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Bulletin Numismatique n°223 22 EN MARGE DU RÉCENT CONGRÈS DE VARSOVIE : QUELQUES SOUVENIRS POLONAIS DANS LA NUMISMATIQUE ROYALE FRANÇAISE (XVIE-XVIIE SIÈCLES) Dans le Bulletin Numismatique n° 222 (p.18), notre ami Laurent Schmitt nous a excellemment informés du Congrès International de Numismatique 2022 tenu à Varsovie, capitale de la Pologne, du 11 au 16 septembre ; en outre il nous en a annoncé le futur compte rendu1. Rappelons que ce congrès, en principe organisé tous les 6 ans, l’a été pour la première fois à Paris en 1953. Jean Lafaurie en avait été alors le secrétaire, Jean Mazard étant le président de la Société française de numismatique. Mes relations connues avec la Pologne auraient dû m’y faire participer (j’avais communiqué au Congrès de Bruxelles en 1991) comme j’y étais convié. Mais l’évolution défavorable de mon état de santé, ainsi que mes obligations officielles à Monaco du 18 au 25 septembre, m’ont contraint de renoncer. En revanche, il me paraît utile de signaler une certaine présence polonaise dans la numismatique française des XVIeXVIIIe siècles. La plus significative est le titre de « Roi de France et de Pologne » que l’on trouve sur les monnaies2 et les médailles de Henri III (1574-1589). Les morts successives de ses deux frères aînés, sans descendance légitime, François II puis Charles IX, respectivement en 1560 et 1574, lui offrirent la couronne de France alors qu’il avait été élu, peu auparavant, roi de Pologne ; à l’époque, la monarchie n’était pas héréditaire dans ce pays mais élective. Henri III renonça alors au trône de Pologne qui figure sur toutes ses productions numismatiques. Ce titre disparut naturellement à sa mort car il était viager, non transmissible ; par ailleurs, on ne connaît pas de monnaies polonaises au portrait de Henri III. Voici la photo du revers d’une rare médaille de 1573 (fig.1) extraite du recueil de Jacques de Bie (1636, page 216, dessin pl.73 n°IX) Avers : « HENRICVS. D. G. POLONIAE. REX. INVICTISS. 1 Il ne faut pas s’étonner de l’ouverture du Congrès par un concert Chopin ! Les polonais, unanimes, vouent un véritable culte à ce musicien qui est considéré comme le symbole transcendant et intemporel de la Pologne éternelle et de l’âme polonaise. Chopin représente pour les Polonais plus que l’addition de Jeanne d’Arc, Napoléon et de Gaulle chez les Français. 2 Voir les ouvrages de Lafaurie et Prieur, Duplessy et S. Sombart (Franciae IV). Cette partie donne à la postérité « l’effigie du monarque nommé de demy-buste, armé et placé d’allant, le chef nud (sic) ceint d’une couronne de laurier, les feuilles pointées vers le front, et le neud (sic) du diadème tombant par derrière. » REVERS : « EXTERNO. PORTAT. SVA. LVMINA. MVNDO. Pour le corps il feint un orizon (sic), et un soleil passant audelà de la mer, comme en action de porter la lumière d’un des hémisphères à l’autre, afin de s’y faire admirer, et pour cela remarquer par allégorie le passage du monarque au royaume de Pologne qui lui avait été déféré par élection. » De Bie précise également que la date est inscrite en chiffres « indiens3 » au-dessous du défaut du bras, « pour souvenance à la France, qui sembla se réjouir et témoigner tout ensemble un regret très grand au départ de ce Roy admiré et incomparable pour ses rares vertus » (année 1573). Sous Louis XIV, la princesse française Marie-Louise de Gonzague, fille du duc de Nevers, pair de France, devint reine de Pologne en 1646. Le roi Casimir de Pologne ayant abdiqué, il fut reçu en France en 1669 et il s’y retira avec l’accord de Louis XIV. Une belle médaille célèbre cet événement, elle rappelle l’hospitalité accordée par le Roi-Soleil au roi de Pologne, en étant placée sous le symbole de la Concorde et de l’Amitié (fig.2). Un peu plus tard, lorsque le célèbre Jean Sobieski, qui vaincra les Turcs assiégeant Vienne en 1683, sera élu roi de Pologne, Louis XIV lui décernera en 1675 l’Ordre du Saint-Esprit et de Saint-Michel. Ces deux dessins (fig.2 et 3) sont extraits de l’Histoire métallique de Louis XIV (1702, pp. 113 et 150). Le cordon de chevalier des Ordres du Roy, Saint-Esprit et Saint-Michel, sera envoyé et remis au roi de Pologne par le marquis de Béthune à Zolkien en Pologne. fig. 2 3 On dit aujourd’hui arabes. EN MARGE DU RÉCENT CONGRÈS DE VARSOVIE…

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