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SOMMAIRE ÉDITO CE BULLETIN A ÉTÉ RÉDIGÉ AVEC L’AIDE DE : Éditeur : cgb.fr ▪ 36 rue Vivienne 75002 Paris ▪ Directeur de la Publication : Joël CORNU Infographie : Emilie TEULIERE - Eric PRIGNAC • Hébergement : OVH ▪ 2 rue Kellermann 59100 Roubaix Ne peut être vendu ▪ ISSN : 1769-7034 ▪ Version pdf ▪ contact : presse@cgb.fr Pour recevoir par courriel le nouveau Bulletin Numismatique, inscrivez votre adresse électronique à : http://www.cgb.fr/bn/inscription_bn.html. Vous pouvez aussi demander à un ami de vous l’imprimer à partir d’internet. Tous les numéros précédents sont en ligne sur le site cgb.fr et peuvent être téléchargés à http://www.cgb.fr/bn/ancienbn.html. L’intégralité des informations et des images antérieures contenues dans les BN est strictement réservée et interdite de reproduction mais la duplication d’un BN dans sa totalité est possible et recommandée. 224 Bulletin Numismatique Novembre 2022 J’en ai toujours été convaincu, le partage de l’information alimente la discussion et débouche même quelquefois sur de belles synergies. Les différentes éditions du Franc en sont de parfaits exemples tant elles sont le fruit d’une réelle coopération entre CGB et l’association des Amis Du Franc. Nous confrontons nos idées, certes teintées par les enjeux de notre profession, à celles défendues par les passionnés chercheurs-historiens des Amis Du Franc. La confrontation, lorsqu’elle vise à échanger des idées et des opinions, ne peut être que profitable. À l’inverse, l’absence de confrontation des points de vue fait le terreau idéal des incompréhensions de tous ordres. Il est donc important de pouvoir conserver ces lieux d’échange et de partage de l’information qu’incarnent le Bulletin Numismatique, les associations numismatiques ou encore les salons. Les contributeurs du Bulletin Numismatique, tout comme ses lecteurs, sont aujourd’hui plus nombreux et plus diversifiés qu’auparavant. Autrefois principalement rédigé par quelques membres de l’équipe de CGB, le Bulletin Numismatique attire aujourd’hui des auteurs-contributeurs de tous âges. Dans une démarche d’ouverture sur le monde extérieur, sa rédaction désormais démocratisée doit également s’enrichir de contributions d’auteurs étrangers. On ne peut rester replié sur soi lorsqu’on a à cœur de promouvoir sa culture, son patrimoine numismatique. Exporter la connaissance de son patrimoine est un vaste travail qui ne peut se faire sans l’union des connaissances. Plus qu’une réalité, les divergences de vue sont une source d’enrichissement. Elles ne peuvent et ne doivent jamais affaiblir la passion commune qui anime les chercheurs et les collectionneurs numismates. Joël CORNU ADF - AcSearch - The Banknote Book - Biddr.ch - Bidinside - Jean-Luc BINARD - Yves BLOT - Laurent Bonneau - Christian CHARLET - Guy CHASSAGNARD - Joël CORNU - Jean-Marc DESSAL - Emax.bid - Heritage - Le Coin Collection - PCGS Paris - Thomas numismatics - Laurent SCHMITT - la Séna - SFERRAZZA Agostino - Philippe THÉRET - Numisbids - the Portable Antiquities Scheme 3 PANNEAU D’AFFICHAGE 4-6 DÉPOSER / VENDRE AVEC CGB NUMISMATIQUE PARIS 8-9 RÉSULTATS LIVE AUCTION BILLETS OCTOBRE 2022 10-11 HIGHLIGHTS LIVE AUCTION DÉCEMBRE 12 LES BOURSES 13 NOUVELLES DE LA SÉNA 14 LE COIN DU LIBRAIRE, MONNAIES ROYALES FRANÇAISES DE LOUIS XI À HENRI IV 1461-1610 15 LE COIN DU LIBRAIRE MAZARIN, ROME ET L’ITALIE (2E PARTIE) 16-19 THÉODORIC, FLAVIUS TEODORICUS 20-22 LA SECONDE ÉDITION DE « LA PETITE HISTOIRE DES MONNAIES » (SEGNAT) 23 DE L’USAGE DE LA MONNAIE 24-29 LE RARISSIME FLORIN D’OR VERDUNOIS DE LA PRESTIGIEUSE COLLECTION FERNAND DAVID : UNE VARIÉTÉ INÉDITE RETROUVÉE ? 30 JETON DES ETATS DE LANGUEDOC VARIANTE 1728 (DEPEYROT 179 VAR) 31 LA 100 FRANCS OR DE LUCIEN BAZOR DE 1935/1936 32-34 LES ERREURS MONÉTAIRES SOUS LOUIS-PHILIPPE VUES PAR LES ARCHIVES 35-39 LES 5 FRANCS UNION ET FORCE DANS LA NOUVELLE ÉDITION DU FRANC POCHE 39 EST-CE L’OR DE VENDRE ? 40 NEWS DE PCGS EUROPE 41-43 100 FRANCS MERSON 1939 : LA TROUVAILLE Q.63938. 44-47 INTERNET AUCTION BILLETS NOVEMBRE 2022 48-49 CONGRÈS INTERNATIONAL DE NUMISMATIQUE. CRACOVIE AVANT VARSOVIE ! 50 NOS ÉDITIONS

HERITAGE AUCTIONS www.ha.comDALLAS - USA Contact aux Pays-Bas : Heritage Auctions Europe Jacco Scheper : jaccos@ha.com Tél. 0031-627-291122 Contact en France : Compagnie-de-la-bourse@wanadoo.fr Tél. Paris 01 44 50 13 31 VOICI NE SÉLECTION DE NOTRE VENTE À NEW YORK, METTEZ VOS PIÈCES DANS NOTRE PROCHAINE VENTE ! VENDU POUR $ 19.200 VENDU POUR $ 11.400 VENDU POUR $ 102.000 VENDU POUR $ 57.600 VENDU POUR $ 38.400 VENDU POUR $ 31.200 VENDU POUR $ 26.400 VENDU POUR $ 108.000 VENDU POUR $ 72.000 VENDU POUR $ 31.200 VENDU POUR $ 163.000 DE NOTRE VENTE À CHICAGO, MAI 2022

