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Bulletin Numismatique n°224 32 Après « Le Franc, les Archives » de 2019 et « Le Franc d’Augustin Dupré » de 2021, une nouvelle aventure a démarré fin d’année dernière autour du sujet des essais de Napoléon 1er à Napoléon III. Nous reviendrons plus spécifiquement sur ce sujet dans de prochains articles pour le Bulletin Numismatique. Ces nouveaux travaux nous ont amené à nous replonger dans les archives avec notamment de nouvelles sources qui n’avaient pu être consultées auparavant du fait qu’elles étaient contaminées par des champignons. Les nouvelles informations ainsi découvertes ne concernent pas que les essais mais une fois n’est pas coutume elles nous permettent d’apporter des lumières sur quelques erreurs monétaires. L’année 1831 est très mouvementée du point de vue monétaire car elle correspond d’une part au passage du type Tiolier au type Domard et d’autre part à la généralisation de la frappe en virole brisée. Ces changements ont engendré des erreurs monétaires notamment dans l’appariement de coins provenant de deux types ou de deux retouches différentes que l’on appelle des hybrides. Si certaines sont passées totalement inaperçues par la Commission des Monnaies, ce n’est pas le cas pour toutes. Hybride avers Tiolier / revers Domard 1831 K (Bordeaux) Pour preuve cette intéressante délibération de la Commission des Monnaies du 15/11/1831 qui concerne l’hybride de Bordeaux mélangeant l’avers de Tiolier et le revers de Domard : « La Commission ayant remarqué que les brèves des pièces de 5 F, faites à la Monnaie de Bordeaux, sous les n°94 et 95, à la date des 2 et 5 novembre, présentaient d’un côté, la tête du type provisoire, fait par Mr Tiolier et de l’autre, le revers du type définitif gravé par Mr Domard, dût ordonner la refonte de ces deux fabrications. La Commission arrête en outre, qu’il serait donné connaissance des motifs de ce refus, par le télégraphe et qu’il serait écrit au Commissaire du Roi pour lui témoigner tout son mécontentement d’une pareille irrégularité. A la réception de la dépêche télégraphique qui fut retardée par les mauvais temps, le Directeur de la Monnaie de Bordeaux s’est rendu à Paris et il a exposé à la Commission, à la date de ce jour, que l’irrégularité dont il s’agit ne pouvait lui être imputée et que cependant ce serait sur lui que tomberait toute la perte résultant de la décision de la Commission. Il a ajouté que déjà les fabrications faites sous les n°92 et 93 à la date du 28 et 31 8bre, ayant été reconnues au titre légal, avaient été mises en circulation ; que ces deux brèves présentaient une fabrication de 23,788 pièces, que les n°94 et 95 présentaient une fabrication de 19,563 pièces et qu’un total de 43,251 pièces semblables, valant 216,255 francs serait à peine remarqué dans la circulation. Mr Vignes a en outre représenté une lettre signée du Commissaire du Roi et du Contrôleur au monnayage de sa monnaie, dans laquelle ces fonctionnaires exposent que l’emploi irrégulier du coin de tête provisoire avec le coin de revers définitif provient de la ferme croyance où ils étaient que ce dernier pouvait être apparié avec les coins de tête au type provisoire, envoyés récemment par la Commission ; Qu’il est bien à regretter qu’à la demande de coins de tête faite par le Commissaire du Roi, la Commission n’ait pas fait faire la vérification du compte de coins de cette Monnaie, qu’elle aurait reconnu que les coins de revers qui leur restaient étaient bien au type définitif, qu’après cette vérification elle n’aurait pas fait expédier de coins de tête au type provisoire et que l’irrégularité n’aurait pu être commise. Qu’au reste la différence pour la gravure des deux coins revers est si légère, qu’on a pu facilement s’y méprendre, puisque la Commission elle-même, en ordonnant la mise en délivrance des fabrications faites sous les n°92 et 93 et envoyées à plusieurs jours d’intervalle, s’y est méprise ; Qu’il est presqu’impossible de s’en apercevoir dans la circulation, qu’en conséquence ils prient la Commission d’ordonner la mise en délivrance des deux fabrications n°94 et 95, si elles se sont trouvées dans les limites du titre et de poids voulues par la loi. La Commission délibérant sur cet exposé, a reconnu qu’il pouvait y avoir erreur dans l’envoi des coins de tête au type provisoire de Mr Tiolier fait à la Monnaie de Bordeaux, mais que cette erreur provenait de ce que la demande du Commissaire du Roi présentait un double sens. La Commission, prenant en considération les observations de Mr le Directeur et ayant égard aux pertes que lui occasionnerait la refonte des deux brèves numéros 94 et 95. Considérant, en outre, que par suite de l’événement du Concours, il circule, en ce moment, des monnaies au type de Louis-Philippe qui présentent entre elles des différences bien plus remarquables que celles résultant de l’emploi de la être provisoire pour les pièces de 5 francs avec les revers définitifs : ainsi par exemple le type de Mr Galle porte pour exergue Louis-Philippe I, le type provisoire de Mr Tiolier, que Sa Majesté a préféré, porte Louis-Philippe I, ce type retouché porte Louis-Philippe seulement et ensuite par ordre du Roi, Louis-Philippe I. La Commission a également considéré que ces 23,788 pièces portant empreinte de deux coins différents, ont été émises à Bordeaux sans que la différence ait été aperçues et que 19,503 pièces de plus ne seront pas remarquées dans la circulation ; que la différence du revers provisoire avec le revers définitif est très peu sensible ; que ces empreintes sont toutes deux légales et qu’il suffit de constater le nombre des pièces ainsi fabriquées qui seront mises en circulation pendant l’année 1831 pour la Monnaie de Bordeaux seulement, dont les différents sont ; celui du Directeur, une feuille de vigne et celui de la Monnaie, la lettre K. La Commission arrête 1°/ que les brèves n°94 et 95, sous la date du 2 et 5 9bre, trouvées par l’essai légal, au titre de 900 mil seront admises en délivrance ; LES ERREURS MONÉTAIRES SOUS LOUIS-PHILIPPE VUES PAR LES ARCHIVES

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