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Bulletin Numismatique n°224 15 Trévoux dans les Dombes, à Orange, à Boisbelle-Henrichemont, à Stenay3… Pour ce présent volume, Y. Loskoutoff m’avait demandé d’évoquer le rôle de Mazarin dans l’institution de la paix qu’il provoqua en 1630 à Casale en Montferrat (aujourd’hui Piémont) entre l’armée espagnole et l’armée française, face à face. Casale, alors capitale du petit duché du Montferrat, était une place forte de très grande importance sur le Pô, le grand fleuve du nord de l’Italie, commandant le passage entre Turin et Milan. Cet événement fut célébré au XVIIe siècle par une belle médaille à la gloire du cardinal gravée, entre autres, par Jean Warin. A partir des éléments d’ordre numismatique fournis par mes soins, Y. Loskoutoff réintroduit magistralement la représentation de la « paix de Casale » (plutôt un armistice, la paix étant celle de Cherasco en 1631) dans la propagande mazarine. C’est ainsi que nous avons avec les mêmes motifs, d’avers (le buste de Mazarin) et de revers (Mazarin à cheval s’interposant entre les belligérants), deux légendes totalement différentes : l’une (version Warin) glorifie l’œuvre de Mazarin, l’autre (version Jean Dollin ou Jean-Baptiste Dufour selon les auteurs) décrit l’événement, à savoir Mazarin séparant d’un geste les deux armées. La remarquable recherche entreprise par Y. Loskoutoff fait connaître des gravures et des dessins d’époque qui sont en parfaite harmonie avec les deux versions de la médaille. La numismatique du siège de Casale, incluant l’épisode Mazarin, fut remarquablement étudiée par Paul Bordeaux dans l’Annuaire de la Société française de numismatique à la fin du XIXe siècle. Plus récemment, les ouvrages-catalogues de la série italienne MIR et de Monnaies d’Antan (obsidionnales) offrent un bon répertoire des monnaies obsidionales de Casale, à l’exclusion des médailles de Mazarin. La publication de l’ouvrage dirigé par les professeurs Yvan Loskoutoff et Patrick Michel permet aujourd’hui d’envisager une nouvelle étude, plus complète, de la numismatique de Casale au XVIIe siècle, significative de l’importance de l’événement à l’époque. Christian CHARLET Sous la direction d’Yvan LOSKOUTOFF et de Patrick MICHEL, Mazarin, Rome et l’Italie, deuxième partie Histoire des Arts, 2022, 15,5x24 cm, 442 pages, illustrations en couleur et noir et blanc dans le texte, ouvrage édité par les Presses Universitaires de Rouen et du Havre (comme la première partie en 2021), 19€. 3 Ville fortifiée sur la Meuse appartenant au duc de Lorraine, occupée militairement par la France et confiée au comte de Soissons, prince du sang, gouverneur pour Louis XIII de la Champagne et de la Brie. MAZARIN, ROME ET L’ITALIE (2e partie), par Yvan LOSKOUTOFF et Patrick MICHEL (Direction) Les numismates chercheurs qui s’intéressent aux Temps Modernes (XVIeXVIIIe siècles) connaissent bien les remarquables Colloques organisés depuis une douzaine d’années par le professeur Yvan Loskoutoff, professeur titulaire de la chaire de littérature française du XVIIe siècle à l’université du Havre1. Ces colloques ont donné lieu depuis 2013 à sept ouvrages : Héraldique et Numismatique (I, II, III, IV), Les médailles de Louis XIV et leur livre, Héraldique et Papauté, Mazarin, Rome et l’Italie : I, Histoire2. Cette deuxième partie de Mazarin, Rome et l’Italie est le huitième ouvrage. Comme pour le précédent Mazarin…, Yvan Loskoutoff partage avec son collègue professeur Patrick Michel la direction de cet ouvrage collectif. Celui-ci est de haut niveau, comme les sept précédents, car les meilleurs spécialistes y ont apporté leur concours. Naturellement, ce second volume consacré au cardinal Mazarin ne laisse, comme le premier, qu’une place réduite à la numismatique. Il y aurait pourtant beaucoup à dire et à écrire sur ce sujet : « Mazarin et la numismatique ». Car le cardinal, bien que n’étant pas considéré comme un connaisseur des monnaies, était néanmoins très au courant. Certains textes, connus notamment d’Arnaud Clairand, montrent que le cardinal savait parfaitement que la fabrication massive d’espèces de cuivre, diffusées ensuite dans la population, pouvait être génératrice d’importants profits. Sur ceux-ci, le cardinal pouvait prendre sa commission, son pourcentage comme il le faisait systématiquement sur de multiples dépenses portées à sa connaissance. Peut-être que ces deux ouvrages susciteront des recherches non encore entreprises. Il serait par exemple intéressant de découvrir le rôle joué par Mazarin dans l’émission des liards de cuivre, au buste de Louis XIV couronné, décidée en 1649 puis réalisée en 1654 après un report dû à la Fronde. Dans le premier volume de cette série « Mazarin… », Yvan Loskoutoff m’avait demandé de faire connaître et de commenter le monnayage avignonnais émis par Mazarin pendant sa période de vice-légat en Avignon. Les affaires monétaires ressortissaient à l’époque de la compétence du vice-légat et non de celle du légat, généralement un cardinal parent du pape alors en fonctions. J’avais alors été frappé par la parfaite connaissance que le vice-légat Mazarin avait des espèces monétaires qu’il convenait de faire frapper en Avignon afin de leur assurer une diffusion optimale dans les contrées voisines : royaume de France, principauté d’Orange, états du duc de Savoie. Il faut particulièrement remarquer que le vice-légat Mazarin s’était joint, à partir de 1635, aux grands féodaux du royaume qui profitaient de la guerre avec l’Espagne pour faire frapper, de manière illégale selon Louis XIII et Richelieu, des « juteux » doubles tournois de cuivre dans leurs territoires souverains ou réputés tels : à Arches-Charleville, à Sedan, à 1 Par ailleurs membre de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. 2 Colloque placé sous le Haut Patronage de S. A. S. le Prince Albert II de Monaco, duc de Mazarin par héritage de la dernière duchesse de Mazarin au XVIIIe siècle. LE COIN DU LIBRAIRE MAZARIN, ROME ET L’ITALIE (2E PARTIE)

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