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Bulletin Numismatique n°224 25 qualité d’attention et de sérieux à l’étude des monnaies des Trois-Evêchés et autres territoires qu’à celle des monnaies ducales, objet de sa préférence. D’où l’existence de nombreuses et importantes erreurs affectant les chapitres TroisEvêchés, Gorze, Phalsbourg et Lixheim, etc., de son ouvrage incontournable. Liénard et Robert, suivis par Flon, ont recensé 7 florins différents pour Erric, dont un au nom de Charles et au millésime 1612 avec le portrait d’Erric, ainsi que 5 florins différents pour Charles. 3 de ces derniers figuraient dans la collection Robert dont 2 furent vendus en 1886 (catalogue de sa collection n°1146 et 1147). La destinée du troisième (Robert n°178 et Liénard n°385), millésimé 1612 est restée inconnue depuis 1885. On peut néanmoins se demander très sérieusement si l’exemplaire de la collection David n°513 précité n’est pas ce troisième exemplaire absent de la vente de la collection Robert en 1886. Robert aurait pu conserver cet exemplaire par devers lui ou l’avoir vendu à l’amiable avant sa vente de 1886, consacrée à l’ensemble de sa collection. En effet, dans la description de son exemplaire n°178, partiellement reprise par Liénard dans son n°385, Robert indiquait deux particularités significatives pour cet exemplaire : d’une part la présence d’une légende simplifiée LOT. EP. au lieu de LOTH. EPS et d’autre part le fait que la légende de l’avers ait été surfrappée, particularité non signalée par Liénard. Or l’exemplaire David n°513 (cf. fig.1) montre nettement ces deux particularités, la légende LOT. EP. et la surfrappe au début de la légende. Cette frappe défectueuse affecte le nom CAROLVS devenu de ce fait peu lisible et qu’il faut en partie deviner : sous un mélange de lettres insculpées par le graveur les unes sur les autres, on ne lit bien que LVS et à peu près O, CAR étant à deviner. En outre, on ne distingue pas la croix initiale qui précède CAROLVS sur les autres exemplaires connus et la fin de la légende est également très mal frappée : on lit LOT. EP. (avec des points mal centrés) puis ET. et C. C. au lieu de CO (comes = comte) et enfin VIRDV avec un I mal sorti, mot suivi d’un écrasement au-dessus de la tête de l’évêque Charles ; au sein de cet écrasement d’éléments illisibles où lettres et grènetis sont confondus, un petit B, marque du maître Claude Bailly, semble apparaître. Sur les autres exemplaires connus du florin d’or de Charles de Lorraine-Chaligny, ce petit B est placé au revers dans la couronne ducale, après le millésime. Tous ces défauts de l’exemplaire David n°513 semblent résulter d’un mauvais choix initial du graveur qui a insculpé trop haut le poinçon d’effigie de l’évêque Charles, maladresse qui lui retire ensuite la place nécessaire pour insculper l’ensemble de la légende à l’aide des poinçons d’alphabet. L’ensemble de ces constatations conclut à considérer que notre exemplaire David n°513 correspond bien à celui de Robert n°178, repris par Liénard n°385 puis par Flon n°799 n°4, sans dessin ni photo chez ces trois auteurs. DE QUI ROBERT TENAIT-IL CET EXEMPLAIRE N°178 : DE MONNIER À ROBERT ? Robert reste particulièrement avare de précisions et d’explications à propos de cet exemplaire qu’il ne décrit que très sommairement, à la différence des autres exemplaires qu’il répertoria. Il se contente de signaler que la pièce est mal frappée et qu’on peut y lire LOT et EP ; rien sur le reste de la légende. En particulier, il n’indique pas que la légende se termine par VIRDV (au lieu de VI sur les autres exemplaires qu’il connaît), ce qui induit Flon en erreur (tome II, p.799 n°4) lequel invente arbitrairement une légende finale C. VI qui est erronée. Surtout, on peut reprocher à Robert de n’avoir pas précisé la provenance de cette pièce lors de son entrée dans sa collection. Or, après examen de plusieurs catalogues de ventes de grandes collections du XIXe siècle, il apparaît bien que cet exemplaire Robert n°178 provenait de la célèbre collection Monnier vendue à Paris du 7 au 11 avril 1874. On retrouve en effet, au n°1271 de cette exceptionnelle collection, un florin d’or de Charles de Lorraine-Chaligny étrangement semblable à celui de la collection David n°513 qui nous intéresse ainsi qu’à celui de la collection Robert n°178. Les auteurs du catalogue Monnier, Rollin et Feuardent, décrivent ainsi ce florin n°1271 : « CAROLVS A LOT. EP. ET. CO. VIRDVN. Buste à tête nue à droite. R/ FLORENVS AVREVS AN. 1612. L’écu ci-après (Rarissime pièce mais mal frappée) OR Florin. » À part la mention VIRDVN au lieu de VIRDV, mot inscrit sur l’exemplaire David n°513, on se trouve en présence de la même pièce. On a vu plus haut que sur l’exemplaire David n°513 on ne pouvait plus rien lire après VIRDV de façon certaine. Là où nous pensions qu’il est peut-être possible de lire un petit B sur l’exemplaire David, Rollin et Feuardent ont lu un N, voire l’ont imaginé. Il est impossible de trancher entre ces deux lectures hypothétiques. Pourquoi Robert aurait-il dissimulé cette origine Monnier en 1885, lors de la rédaction de son ouvrage, puis exclu cet exemplaire mal frappé de la vente de sa collection en 1886 ? On l’ignore et aucune hypothèse explicative ne vient à l’esprit. Peut-être Robert a-t-il vendu à l’amiable cet exemplaire entre le moment de la rédaction de son ouvrage et la vente de sa collection en mars 1886. On se perd en conjectures. La description détaillée de l’exemplaire David n°513, ex-Robert n°178, ex-Monnier n°1271 (cf. photo de la fig.1 plus haut) Le moment est venu de décrire en détail l’exemplaire n°513 de la collection Fernand David, acquis par mes soins à Monaco : A/ (+ ?) (CAR)ROLVS. A. LOT. EPS. ET. C. C. (pour O) VIRDV, illisible. Buste du prince-évêque Charles de Lorraine-Chaligny tourné à droite, en camail. R/ FLORENVS. AVREVS. AN. 1612 LE RARISSIME FLORIN D’OR VERDUNOIS DE LA PRESTIGIEUSE COLLECTION FERNAND DAVID : UNE VARIÉTÉ INÉDITE RETROUVÉE ?

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