Bulletin Numismatique n°224 3 PANNEAU D’AFFICHAGE

Bulletin Numismatique n°224 4 DÉPOSER / VENDRE AVEC CGB NUMISMATIQUE PARIS LES DIFFÉRENTS DÉPARTEMENTS NUMISMATIQUES Joël CORNU P.D.G de CGB Numismatique Paris Responsable de l’organisation des ventes Monnaies modernes françaises - Jetons j.cornu@cgb.fr Marie BRILLANT Département antiques marie@cgb.fr Arnaud CLAIRAND Département royales françaises (carolingiennes, féodales, royales) et mérovingiennes clairand@cgb.fr Pauline BRILLANT Département monnaies du monde monnaies royales pauline@cgb.fr Alice JUILLARD Département médailles alice@cgb.fr Marielle LEBLANC Département euros marielle@cgb.fr Laurent VOITEL Département monnaies modernes françaises laurent.voitel@cgb.fr Benoît BROCHET Département monnaies modernes françaises benoit@cgb.fr Laurent COMPAROT Département monnaies du monde et des anciennes colonies françaises laurent.comparot@cgb.fr Jean-Marc DESSAL Responsable du département billets jm.dessal@cgb.fr Agnès ANIOR Billets france / monde agnes@cgb.fr Fabienne RAMOS Billets france / monde Organisation des ventes et des catalogues à prix marqués fabienne@cgb.fr C'est décidé, vous vendez ou vous vous séparez de votre collection ou de celle de votre grand-oncle ou arrièregrand-père ! L'équipe de spécialistes de CGB Numismatique Paris est à votre service pour vous accompagner et faciliter vos démarches. Installée rue Vivienne à Paris depuis 1988, l'équipe de CGB Numismatique Paris est spécialisée dans la vente des monnaies, médailles, jetons et billets de collection de toutes périodes historiques et zones géographiques. Deux solutions vous seront alors proposées par notre équipe : l'achat direct ou le dépôt-vente. Les cas des ensembles complets, trésors et découvertes fortuites sont, eux, traités à part. Concernant les trésors, consultez la section du site www.Cgb.fr qui y est consacrée : http://www.cgb.fr/tresors.html. PRISE DE RENDEZ-VOUS Vous souhaitez déposer/vendre des monnaies, médailles, jetons et billets ? Rien de plus simple. Il vous suffit de prendre contact avec l'un de nos numismates : • par courriel (contact@cgb.fr) en joignant si possible à votre envoi une liste non exhaustive de vos monnaies, médailles, jetons, billets ainsi que quelques photos/scans représentatifs de votre collection. • en prenant rendez-vous par téléphone au 01 40 26 42 97. Nous vous conseillons vivement de prendre rendez-vous avant de vous déplacer en notre comptoir Parisien (situé au 36 rue Vivienne dans le 2e arrondissement de Paris) avec le ou les numismates en charge de la période de votre collection. • en venant à notre rencontre lors des salons numismatiques auxquels les spécialistes de CGB Numismatique Paris participent. La liste complète de ces événements est disponible ici : http://www.cgb.fr/salons_numismatiques.html. Dans des cas très spécifiques, nous sommes susceptibles de nous déplacer directement auprès des particuliers ou professionnels afin d'effectuer l'inventaire de leur collection. DÉPÔT-VENTE CGB Numismatique Paris met à la disposition des personnes qui souhaiteraient déposer leurs monnaies, médailles, jetons et billets trois solutions de vente différentes : • à prix fixe sur les différentes boutiques en ligne du site www.cgb.fr avec possibilité d’intégration dans un catalogue papier de vente à prix marqués. Seuil minimum de valeur des monnaies, médailles, jetons et billets : 150 € par article. • en INTERNET AUCTION pour les monnaies, médailles, jetons et billets de valeur intermédiaire. Durée de la vente trois semaines, uniquement sur internet (www.cgb.fr), avec une clôture Live (ordres en direct le jour de la clôture de la vente à partir de 14h00). Valeur minimale des monnaies, médailles, jetons et billets mis en vente : 250 €. • en LIVE AUCTION. Vente sur internet (www.cgb.fr) avec support d’un catalogue papier, s’étalant sur quatre semaines et clôturant par une phase finale dynamique, la Live (ordres en direct le jour de la clôture de la vente à partir de 14h00). Vente réservée aux monnaies, médailles, jetons et billets estimés à 500 € minimum. Les monnaies, médailles, jetons font l'objet d'un catalogue spécifique, de même pour les billets de collection.

Bulletin Numismatique n°224 5 DÉPOSER / VENDRE AVEC CGB NUMISMATIQUE PARIS UNE GESTION PERSONNALISÉE ET SÉCURISÉE  TRANSPARENCE  ACCESSIBILITÉ  SÉCURITÉ GARANTIE  100% FIABILITÉ 0 FRAIS DEMANDÉS LORS DE LA MISE EN VENTE RÈGLEMENT PAR VIREMENT BANCAIRE UNE EXPOSITION OPTIMALE DES OBJETS MIS EN VENTE CGB ÉTAIT PRÉSENT À • Ventes (e-auctions hebdomadaires, Internet Auction et Live Auction) en ligne sur les plates-formes de vente internationales : Numisbids, Sixbid, Bidinside, Emax.bid, Biddr.ch. • Valorisation de vos monnaies, médailles, jetons et billets sur notre site internet www.cgb.fr auprès de la communauté des collectionneurs via les mailing listes (newsletters) envoyées quotidiennement. • Accès à une clientèle de collectionneurs au niveau mondial : site Cgb.fr accessible en sept langues (français, anglais, allemand, espagnol, italien, russe et chinois), catalogues à prix marqués et ventes Live Auction traduits en anglais, présence de CGB Numismatique Paris lors des plus grands salons internationaux (Berlin, Kuala Lumpur, Hong Kong, Maastricht, Moscou, Munich, New York, Paris, Tokyo…). • Consultation des monnaies, billets, jetons et médailles disponibles sans limite de temps dans les archives de CGB Numismatique Paris et sur les sites de référencement de vente comme AcSearch.

Bulletin Numismatique n°224 6 DÉPOSER / VENDRE AVEC CGB NUMISMATIQUE PARIS CALENDRIER DES VENTES 2022 VENTES INTERNET AUCTION ET LIVE AUCTION MONNAIES (Antiques, Féodales, Royales, Modernes françaises, Monde, Jetons, Médailles) Live Auction décembre 2022 (avec support de catalogue papier) Date limite des dépôts : samedi 08 octobre 2022 date de clôture : mardi 06 décembre 2022 à partir de 14:00 (Paris) Internet Auction janvier 2023 Date limite des dépôts : mardi 20 décembre 2022 date de clôture : mardi 24 janvier 2023 à partir de 14:00 (Paris) Live Auction mars 2023 (avec support de catalogue papier) Date limite des dépôts : samedi 07 janvier 2023 date de clôture : mardi 07 mars 2023 à partir de 14:00 (Paris) VENTES INTERNET AUCTION ET LIVE AUCTION PAPIER-MONNAIE (Billets France, Monde, Anciennes Colonies françaises et Dom-Tom) Internet Auction Billets novembre 2022 DÉPÔTS CLOTURÉS date de clôture : mardi 22 novembre 2022 à partir de 14:00 (Paris) Live Auction Billets janvier 2023 (avec support de catalogue papier) Date limite des dépôts : vendredi 14 octobre 2022 date de clôture : mardi 03 janvier 2023 à partir de 14:00 (Paris) Internet Auction février 2023 Date limite des dépôts : vendredi 16 décembre 2022 date de clôture : mardi 21 février 2023 à partir de 14:00 (Paris)

RÉSULTATS Prix réalisés + 10% HT de commission acheteur Octobre 2022 LIVE AUCTION 4570261 Épreuve 5000 Francs Henri IV 1957 F.49.00Ed 2 128 € 4570186 20 Francs Noir 1875 F.09.02 5 824 € 4570019 500 Francs Algérie 1926 P.082 3 304 € 4570241 Épreuve 500 Francs La Paix 1940 F.32.00Ed1 1 982 € 4570256 5000 Francs Flameng 1918 F.43.01 10 080 € 4570065 67E P Q 5 Francs Antilles Françaises 1964 P.07b 2 184 € 4570103 10 Rupees Ceylan 1954 P.055 2 016 € 4570275 Épreuve 100 Nouveaux Francs Bonaparte 1959 F.59.00Ed 3 024 €

