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Bulletin Numismatique n°226 33 surmonté d’une couronne ducale, attribut des ducs de Lorraine et de Bar, chefs de la Maison de Lorraine à laquelle appartenait Charles de Remoncourt. Sur les thalers de ce dernier, de même que sur les pistoles et les doubles pistoles en or, l’écusson du prince-abbé est toujours orné de fleurons, à la différence de l’écusson des testons qui n’est pas orné. Figure 2 Sur certains thalers millésimés 1630 et 1638 (qui est peut-être 1630), les fleurons qui ornent l’écusson sont de type ardennais. En effet, ils sont identiques à ceux qui figurent sur des monnaies ardennaises d’Arches-Charleville, de Château-Regnault et de Sedan, florins d’argent de XXX sols, frappés de 1610 et 1615. Ces fleurons de type ardennais furent repris sur les thalers épiscopaux de Verdun de la 1re série frappés à Mangiennes (Meuse) en 1619-1620. EX. : Thaler épiscopal de Verdun, revers (fig.2) Sur tous les autres thalers, millésimés 1630 et 1640, ainsi que non millésimés, les fleurons sont spécifiques à Gorze (fig.3) Figure 3 On remarquera qu’en 1630 on rencontre les deux types de fleurons et que les fleurons ardennais, qui sont minoritaires, se rencontrent aussi sur des thalers non millésimés. On remarquera également que sur les thalers à l’écusson orné de fleurons au type ardennais la couronne ducale est surmontée d’une petite croix de Jérusalem entre deux rosaces, ellesmêmes entourées de deux petits ornements. LA DATATION DES THALERS DE GORZE ET LEUR LIEU DE FABRICATION Pour les thalers millésimés 1630 et 1640, ainsi que 138 (ou 1630), le problème de datation n’existe pas. Pour les autres, la comparaison avec les thalers millésimés 1630 et 1640 permet d’en situer la frappe entre ces deux millésimes. Le décri prononcé à Metz le 30 juillet 1631 frappe un thaler non millésimé parfaitement décrit ce qui prouve qu’à cette date la fabrication de thalers de Gorze 1630 avait déjà cessé18. Si le thaler prétendument millésimé 1638 montre bien cette date, après vérification, il pourrait être contemporain de l’autorisation donnée en 1638 par Louis XIII à la ville de Metz de poursuivre la frappe de ses thalers, de ses florins d’or ainsi que de ses autres monnaies. En ce qui concerne les lieux possibles de fabrication, le village de Gorze est possible, bien que l’abbaye elle-même ait été détruite au XVIe siècle pendant les guerres franco-espagnoles suivies des guerres de religion. Il a été indiqué plus haut qu’un atelier fonctionnant à Pont-à-Mousson au profit de l’abbé de Gorze était une hypothèse plausible. En revanche, il convient d’écarter résolument l’hypothèse d’une fabrication à Nancy évoquée par Robert (p.7) et reprise par Flon (p.773). En dépit de la parenté entre l’abbé Charles de Lorraine-Remoncourt et les ducs de Lorraine, d’abord Henri son demi-frère puis Charles IV son neveu, l’atelier de Nancy ne peut être retenu. D’abord parce que l’aire privilégiée de diffusion des monnaies de Gorze, en dehors du territoire de l’abbaye (les 26 villages), est la ville de Metz, l’évêché de Metz et l’évêché de Verdun, non les duchés de Lorraine et de Bar qui ne connaissent pas le thaler, à la différence du pays messin et de l’évêché de Verdun. Ensuite et surtout parce qu’à la date de fabrication des thalers de Gorze, frappés au marteau, la Monnaie de Nancy utilise depuis trois décennies le rouleau allemand à cylindre : en 1630 on n’y frappait plus au marteau depuis des années ! DEUX DOCUMENTS ANCIENS INTÉRESSANTS Le décri du thaler de Gorze prononcé à Metz le 30 juillet 1631. Ce texte, publié par Robert (p.7), décrit parfaitement le thaler de Gorze frappé de décri suite à un essai de poids et de titre effectué le 27 juillet 1631. Il précise qu’il s’agit « d’une pièce d’argent au coing et armes de monsieur de Gorze à laquelle est empreinte d’un costé l’effigie du dict seigneur avec inscription CAROL. A. LOTH. D. ET. S. S. A G SVPRE. DNX GORZ. A. B. et de l’autre ses armes avec inscription MONETA. ARGENTEA. GORZIA : CVSSA ». Après essai de poids et de titre de cette pièce, il apparaît qu’elle est faible de poids et de titre, d’où son décri. Une seconde pièce, à l’effigie un peu différente, est également essayée. 18 Le texte de ce décri, publié par ROBERT 1870 p.7 indique un second thaler un peu différent de portrait sans préciser s’il était millésimé ou non. Pour le second portrait (grande tête proportionnelle au buste), il existe des variétés de coins. LES RARISSIMES THALERS D’ARGENT DE LA PRINCIPAUTÉ ABBATIALE DE GORZE, FRAPPÉS DE 1630 À 1640

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