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Bulletin Numismatique n°220 42 Aussitôt que toutes les signatures seront finies, nous feront, Monseigneur, éteindre et supprimer les 510 mille billets créés en 1766, même avant l’arrivée du second envoi des nouveaux billets, si cela nous est possible. On constate que Poivre avec Ardibus (l'autre signataire, qui démissionne le 20 décembre 1768) est à nouveau confronté au problème des signatures. Il indique que pour cette émission, à raison de 3000 signatures par jours, il leur faudra 128 jours pour valider l'ensemble des billets, soit 384 000 billets (on est loin des 115…) pour une somme de 2 millions de Livres. Il précise aussi que tous les billets sont de même forme et même grandeur et que les valeurs vont de 10 Sols à 120 Livres. Actuellement seules les valeurs 3, 6, 12, 24 et 30 Livres sont répertoriées (30 Livres non retrouvé). 23 août 1771 Besoin urgent de piastres et de papier monnaie Le 23 août 1771 - Poivre au ministre. Papier monnaie. N°.4 A l’Isle de France le 23 août 1771 Monseigneur, (…) Les deux millions de livres en papier monnaie créés par l’édit du mois de juillet 1768, n’ont jamais suffi pour la circulation nécessaire dans les deux îles. Le papier de ces billets s’est trouvé d’une qualité trop inférieure. Ceux des billets portant la valeur depuis 10 sols jusqu’à 12 livres, qui sont les plus circulants pour les besoins journaliers, et montant ensemble à la somme d’un million quatre-vingt-huit mille livres, ont presque entièrement disparu de la circulation. Ces billets passant continuellement par la main des esclaves qui tiennent le marché public, ont bientôt été consommés, et sont tombés pour la plus grande portion en pourriture, ou se sont perdus par divers événements. Nous avons été forcé d’autoriser le commis de messieurs les trésoriers généraux à mettre sur la place des bons de caisse pour une somme d’un million, équivalent à peu près à celle des billets disparus dans la circulation. Les anciens billets restants, et les nouveaux bons de caisse ne suffisent pas encore. Le commerce particulier est singulièrement ralenti par le défaut de monnaie, et c’est ce manque de papier qui multiplie si fort les lettres de change. Si la Caisse du Roi était suffisamment pourvue de billets monnaie pour faire face à toutes les dépenses, la plupart des porteurs d’ordonnances préféreraient d’être payés en monnaie circulante dans le pays, plutôt que d’attendre pendant 18 mois le retour de leurs fonds qu’ils sont obligés de convertir en lettres de change. J’ai l’honneur de vous proposer, Monseigneur, de vouloir bien obtenir du Roi un second édit de création de trois autres millions de livres tournois en papier monnaie pour nos Isle de France et de Bourbon, dans la forme semblable au premier. La moitié en billets de cette nouvelle création sera nécessaire pour retirer les bons de caisse mis dans la circulation par le commis de MM. les trésoriers généraux des colonies. Il serait à désirer que tous les billets monnaie depuis la somme de 10 sols jusqu’à celle de 3 livres fussent imprimés sur parchemin avec un tampon remarquable ou un cartouche différent pour chaque différente valeur. Les Noirs qui ne savent pas lire sont souvent trompés ou embarrassés dans la réception de billets de valeurs différentes, qui n’ont aucune différence par la forme. Il serait également à désirer que les papiers monnaie d’une valeur supérieure à celle de 3 livres eussent chacun un timbre très apparent et un cartouche suivant leur valeur. Ce qu’il y aurait de plus sensible et de plus remarquable, surtout pour les Noirs et ceux qui ne savent pas lire, serait un cartouche rouge par exemple pour les billets de 10 sols, vert pour les billets de 20 sols, bleu pour ceux de 40 sols, noir pour ceux de 3 livres. Les billets peuvent encore être distingués par la grandeur du cartouche. L’île de Bourbon est dans le même cas que l’Isle de France, elle manque également de papier monnaie quoique l’abondance de ses cafés y ait attiré une partie des billets monnaie de l’Isle de France. Sur les représentations de M. de Crémont ordonnateur de cette île, nous venons d’autoriser le commis de MM. les trésoriers généraux, à mettre pour cent mille écus de bons de caisse à l’île de Bourbon. Ces archives montrent bien les difficultés « d'intendance » rencontrées pour faire circuler le papier-monnaie. Le problème des signatures, de la qualité des billets, de la différenciation des valeurs. Ce qui nous semble aujourd'hui clair et établi est le résultat de ces questionnements et des solutions trouvées à l'époque. N’oublions pas que nous sommes vingt ans avant la Révolution et ses assignats ! Les Bons de Caisse signalés par Poivre sont certainement ceux indiqués par le docteur Kolsky comme l'Émission Hulot (p.188 Ref.510 : 700 billets pour 2 millions de Livres – Poivre indique 1 million mais il a peut-être poursuivi l'émission après le 23 août ). Le courrier de Poivre a entraîné la création de l'émission de son successeur, Maillart du Mesle en novembre 1772, mais les billets de Poivre ont circulé parallèllement (annulés ou non ?) jusqu'en 1777. LES ÉMISSIONS D'ÎLES DE FRANCE ET BOURBON SIGNÉES POIVRE DÉCOUVERTE D'UN EXEMPLAIRE NON ANNULÉ !

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