RÉSULTATS Prix réalisés + 10% HT de commission acheteur Octobre 2022 LIVE AUCTION 4570572 10 Shillings Rhodésie du Sud 1951 P.09f 2 506 € 4570529 50 Gulden Nouvelle Guinée Néerlandaise 1954 P.14a 1 512 € 4570489 66E P Q Annulé 500 Francs Lyautey Maroc - non émis -1951 P.45As 1 288 € 4570325 Petit numéro 200 Francs Eiffel 1995 F.75.01A 2 139 € 4570666 Épreuve 1000 Dinara Yougoslavie 1919 P.020p 9 184 € 4570629 25000 Gulden Surinam 2000 P.154 1 260 € 4570664 Spécimen 1000 Dong Viet Nam Sud 1975 P.34As 1 568 € 4570083 Spécimen 20 Leva Bulgarie 1999 P.118s1 1 512 €

HIGHLIGHTS LIVE AUCTION Décembre 2022 Clôture le 6 décembre 2022 fme_771635 Médaille de récompense, Société de Secours 5 000 € / 10 000 € fwo_696189 10 Cash Hunan 1902 5 000 € / 10 000 € fjt_751002 Jeton d’assurance L'Etoile - Grêle 1 500 € / 3 000 € brm_781083 Aureus de Tibère 5 500 € / 12 000 € fwo_780089 Salut d’or de Charles II 2 500 € / 4 000 € bry_733408 Louis d’or aux insignes, 2e type, 1716 Tours 8 000 € / 12 000 € bry_780501 Double louis d’or à la mèche longue, à deux rubans 1640 A 4 500 € / 7 000 € bmv_773300 Triens de Clovis II 5 000 € / 15 000 € bgr_781770 Tétradrachme d’Alexandre Le Grand 3 000 € / 5 000 €

HIGHLIGHTS LIVE AUCTION Décembre 2022 Clôture le 6 décembre 2022 bfe_770245 Écu d’argent Charles III de Lorraine 3 000 € / 6 000 € bgr_743830 Shekel de Judée – 1re Révolte 5 500 € / 8 000 € bry_772939 Louis d'or à l'écu, type définitif 1692 Amiens 3 000 € / 5 000 € brm_766075 Aureus de Claude 8 000 € / 15 000 € brm_779857 Aureus de Trajan 4 400 € / 7 500 € fmd_622599 1 franc Charles X, tranche cannelée 1830 A 1 500 € / 3 200 € bca_781124 Denier au portrait de Louis IV 6 000 € / 15 000 € bga_694137 Statère au « monstre griffu » 7 500 € / 15 000 € bry_772924 Double louis d’or à l’écu à la tranche cordonnée 1690 A 4 000 € / 7 000 € fme_705486 Médaille, Couronnement d’Alexandre III et Maria Feodorovna 500 € / 1 000 €

Bulletin Numismatique n°224 12 LES BOURSES Collectionnant les monnaies de 5 francs et 2 francs de Napoléon 1er (frappes courantes, flan bruni et essais) ainsi que les napoleonides en argent de haute valeur faciale, je suis toujours à la recherche de très belles pièces comme celle ci-dessous et je paye en conséquence. Si vous avez de très belles monnaies dont vous voulez disposer, n’hésitez à me contacter, nous arriverons toujours à un accord et nous serons tous gagnants. Yves BLOT 06.52.95.61.96 - 04.13.63.77.40 yvblot@hotmail.com

Bulletin Numismatique n°224 13 NOUVELLES DE LA SÉNA La SENA vous invite à assister en présentiel et en distanciel (*) à la Monnaie de Paris (salle pédagogique, 11 Quai de Conti, 75006 Paris) le vendredi 4 novembre 2022 à 18 h à la conférence : La Circulation monétaire en Champagne de l’époque gallo-romaine au bas moyen âge et le travail muséographique contemporain illustrés par un don au musée municipal de St Dizier. Par Bruno Jané, Stéphane Lahierre, Bluenn Boulangé et Marie-Laure Le Brazidec Le musée municipal de Saint-Dizier a entrepris le travail de récolement, d’étude sanitaire, de restauration et de reconditionnement de sa collection numismatique de 2014 à 2021. Le fonds se compose d’un peu plus de neuf-cents monnaies, médailles, jetons et papier-monnaie (assignats, billets de nécessités, etc.) auquel est associé le fonds sigillographique (matrices, empreintes de sceaux et moulages). L’un des moments forts de ce chantier de récolement fut le legs au musée de la collection des objets archéologiques d’Yvon Gaillet (19312015). Ce don enrichit judicieusement la collection numismatique du musée municipal de Saint-Dizier. En effet, les cinquante-neuf monnaies de cette donation permettent d’illustrer et de conforter les hypothèses concernant l’histoire de la circulation monétaire de la Haute-Marne entre le Ier siècle av. J.-C. et le XVe siècle ap. J.-C. (*) les codes de connexion seront fournis ultérieurement (courriel : president@sena.fr) PRÉSENCE DE LA SÉNA * le dimanche 30 octobre au 43e salon numismatique de l’Association Numismatique du Centre, Espace Béraire, 12 rue Nationale, 45380 LA CHAPELLE ST MESMIN * le dimanche 6 novembre au 3e salon de l’Amicale Numismatique Rémoise, Salle des Fêtes Guy Hallet, rue Croix Cordier, 51430 TINQUEUX * le dimanche 20 novembre aux 48e rencontres numismatiques du Cercle Numismatique de Nice, Hôtel Splendid, 50 boulevard Victor Hugo, 06000 NICE

