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Bulletin Numismatique n°226 32 LES CARACTÉRISTIQUES DES THALERS DE GORZE De même que les espèces d’or et les testons, tous les thalers de Gorze sont frappés manuellement, au marteau, alors que les jetons de Gorze sont frappés au moulin. Leur frappe n’est pas soignée et leur découpe est parfois très irrégulière. Toutefois, ces défauts n’ont pas empêché leur circulation, tous les exemplaires aujourd’hui répertoriés montrant des traces d’usure. Si l’on considère que les thalers de Gorze devaient être alignés sur ceux de la ville de Metz13, ils auraient dû peser au moins 28,5g et être au titre d’au moins 10 deniers de fin. Or ils montrent le plus souvent un déficit de poids d’un gramme et surtout une faiblesse de titre de l’ordre de 2 deniers et demi. D’où la raison de leur décri à Metz le 30 juillet 1631. Ce sont des monnaies d’argent à bas titre, inférieur à celui des thalers de Verdun émis de 1619 à 1621 qui étaient à 9 deniers de fin (750 millièmes). Le titre effectif des thalers de Gorze est ainsi très faible, variant entre 600 et 700 millièmes, souvent un peu supérieur à 600. On distingue 3 types de légendes à l’avers : sur les exemplaires millésimés 1630 ainsi que sur celui millésimé 1638 (Flon, t.II, p.775 n°9), qui est peut-être de 163014, on lit : « rosace CAROLVS. A. LOTH. D. ET. S. S. A. G. SVP. DNS. GORZ. A » sur les autres exemplaires, non millésimés, on lit : « rosace ou croix CAROLVS. A. LOTH. D. ET. S. S. A. G. SVPRE. DNS. GORZ. AB » ou bien : « .CAROL. A(.) LOTH. D. ET. S. S. A. G. SVP. DNS. GORZIENS. AB ». Ces exemplaires sont très proches. Selon le cas on a SVP au lieu de SVPRE et GORZIENS au lieu de GORZ. Sur l’exemplaire millésimé 40 pour 1640, le millésime 40 vient après AB tandis qu’on lit, comme précédemment, SVPRE accompagné de GORZ au lieu de SVP et GORZIENS. Dans tous les cas ci-dessus, on a affaire à des abréviations. La lecture de la légende complète est la suivante : « CAROLVS. A. LOTHARINGIA. DEI. ET. SANCTI. SEDIS. APOSTOLICAE. GRATIA. SVPREMVS. DOMINVS. GORZIENSIS. ABBAS », que l’on peut traduire par : « CHARLES. DE. LORRAINE. PAR. LA. GRACE. DE. DIEU. ET. DU. SAINT. SIEGE. APOSTOLIQUE15. SEIGNEUR. SOVVERAIN. DE. L’ABBAYE. DE. GORZE. On distingue 3 types de légendes au revers : 13 Il faut prendre pour référence les thalers de Metz (qui circulaient) plutôt que ceux de Nancy (monnaies de prestige qui ne circulaient pas). 14 Voir nos observations plus loin sur cette pièce qui a peut-être été mal lue par D. FLON, d’autant qu’elle est mal frappée avec tréflage à la frappe et médiocrement photographiée. 15 Le Saint Siège Apostolique est une formule appropriée pour qualifier le pape qui siège à Rome, au Vatican aujourd’hui après avoir possédé des Etats Pontificaux en Italie ainsi qu’Avignon et le Comtat Venaissin en France (jusqu’à la Révolution). On corrigera à cet égard les erreurs de lecture et de traduction de D. FLON 2002 (t.II, p.773). Sur les exemplaires millésimés 1630 et 1638, on lit : « ^SMONETA rose16 ARGENTEA rose GORZIAE rose CVSA ». Sur les exemplaires non millésimés, on lit : « MONETA rose ARGENTEA rose GORZIAE rose CVSA » ou bien : « MONETA. ARGENTEA. GORZIENSIS. CVSSA. » Sur l’exemplaire millésimé 40 pour 1640, on lit : « MONETA. ARGENTEA. GORZIENSIS. CVSSA. » Nous constatons donc deux façons différentes d’écrire (de) GORZE : GORZIAE et GORZIENSIS. Robert n’explique pas la raison de ces deux formules. Nous avons vu plus haut que l’expression « abbé de Gorze » s’écrivait en latin GORZIENSIS. ABBAS et Robert publie (p.14) un « timbre sec ou un fer à reliure, conservé à Nancy, au musée lorrain et qui reproduit nettement les armes de Charles de Remoncourt telles qu’elles devaient être » : on y lit parfaitement « ABBAS. GORZIENSIS.1609 ». Peut-être Charles de Remoncourt disposait-il de deux ateliers monétaires distincts sur le territoire abbatial composé des 26 villages précités : l’un à Gorze même (d’où GORZIAE) et un autre dans l’un des 25 villages du territoire abbatial, distinct de Gorze (d’où GORZIENSIS). Robert (p.7) évoque l’éventualité d’une frappe à Nancy, ce que j’exclus pour les raisons exposées plus loin. Flon (t.II, p.773) évoque Pont-à-Mousson ce qui paraît beaucoup plus vraisemblable17. On distingue 2 types de portraits, tous toujours tournés à droite : Les exemplaires millésimés 1630 et 1638 (si ce dernier est bien de 1638 et non de 1630) montrent une petite tête du prélat, émergeant d’un grand buste ; Les exemplaires non millésimés et l’exemplaire millésimé 40 pour 1640 montrent une grande tête posée sur un buste de dimension comparable. Sur tous les exemplaires, millésimés ou non, le prince-abbé Charles de Lorraine-Remoncourt apparaît barbu et moustachu, à la mode de l’époque, sans collier de barbe. Il est vêtu d’un camail à capuchon, fermé par des boutons, d’où sort un grand col plat, également à la mode de l’époque. On distingue 2 types d’ornements autour de l’écusson de l’abbé aux armes de Lorraine brisées. Cet écusson montre les armes de Lorraine pleines aux 9 quartiers : Hongrie, Naples-Sicile, Jérusalem, Aragon, Anjou, Gueldre, Juliers et Bar avec, sur le tout, un petit écusson aux trois alérions qui est de Lorraine. Une grande brisure de bâtardise traverse le tout, de l’Anjou à l’Aragon. L’écusson est 16 SCHULTESS-RECHBERG 1846 n°5179, pp. 356-357, indique deux roses après MONETA. Il s’agit sans doute d’une erreur de lecture de sa part ou de son imprimeur. 17 Au XVIe siècle, les abbés de Gorze furent à l’origine de la création de l’Université de Pont-à-Mousson et FLON 2002 p.773 évoque l’existence d’un atelier monétaire à Pont-à-Mousson, beaucoup plus proche de Metz que de Nancy. LES RARISSIMES THALERS D’ARGENT DE LA PRINCIPAUTÉ ABBATIALE DE GORZE, FRAPPÉS DE 1630 À 1640

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