comme l’indiquait le titre de l’ouvrage de Prieur après que Pompée ait conquis le Royaume de Syrie et l’ait transformé en province en 63 avant J.-C. Si les premiers tétradrachmes ne sont que des adaptations de ceux frappés au nom de Philippe Philadelphe (95/4 – 76/5 av. J.- C.), monarque séleucide, très vite, dès Auguste, Antioche en particulier va avoir un monnayage propre et original, inspiré par le monnayage impérial. La Syrie, province frontière avec le royaume Parthe d’abord jusqu’en 226, puis le royaume Sassanide après cette date, aura pendant toute la période, en particulier pour Antioche, un monnayage autonome, d’abord en argent, puis en billon, avec des caractéristiques de masse et de diamètre héritées des dernières monnaies séleucides. Titre et poids, voire diamètre vont cependant s’amenuiser avec le temps, signe d’un amoindrissement, d’une inflation rampante et d’un affaiblissement général. Pendant les conflits qui opposent les Romains à ses turbulents et puissants voisins que sont les deux dynasties orientales, et plus particulièrement pendant la campagne parhique de Caracalla (215-217), de nombreuses cités vont frapper monnaie de manière momentanée, et parfois sporadique. Ce monnayage riche et varié, non pas pour les types de revers, qui se limitent le plus souvent à l’aigle traditionnel, les ailes ouvertes, tenant dans son bec une couronne et placé sur différents symboles, comporte des marques complémentaires au nombre de près d’une centaine. Au total, ce sont plus de trente cités, outre Antioche, qui ont frappé aux marges du limes oriental dans les provinces, de Cilicie, de Commagène, de Mésopotamie, de Cyrrestique, de Séleucie et Piérie, de Coélé-Syrie, de Phénicie, de la Décapole, de Palestine et de Chypre. Le dernier personnage à avoir frappé monnaie dans ces régions de manière autonome est Uranus Antonin, apparenté à la famille des Sévères, originaire comme Julia Domna et les princesses syriennes, d’Émèse, qui lors de l’invasion de Sapor Ier (Chapour) en 253, essaya de préserver la « Romanité » face à l’envahisseur.

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