Bulletin Numismatique n°224 14 Monnaies royales françaises de Louis XI à Henri IV 1461-1610, par Stéphan SOMBART, Editions Victor Gadoury 2022. Depuis plus de trois décennies, le talentueux numismate Stéphan Sombart nous fait profiter de ses écrits, toujours dignes d’intérêt. Dès la fin de ses études supérieures à l’Université il nous livrait le résultat de ses remarquables recherches sur l’atelier monétaire de Reims dont il est originaire (1989). Puis, en tant que membre de la Société française de numismatique, il nous donnait en 1994 un excellent article sur l’atelier monétaire d’Amiens dans la Revue numismatique. Après avoir exercé pendant plusieurs années dans l’enseignement secondaire comme professeur d’histoire titulaire du CAPES, il devenait numismate professionnel, d’abord chez CGB puis à iNumis qu’il fonda et dirigea pendant quatorze années jusqu’au début de l’année 2021. À ce titre, on lui doit 51 catalogues de VSO iNumis dans lesquels il fit preuve de ses amples et variées connaissances. Depuis le printemps 2021, Stéphan Sombart est en charge des catalogues de la maison MDC (Monnaies de Collection) à Monaco (Monte-Carlo, Carré d’or) que dirige Nicolas Gimbert, fils du numismate marseillais Marc Gimbert. On sent sa patte dans les trois derniers catalogues. En 1997, Stéphan avait publié aux Editions des Chevau-Légers (Cgb.fr) un excellent ouvrage intitulé FRANCIAE IV consacré aux monnaies de François Ier à Henri IV. Ce livre venait remplacer le tome II du Lafaurie-Prieur, Les monnaies des rois de France de François Ier à Henri IV. Par le présent ouvrage, qui vient 25 ans plus tard, non seulement Stéphan corrige et complète FRANCIAE IV, désormais bénéficiaire d’une nouvelle présentation, mais il y ajoute les monnaies de Louis XI à Louis XII. C’est heureux car il s’agit d’une période historique intermédiaire entre le Moyen Âge, qui a cessé d’exister en 1453 et 1515 date de l’avènement de François Ier. Les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII sont marqués par le rattachement à la France de grandes provinces (Dauphiné, Provence, Bretagne) ainsi que par le début des guerres d’Italie. L’ouvrage qui contient 304 pages, est présenté à l’américaine, c’est-à-dire à la pièce, selon la formule adoptée par Victor Gadoury en 1973. Toutes les photos des monnaies (excellentes, très lisibles) sont en couleurs. Une bonne bibliographie ainsi qu’un guide d’emploi, une explication des états de conservation, une analyse des types et des portraits précèdent le catalogue. Les informations relatives aux monnayages posthumes sont les bienvenues. Une trentaine de pages est consacrée, atelier par atelier, aux différents monétaires des maîtres et des graveurs. La page 10, qui précède cette liste, explique comment lire une monnaie royale, à partir de la photo d’un franc d’argent de Henri III : le texte est très clair et précis, facile à lire. Pour chaque règne, une belle photo en couleur du roi, réalisée à partir d’un tableau d’époque, introduit le catalogue proprement dit des monnaies, qui est précédé d’un bon historique ainsi que de la liste des ateliers monétaires assortis de leurs différents (points secrets, lettres, symboles). Les monnaies figurant au catalogue sont ensuite décrites selon le métal (cuivre, billon, argent, or) et leur valeur à l’époque. Elles sont cotées en 3 estimations : TB, TTB, SUP. Des indices de rareté de C (commun) à R5 (rarissime) les accompagnent, ainsi que les poids et les titres officiels. Les références à Jean Duplessy (Monnaies royales 1988-1989) sont indiquées de même que les études spécifiques publiées dans la Revue numismatique (RN), le Bulletin de la Société française de numismatique (BSFN) et les Cahiers numismatiques de la SENA, voire d’autres publications. Au total, pour les neuf règnes de Louis XI, Charles VIII, Louis XII, François Ier, Henri II, Charles IX, Henri III, Charles X (prétendant) et Henri IV, ce sont 618 numéros qui sont étudiés. Le règne de François II n’est pas représenté, ce roi « météorique » n’ayant pas battu de monnaies françaises à son nom mais seulement des monnaies franco-écossaises avec son épouse Marie Stuart. L’ouvrage est très clair, très bien présenté et agréable à lire. L’origine des photos est indiquée, ainsi que, lorsqu’ils sont disponibles, des chiffres de fabrication. Une belle réussite pour mon ami Stéphan qui montre le chemin que cet authentique numismate a parcouru depuis une trentaine d’années en réussissant à concilier la qualité de chercheur et auteur avec celle de numismate professionnel dont les contraintes sont connues. Stéphan, mieux que personne, a su mettre en pratique le célèbre adage de Virgile (Géorgiques) : Labor omnia vicit improbus, « un travail acharné vient à bout de tout » Christian CHARLET Editions Victor Gadoury, Monnaies royales françaises de Louis XI à Henri IV 1461-1610, par Stéphan SOMBART. 304 pages, la quasi-totalité des 618 numéros photographiés en couleur. Monaco, 2022. Prix public : 39€. (nouveau Gadoury blanc s’ajoutant à celui des Monnaies royales françaises 1610-1692). Prix : 39€. Réf. lm325 LE COIN DU LIBRAIRE MONNAIES ROYALES FRANÇAISES DE LOUIS XI À HENRI IV 1461-1610

Bulletin Numismatique n°224 15 Trévoux dans les Dombes, à Orange, à Boisbelle-Henrichemont, à Stenay3… Pour ce présent volume, Y. Loskoutoff m’avait demandé d’évoquer le rôle de Mazarin dans l’institution de la paix qu’il provoqua en 1630 à Casale en Montferrat (aujourd’hui Piémont) entre l’armée espagnole et l’armée française, face à face. Casale, alors capitale du petit duché du Montferrat, était une place forte de très grande importance sur le Pô, le grand fleuve du nord de l’Italie, commandant le passage entre Turin et Milan. Cet événement fut célébré au XVIIe siècle par une belle médaille à la gloire du cardinal gravée, entre autres, par Jean Warin. A partir des éléments d’ordre numismatique fournis par mes soins, Y. Loskoutoff réintroduit magistralement la représentation de la « paix de Casale » (plutôt un armistice, la paix étant celle de Cherasco en 1631) dans la propagande mazarine. C’est ainsi que nous avons avec les mêmes motifs, d’avers (le buste de Mazarin) et de revers (Mazarin à cheval s’interposant entre les belligérants), deux légendes totalement différentes : l’une (version Warin) glorifie l’œuvre de Mazarin, l’autre (version Jean Dollin ou Jean-Baptiste Dufour selon les auteurs) décrit l’événement, à savoir Mazarin séparant d’un geste les deux armées. La remarquable recherche entreprise par Y. Loskoutoff fait connaître des gravures et des dessins d’époque qui sont en parfaite harmonie avec les deux versions de la médaille. La numismatique du siège de Casale, incluant l’épisode Mazarin, fut remarquablement étudiée par Paul Bordeaux dans l’Annuaire de la Société française de numismatique à la fin du XIXe siècle. Plus récemment, les ouvrages-catalogues de la série italienne MIR et de Monnaies d’Antan (obsidionnales) offrent un bon répertoire des monnaies obsidionales de Casale, à l’exclusion des médailles de Mazarin. La publication de l’ouvrage dirigé par les professeurs Yvan Loskoutoff et Patrick Michel permet aujourd’hui d’envisager une nouvelle étude, plus complète, de la numismatique de Casale au XVIIe siècle, significative de l’importance de l’événement à l’époque. Christian CHARLET Sous la direction d’Yvan LOSKOUTOFF et de Patrick MICHEL, Mazarin, Rome et l’Italie, deuxième partie Histoire des Arts, 2022, 15,5x24 cm, 442 pages, illustrations en couleur et noir et blanc dans le texte, ouvrage édité par les Presses Universitaires de Rouen et du Havre (comme la première partie en 2021), 19€. 3 Ville fortifiée sur la Meuse appartenant au duc de Lorraine, occupée militairement par la France et confiée au comte de Soissons, prince du sang, gouverneur pour Louis XIII de la Champagne et de la Brie. MAZARIN, ROME ET L’ITALIE (2e partie), par Yvan LOSKOUTOFF et Patrick MICHEL (Direction) Les numismates chercheurs qui s’intéressent aux Temps Modernes (XVIeXVIIIe siècles) connaissent bien les remarquables Colloques organisés depuis une douzaine d’années par le professeur Yvan Loskoutoff, professeur titulaire de la chaire de littérature française du XVIIe siècle à l’université du Havre1. Ces colloques ont donné lieu depuis 2013 à sept ouvrages : Héraldique et Numismatique (I, II, III, IV), Les médailles de Louis XIV et leur livre, Héraldique et Papauté, Mazarin, Rome et l’Italie : I, Histoire2. Cette deuxième partie de Mazarin, Rome et l’Italie est le huitième ouvrage. Comme pour le précédent Mazarin…, Yvan Loskoutoff partage avec son collègue professeur Patrick Michel la direction de cet ouvrage collectif. Celui-ci est de haut niveau, comme les sept précédents, car les meilleurs spécialistes y ont apporté leur concours. Naturellement, ce second volume consacré au cardinal Mazarin ne laisse, comme le premier, qu’une place réduite à la numismatique. Il y aurait pourtant beaucoup à dire et à écrire sur ce sujet : « Mazarin et la numismatique ». Car le cardinal, bien que n’étant pas considéré comme un connaisseur des monnaies, était néanmoins très au courant. Certains textes, connus notamment d’Arnaud Clairand, montrent que le cardinal savait parfaitement que la fabrication massive d’espèces de cuivre, diffusées ensuite dans la population, pouvait être génératrice d’importants profits. Sur ceux-ci, le cardinal pouvait prendre sa commission, son pourcentage comme il le faisait systématiquement sur de multiples dépenses portées à sa connaissance. Peut-être que ces deux ouvrages susciteront des recherches non encore entreprises. Il serait par exemple intéressant de découvrir le rôle joué par Mazarin dans l’émission des liards de cuivre, au buste de Louis XIV couronné, décidée en 1649 puis réalisée en 1654 après un report dû à la Fronde. Dans le premier volume de cette série « Mazarin… », Yvan Loskoutoff m’avait demandé de faire connaître et de commenter le monnayage avignonnais émis par Mazarin pendant sa période de vice-légat en Avignon. Les affaires monétaires ressortissaient à l’époque de la compétence du vice-légat et non de celle du légat, généralement un cardinal parent du pape alors en fonctions. J’avais alors été frappé par la parfaite connaissance que le vice-légat Mazarin avait des espèces monétaires qu’il convenait de faire frapper en Avignon afin de leur assurer une diffusion optimale dans les contrées voisines : royaume de France, principauté d’Orange, états du duc de Savoie. Il faut particulièrement remarquer que le vice-légat Mazarin s’était joint, à partir de 1635, aux grands féodaux du royaume qui profitaient de la guerre avec l’Espagne pour faire frapper, de manière illégale selon Louis XIII et Richelieu, des « juteux » doubles tournois de cuivre dans leurs territoires souverains ou réputés tels : à Arches-Charleville, à Sedan, à 1 Par ailleurs membre de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. 2 Colloque placé sous le Haut Patronage de S. A. S. le Prince Albert II de Monaco, duc de Mazarin par héritage de la dernière duchesse de Mazarin au XVIIIe siècle. LE COIN DU LIBRAIRE MAZARIN, ROME ET L’ITALIE (2E PARTIE)

Bulletin Numismatique n°224 16 Voici quelques années je visitais Ravenne. Le mausolée de Théodoric, le palais de Théodoric, les toilettes de Théodoric… sur une affiche je découvrais le portrait de l’homme. Sensible à la grandeur de ma nation, passionné par les époques de la République romaine et de son Haut-Empire, cette tête de Beatles avec un « panneton » sur la tête était bien la représentation que je me faisais de ces envahisseurs barbares, sauvages, incultes, grossiers qui étaient venus détruire une si parfaite civilisation. Théodoric est un Goth né en Pannonie dans le Ve siècle de notre ère. Si il est fils de roi, son enfance serait celle d’un sauvageon, sans pompe et sans égard. Il est de la lignée des Amales, son père, ses oncles, son grandpère étaient alliés aux Huns et certains ont servi dans les armées d’Attila. Après la mort du roi des Huns en 453, Thiudimir, un des chefs des Goths, père du petit Théo, prend le parti des Romains d’Orient et accepte de traiter avec eux. Comme il est d’usage à l’époque, en garantie, un enfant du chef goth est pris en otage et c’est ainsi qu’un tout jeune Théodoric part pour Constantinople. En ce temps, les Goths sont intégrés et appréciés à Rome tant en Orient qu’en Occident. De Ravenne, capitale impériale depuis Honorius, à Constantinople, la qualité de leurs généraux au sein de l’armée romaine est largement reconnue. Ainsi, si en fait dans l’Empire, ils sont romains comme tous les autres citoyens, en Italie ils sont italiens… L’enfant goth, otage, est élevé à Constantinople parmi les enfants des patriciens. Traité comme un prince, il reçoit la meilleure éducation. Ainsi, tant que son père restait fidèle à ses engagements le jeune Théodoric grandissait heureux et choyé. Imprégné de culture gréco-latine, le « barbare » en une décennie devenait Flavius Théodoricus… Sous l’égide bienveillante des empereurs Léon puis Zénon, le jeune « Romain » s’initie à la gestion d’un empire. Ainsi, peut-être adopté par Zénon, il est fait maître de milice, consul et patrice. En 474, Théodoric est autorisé à rejoindre son père Thiudimir et participe aux campagnes militaires victorieuses en Mésie et en Dacie pour le compte de l’Empire. En 488, l’empereur d’Orient lui confie la tâche de destituer Odoacre et de prendre le contrôle, en son nom, de l’Italie. En 493 il tue Odoacre de ses propres mains et avec la permission d’Anastase qui vient de succéder à Zénon il devient maître de Ravenne, dépositaire de la charge impériale en Occident, représentant légitime de l’empereur romain d’Orient. Pendant trente ans, investi du gouvernement de l’Italie, Théodoric maintient une administration romaine. Cultivé et raffiné, il s’entoure de fins lettrés, comme Boèce, Ennode de Pavie et Cassiodore. Dans la tradition des grands empereurs il embellit sa capitale et ses grandes villes de monuments, il entreprend d’importants travaux d’urbanisme, il édifie de nouvelles églises, des aqueducs, des termes, il assèche les marais pontins, vante les qualités du « recioto », contribue à l’invention de la « Pastissada de caval » et il ne manquera pas de rétablir un système monétaire de qualité. À l’image des anciens, il affiche une tolérance qui trahit sa vision romaine des religions même si l’agitation des communautés chrétiennes lui procureront quelques aigreurs. Il sera tout de même un protecteur de l’Eglise romaine. Au-delà de ses frontières, pour l’Italie et pour l’Empereur, il enlève la Provence puis la région entre la Durance et la Drôme. Il gouverne ainsi le sud de la Gaule et une partie de l’Espagne. Cependant, Théodoric faisant fi de sa tutelle impériale aurait pu commencer à penser qu’il était vraiment le roi de son royaume. L’élaboration d’un projet de dynastie va le conduire par le mariage de ses filles à conclure des alliances avec des princes ibères, burgondes, avec des rois vandales et francs tissant des liens familiaux mais aussi économiques et politiques contribuant véritablement à pacifier l’Occident. Celui que je voyais comme un lourd barbare, celui qu’on appelle encore dans la chanson de geste germanique, Dietrich de Berne, étend son influence sur les royaumes germaniques du Danube, des Balkans jusqu’au sud-est de la mer Baltique. Romain parmi les Romains, en 500, à Rome, un triomphe, une distribution de blé consacrent ses trente ans de règne à l’image des commémorations impériales. Avant de quitter l’Urbe, l’Auguste « très glorieux » qui porte la pourpre et le diadème se rend au Sénat et s’adressant au peuple et aux sénateurs fait le serment de toujours défendre l’esprit de Rome et son héritage. Nous devons nous interroger sur cette notion de nationalité qui finalement n’a jamais eu de grande valeur dans l’Empire. Bretons, Belges, Gaulois, Ibères, Libyens, Sarmates, Arméniens depuis Caracalla étaient tous citoyens romains. Depuis Nerva, plus aucun prince ne fut italien, et l’Empire ne s’en porta pas plus mal tant Rome préféra la valeur à l’origine. Notons encore que Odoacre le skyre, Romulus Augustule germain de Pannonie, Léon le thrace, Zénon l’isaurien, Anastase d’Epire, Justin l’illyrien furent de grands Romains… Il n’était qu’un Goth en 461, qu’un sauvage de 6 ans élevé comme un patricien romain. Il ne fut ni empereur ni César mais glorieux capitaine des armées de Constantinople et de Rome. Chef barbare, roi d’Italie, il présida sans injustice à la destinée de la péninsule ouvrant trois décennies de paix . Si il fut grand il dut vieillir, et voir tous ses rêves s’évanouir, il devait mourir le 30 août 526 sans vrais héritiers. Il ne devait rien rester de ses alliances et de son sang royal mélangé. Par la guerre, Constantinople devait faire valoir son droit et en 25 ans effacer l’œuvre de Théodoric pour faire disparaitre les Goths d’Italie. L’histoire romaine sut tout de même reconnaitre dans cet homme un de ses plus grands. Procope, historien et chroniqueur dit de lui: « Il commanda seul sur les Italiens et sur les Goths avec une puissance absolue. Il ne prit néanmoins ni le nom, ni l’habit d’empeTHÉODORIC, FLAVIUS TEODORICUS

Bulletin Numismatique n°224 17 reur des Romains ; il se contenta de la qualité de roi qui est celle que portent les capitaines des Barbares. Il faut pourtant avouer qu’il a gouverné ses sujets avec toutes les vertus qui sont dignes d’un grand empereur. Il a maintenu la justice, il a établi de bonnes lois, il a défendu son pays de l’invasion de ses voisins, et a donné toutes les preuves d’une prudence et d’une valeur extraordinaire. Il n’a fait aucune injustice à ses sujets ni permis que l’on leur en fît, si ce n’est qu’il a souffert que les Goths aient partagé entre eux les terres, qui avaient été distribuées par Odoacre à ceux qui suivaient son parti. Enfin, quoique Théodoric n’eût que le titre de roi, il ne laissa pas d’arriver à la gloire des plus illustres empereurs qui aient jamais monté sur le trône des Césars. Il fut également chéri par les Goths et par les Italiens, ce qui n’arrive pas d’ordinaire parmi les hommes, qui ont coutume de n’approuver dans le gouvernement de l’État que ce qui est conforme à leurs intérêts, et qui condamnent tout ce qui y est contraire. Après avoir régné trente sept ans, et s’être rendu formidable à ses ennemis, il mourut de cette manière ». https://www.panorama-numismatico.com/rex-theodericvs-il-medaglioned%E2%80%99oro-di-morro-d%E2%80%99alba/#lightbox/1/ d/REX THEODORICVS PIVS PRINCIS r/REX THEODORICVS VICTOR GENTIVM CONOB Médaillon en or avec le portrait de Théodoric présenté au monde numismatique par Francesco Gnecchi dans un article publié en 1895 dans la « Rivista Italiana di Numismatica ». Trouvé dans les Marches (Senigalia/Ancona), il a été acheté par le musée national romain (Palazzo Massimo alle Terme) où il se trouve toujours. Il s’agit d’un « Unicum » dans la mesure où ce portrait est la seule représentation connue de Théodoric; (Ø 33 mm, masse 15,32 g équivaudrait à 3 solidi). copie qui se trouve au british muséum Mon maître Michel Moreaux estime que cette monnaie est un des monuments de la numismatique : le seul « portrait » du grand homme, et encore pas très fidèle ; la coiffure se veut une copie d’une coiffure byzantine contemporaine, mais un peu loupée par le graveur. Théodoric, Rex Italiae, se dote d’un système monétaire élaboré, bien sûr subordonné à la raison impériale, mais déjà imprégné d’un rêve qui ne peut tendre à aucune prétention. Il devait exister au moins trois ateliers monétaires: à Rome, à Milan et évidemment à Ravenne. Le système reposait traditionnellement sur trois métaux : l’or, l’argent et le bronze. Le numéraire pour l’or proposait le Solidus, le Semissis et le Tremissis ; pour l’argent, la demi et le quart de Silique. Le bronze se comptait en Nummus. Le monnayage du royaume d’Italie devait tant sur le plan technique qu’iconographique s’aligner sur la monnaie de l’empire romain d’Orient, ou plutôt il devait répliquer la monnaie de Constantinople. Ainsi Flavius Teodoricus fait frapper des monnaies aux effigies de l’empereur d’Orient, son maître. D’abord pour Anastase. Voici un Solidus original de l’empereur frappé à Constantinople Solidus 507-518 atelier Constantinople OR Titre 1000 ‰ Ø 21 mm Axe 6 h. masse 4,52 g. R1 Officine : 10e BMC/B.- - R.321 - Do.7 j - BN/B.14 - BC.5 (325£) - MBR.7 - DMBR.1 /4 avers : D N ANASTA-SIVS PP AVG. Buste casqué, diadèmé et cuirassé d’Anastase de face, tenant de la main droite la lance placée sur l’épaule et de la gauche un bouclier orné d’un cavalier bondissant à droite (N’a).« Dominus Noster Anastasius Perpetuus Augustus », (Notre Seigneur Anastase Perpétuel Auguste).revers : VICTORI-A AVGGGI/ -|-// CONO. Victoire debout à gauche, tenant une longue croix chrismée inversée de la main droite ; étoile à huit rais dans le champ à gauche. « Victoria Augustorum », (Victoire des Augustes). Après l’assassinat de Zénon, Anastase épousa Ariadne qui le choisit comme empereur. Son très long règne, 27 ans, permit de restaurer le pouvoir impérial. Il mourut sans héritier mais est aujourd’hui considéré comme le fondateur de l’empire romain d’Orient… et je vous propose maintenant le Solidus de Théodoric au nom d’Anastase. © Classical Numismatic Group, Inc. Royaume de Théodoric 491-518 un solidus (= 3 tremissis) OR masse 4.44g Ø 20mm MEC# 112, BMC Vandal# 63, MIB I# 18, Metlich# 23, Kraus# 14 Avers: Buste diadèmé de perles, casqué, et cuirassé tenant une lance sur l’épaule, entouré de l’inscription. D N ANASTA - SIVS PP AVG Dominus Noster Anastasius Perpetuus Augustus Notre Seigneur, Anastase, Auguste perpétuel Revers Victoire ailée face à gauche en tenant croix, avec étoile à droite et entouré de l’inscription qui se termine par une lettre. VICTORI - A AVCCC A MD CONOB Victoria Augustus / Constantinople Victoire de l’Auguste / Constantinople. La lettre à la fin de l’inscription du revers, la marque à gauche de la Victoire ailée sont les marques d’atelier. Ravenne, Rome, Milan, les attributions sont incertaines. Remarquons un type avec la lettre A qui termine l’inscription du revers sans marque à gauche de la victoire. Un type avec deux points, une marque MD et un type avec un Z qui suit CONOB. THÉODORIC, FLAVIUS TEODORICUS

Bulletin Numismatique n°224 18 © Classical Numismatic Group, Inc. Un exemple de pièce avec le Z: © Numismatica Ars Classica NAC AG Puis, le Solidus de Théodoric au nom de Zénon. © Numismatica Ars Classica NAC AG Royaume de Théodoric 490-518 un solidus (= 3 tremissis) or masse 490 or masse 4.38 g Ø 21mmRIC X# 3604, Lacam# pl. 57 AversBuste diadèmé de perles, casqué, et cuirassé tenant une lance sur l’épaule, entouré de l’inscription. D N ZENO - PERP AVC Dominus Noster Zeno Perpetuus Augustus Notre Seigneur, Zénon, Auguste perpétuel Revers Victoire ailée face à gauche en tenant croix, tous avec étoile à gauche et entouré de l’inscription. VICTORIA AVCCC M - D θ CONOB Victoria Augustus / Constantinople Victoire de l’Auguste / Constantinople CON désigne l’atelier de Constantinople. OB a un double sens : les deux lettres du système de numérotation grec correspondent au nombre 72 et indiquent que le pied monétaire utilisé pour le solidus est 1/72 de livre, ils sont aussi le début du mot latin obryzum, qui indique l’or raffiné et pur. Donc OB dans ce cas signifie 1/72 de livre d’or pur. Notez le θ au revers, peut-être l’initiale de Théodoric ? Et le Solidus de Théodoric au nom de Justin Ier. Royaume de Théodoric, Solidus au nom de Justin I ROMA 526-527 Or masse 4.4 g Ø 21 mm h6 DNIVSTI-NVS PFAVC, D/ Buste casqué et cuirassé, lance sur l’épaule droite et bouclier décoré d’un cavalier Rv. VICTORI AAVCCC A, Victoire debout tenant une longue croix, étoile en exergue à droite de la victoire COMOB. COI 31-32… Nous comprenons que l’expression monétaire du royaume de Théodoric devait s’astreindre à une grande prudence politique pour ne pas encourir une accusation d’usurpation du droit impérial et les foudres de Constantinople. Comme nous venons de le voir, quelques singularités apparaissent sur les solidi ostrogothiques avant le règne de Justin Ier. Tout de même il semble que le monogramme de Théodoric ait été toléré sur le revers des quarts de silique d’argent. THÉODORIC, FLAVIUS TEODORICUS With permission of cngcoins.com. Royaume de Théodoric Quart de Silique pour Justin Ier 493-526 l’atelier: Ravenne ou Rome argent Diamètre : 9,5 mm Axe des coins : 6 h. masse : 0,72 g. R2 BMC 27; Museo Ravenna 305-306; Arslan P. 38, 41. avers : D N IVSTI-NVS PF AVG .Buste diadèmé drapé et cuirassé de Justin à droite .revers : ANÉPIGRAPHE.RAV ED Monogramme de THEODORICVS dans une couronne de lauriers, surmonté d’une croix et d’un S .(1/4 de Silique = 1/32 de Tremissis). Pour ce qui est du monnayage de bronze, il semble que Ravenne disposait d’une plus grande liberté d’initiative. Le numéraire de référence était le Nummus, émis en modules de 5,10,20 et 40 Nummi. Cette partie du monnayage présentait une valeur fiduciaire élevée pour empêcher sa thésaurisation et était destinée à un usage local alors que l’or était destiné au marché international. Théodoric célèbre sur le bronze ses deux capitales, Rome, vestige de la plus grande gloire et Ravenne siège du pouvoir impérial en Occident. Les modules de 40,20 et 5 nummi sont dédiés à Rome, sur le modèle de la tête de la déesse Roma casquée avec l’inscription ROMA INVICTA. Théodoric, AE follis (40 nummi). 512-522 AD. masse 15.79 gr, Ø 28.50 mm. avers/ INVICTA ROMA, Buste de Rome drape et casqué à droite revers/ XL sur la louve tête regardant vers l’arrière et vers le bas allaitant Romulus et Remus à gauche Ref : dot II dot. BMC p. 104, 24; Wroth 24 courtesy of Asta Tintinna Numismatica and deamoneta.com, Nov, 2011 Théodoric, AE 20 Nummi. AD 526-534. masse 6.64g, Ø 19mm. avers/ INVICTA ROMA Rome invaincue, buste casqué et drapé de Rome à droite revers/ louve romaine tête tournée vers l’arrière et vers le bas allaitant Romulus et Remus ; s-Chi-Rho-star au dessus, XX en dessous. Réf: Hahn, MIB 71c; Kraus 29; Metlich 84b; BMC p. 105, 32. With permission of Roma Numismatics Ltd - Auction 9, Lot 870 March 2015. © Classical Numismatic Group, Inc. Théodoric 493-526 Rome ou Ravenne 5 nummi Bronze Masse 1,38 g Avers Buste de Rome casqué à droite et entouré de l’inscription : INVICT - A ROMA Invicta Roma Rome invaincue Revers Valeur entourée d’ une guirlande 5Tranche Lisse. Si nous observons sur le droit de ces monnaies la déesse Roma, le revers présente au moins 3 types. Nous venons de voir la Louve capitoline. Une monnaie de 20 nummi présente sur son revers le ficus ruminalis entre deux aigles, figuier sacré lié au mythe fondateur de Rome. Follis (20 nummi), Roma 493-553, Æ masse 6.49 g. D/INVICT – A ROMA buste de Roma casqué et cuirassé à droite R/ figuier entre deux aigles; en

Bulletin Numismatique n°224 19 Il importe de ne pas confondre l’écume des apparences avec la profondeur de l’océan… Mausolée de Théodoric Le saviez vous : En général, un nom germanique est composé de deux éléments : Thiudareiks : thiuda- (peuple) + -reiks (roi, cf. latin rex, gaulois -rix, par exemple dans Vercingétorix).Ce nom est orthographié en latin Theodoric ; il a donné en français les prénoms de Théodore et Thierry. BIBLIOGRAPHIE La Moneta.it WIKIPEDIA Marcel Brion, Théodoric, roi des Ostrogoths, Payot, 1935. L’empire barbare (tome 2), Théodoric Le Grand (Télémaque, 2008), de Gary Jennings, roman historique . Thomas Hodgkin, Theodoric the Goth, the barbarian champion of civilization, London : G. P. Putnam’s sons, 1891 (lire en ligne [archive]). Paul Deltuf, Théodoric, roi des Ostrogoths et d’Italie, Paris : Firmin Didot frères, fils et Cie, 1869 (lire en ligne [archive]). L. M. Du Roure, Histoire de Théodoric le Grand, roi d’Italie, précédée d’une revue…, Paris : Chez Téchener, 1846 (lire en ligne [archive]). « The Letters of Cassiodorus » [archive] (lettres de Théodoric rédigées par Cassiodore). di Francesco Billi Alla scoperta di un passaggio storico epocale per l’Impero di Roma e il suo declino: i nummi di Teodorico ne sono lo specchio The Gold Medal of Theodoric the Great, King of the Ostrogoths (AD 493-526) by E. Tomlinson Fort https://www.britishmuseum.org/collection/ object/C_B-11479 Les titres de Théodoric Ernst Alfred Stückelberg Lodovico Felice Cogliati, Rivista italiana di numismatica, Milan, 1898 Exporté de Wikisource le 8 octobre 2022 THÉODORIC, FLAVIUS TEODORICUS exergue, XX. BMC Vandals 19-23. Kraus 27-28. MIB 75 (Theodoric and Athalaric). MEC I, 19-110. Metlich 83 (Athalaric). Ex NAC Autumn 95 sale 1995, 711. Nous pouvons observer un troisième type de revers sur une monnaie de 40 nummi avec une aigle romaine vers la gauche, tête vers la droite Image: Classical Numismatic Group, Inc. Theodoric. 493-526 AD. Æ 40 Nummi (masse 8.63 gm, 1h). Rome ou Ravenne. 493-518 AD.D/ buste casqué et cuirassé de Roma à droite . R / Aigle romaine à gauche, tête à droite; XL (L retrograde) à gauche; Cf. Metlich 76; cf. MIB I 74 (Theodoric and Athalaric); cf. MEC 1, 106. Ravenne, capitale officielle du royaume d’Italie, sera célébrée par les modules de 10 et de 5 nummi. Ce monnayage présente sur son droit un buste féminin porteur d’une couronne tourelée qui personnifie Ravenna avec l’inscription FELIX RAVENNA. © Numismatica Ars Classica NAC AG Théodoric Ravenna bronze 10 Nummi masse 2.86 g d/ Tête féminine à droite, ornée d’une couronne tourelée. FELIX R-AVENNA. R/: Monogramme de Ravenne Ra(venna) Fe(lix), en plein champ, entouré d’une couronne végétale. MEC# 145, BMC Vandal# 7, MIB I# 72, Metlich# 78, Kraus# 3 Autre représentation associée à Ravenna Felix, l’aigle romaine aux ailes déployées entre deux étoiles. © Numismatica Ars Classica NAC AG Théodoric 10 nummi 536 554 bronze masse 2.88 g Ø 17 mm MEC# -, BMC Vandal# 34, MIB I# 76, Metlich# 77, Kraus# 1 D/ buste de Ravenna à droite FELIX R - AVENNA R/ aigle entre deux étoiles X en dessous Pour la monnaie de 5 nummi, il s’agit au revers d’une victoire marchant à gauche tenant une couronne et une palme. Roma Numismatics Ltd Auction XV 5 Apr 2018 Theodoric Æ 5 Nummi. Ravenna, AD 493. FELIX RAVENNA, buste de Ravenna avec couronne tourelée / Victoire marchant à gauche, tenant une couronne et une palme; R-V . Metlich 81; Ranieri 252-3. 2.61g, 13mm, 6h. Si vraiment la tête de ce roi me semble étrange, il ne fut en rien un barbare. Pour son royaume et pour ses gens, il fut un prince juste et apprécié même s’il dut subir la tutelle du maître véritable de l’Empire. Grand chef de guerre, bâtisseur intelligent, son règne empreint de culture et de finesse fut un temps de paix. Son système monétaire calqué par force sur celui de Constantinople trouve son originalité dans le respect des plus grandes heures de Rome et se révèle d’une très grande modernité. Il avait une grosse tête ce bonhomme et je l’avais mal jugé… Et finalement, cette tête de cheveux ne porte ostensiblement ni casque, ni couronne, ni diadème… Théodoric se tient à sa place intelligemment, respectueusement, politiquement ; l’empereur de Constantinople est le maître et lui seul porte la couronne.

Bulletin Numismatique n°224 20 En mars 2020 a paru, sous la signature de Guy Chassagnard, un intéressant ouvrage (voir notre Bulletin Numismatique n°196) n’ayant pour but que d’être la « Petite Histoire des Monnaies », issue de l’expérience d’un modeste « numismate amateur ». Avec ses 356 pages et ses 270 illustrations, cette « petite Histoire » n’en a pas moins retenu l’attention de nombreux lecteurs qui ont pu y trouver, semble-t-il, des réponses simples et de surcroît concises à leurs questions d’histoire et de numismatique. Deux ans plus tard paraît aux Éditions Segnat une nouvelle édition* de l’ouvrage (380 pages, 24,90€) possédant la particularité de présenter au lecteur un « glossaire numismatique » de quelque 46 pages ; de quoi satisfaire tout numismate, que celui-ci soit débutant, ou chevronné. L’« histoire » de Guy Chassagnard s’ouvre sur les protomonnaies asiatiques pour se terminer à l’apparition des euros, en remontant le cours des monnaies grecques, romaines, féodales, royales et républicaines ; absentes, toutefois, sont les monnaies byzantines pour lesquelles l’auteur reconnaît (!) n’avoir jamais eu de sympathie. Mais, laissons-le parler lui-même de ses goûts et de ses motivations, tant numismatiques que… généalogiques : CONFIDENCES DE L’AUTEUR Rien, dans notre (longue) vie passée ne nous destinait à nous intéresser un jour à la collection des pièces de monnaies anciennes et à faire de nous un « numismate amateur ». Et si nous écrivons, aujourd’hui, ces lignes c’est avec la résignation d’un « apprenti » à qui il reste encore tout à apprendre ; avec, encore, le dépit de n’avoir su trouver le manuel idéal susceptible de lui révéler les rudiments, les techniques et les secrets de la science numismatique. En qualité de journaliste à la retraite et d’auteur de quelques ouvrages spécialisés, nous avons entrepris de lire ce qui pouvait être lu et de fouiner plus avant dans les entrailles de l’Internet. Ceci avec l’envie de parfaire nos connaissances et de les partager avec ceux et celles qui, comme nous, n’en sont encore qu’à leurs premiers pas de numismate. Notre cheminement personnel a commencé avec la recherche de nos ascendants et l’édification d’un arbre généalogique. Quand on s’intéresse au passé de ses ancêtres, on ne peut rester, en effet, indifférent au terroir qui les a vus naître, à l’époque durant laquelle ils ont vécu, aux espèces sonnantes et trébuchantes qu’ils ont tenues entre leurs doigts. Notre grand plaisir, que nous n’avons de cesse de prolonger, est encore aujourd’hui de sortir une monnaie de bronze ou d’argent – nous laissons, avec résignation, le soin de collectionner l’or à des amateurs plus fortunés – de son écrin, de la poser sur notre table de travail et de lecture, de l’admirer, d’en caresser (très délicatement…) des doigts les reliefs, et de penser… à notre ancêtre du XVe siècle, Jehan Jarrige de La Morélie, juge d’appeaux royal en Limousin ; ou à Charibert de Hesbaye et de Neustrie, plus lointain ancêtre encore, né vers 565, sous le règne de Chilpéric Ier, roi des Francs de Soissons. D’où cette envie d’assurer, par nous-même, notre apprentissage de numismaste – par la recherche, la lecture et la réflexion. Puission-nous avoir suivi le bon chemin de la découverte et être parvenu, par la réalisation de ce modeste recueil, à communiquer à d’autres le fruit de notre passion. RELEVÉ DANS LA « PETITE HISTOIRE DES MONNAIES • LE DENIER. - Il s’agit de l’une des monnaies de base de l’Empire romain, et des systèmes monétaires gaulois, féodaux et royaux qui lui ont succédé. Le terme denier vient du romain Denarius, signifiant « dizaine » ; il équivalait, dès avant l’ère chrétienne, à dix as. En fait, si l’on en croit Pline l’Ancien, le denier serait apparu au cours de la première guerre punique menée contre les Carthaginois (264-241). Fait d’argent, il pesait alors 4 g, soit 1/72 d’une livre de métal précieux. Au début de l’ère chrétienne la rémunération annuelle d’un soldat romain était de l’ordre de 225 deniers. Tout au long de la période mérovingienne autant que carolingienne, le denier demeure la monnaie de base et de référence imposée au peuple par le pouvoir royal. Il faut alors 12 deniers pour faire un sol (ou sou) et 20 sols pour constituer une livre. LA SECONDE ÉDITION DE « LA PETITE HISTOIRE DES MONNAIES » (SEGNAT)

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