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Bulletin Numismatique n°220 41 Ceci corrobore les données du docteur Kolsky p.185 Ref.504, avec deux séries : 215 000 billets (représentant 250 000 Livres) pour l'Îsle de France et 210 000 billets (représentant 260 000 Livres) pour l'Îsle Bourbon. Ces quantités augmentent encore le doute sur les 115 billets de l'émission suivante… 30 novembre 1767 Poivre au ministre : les monnaies Monseigneur, Les monnaies de carte que le Roi a établies dans cette île par son ordonnance de décembre 1766 n’étaient pas arrivées lorsque nous avons publié notre législation. Ces nouveaux billets monnaie au nombre de 215 000 pour la somme de 260 mille livres avaient été créés pour remplacer les anciens petits billets de la Compagnie qui servaient ci-devant aux besoins journaliers du marché public. Ils doivent être signés de l’ordonnateur et du commissaire contrôleur de la Marine. Ces signatures devaient exiger un temps très considérable (1), et dans ces commencements, la besogne nous pressant de toute part, je ne pouvais espérer de trouver du temps pour un si grand nombre de signatures. Nous avons pensé que ce serait pourvoir au besoin du moment que de proroger par une ordonnance particulière de police, le cours des anciens petits billets de la Compagnie depuis 25 sols jusqu’à 20 livres, que les billets du Roi devaient remplacer. Je compte que dès les premiers jours de janvier tous nos billets royaux seront signés et auront cours (…) Si vous consentez un jour à augmenter ici la masse des papiers circulant, il sera bien essentiel que les billets soient imprimés sur parchemin. (1) Nous avons estimé qu’il nécessitait de l’ordre de 200 heures de signature, et sans doute bien davantage pour un manchot droitier obligé d’utiliser sa main gauche ! Pierre Poivre avait perdu son bras droit lors d'un de ses voyages suite à une attaque de pirates, ce qui rendait difficile l'apposition de milliers de signatures… 22 mai 1768 et 05 septembre 1768 EXTRAITS DU JOURNAL DE M. DUMAS, GOUVERNEUR DE L’ISLE DE FRANCE Du dimanche 22 mai 1768. Le Sr Saunois employé en qualité de mécanicien m’a dit aujourd’hui en parlant de quelques travaux utiles, que pour le moment il était fort occupé parce que M. Poivre ayant à signer une grande quantité de billets monnaie, avait fait faire une griffe et l’avait chargé d’exécuter ces signatures par ce moyen. Cette opération a été trop tardive, elle a étranglé la circulation. Dès que M. Poivre s’était déterminé à ne pas signer ces billets de sa main, il fallait faire faire sa griffe plus tôt et mettre ces billets monnaie dans le commerce. Du lundi 5 septembre 1768. (…) à ce sujet il faut que j’observe que le nommé Para orfèvre a été chargé dès l’année dernière par M. Poivre, de lui faire une griffe pour le racheter de ce grand nombre de signatures, et qu’il l’a exécutée dans le mois d’août ; ainsi le prétexte que M. Poivre a toujours mis en avant, savoir qu’il n’avait pas le temps de signer ces billets, ne peut plus être reçu pour une raison solide. Ajoutons à cela que la griffe ayant été faite dans le mois d’août de l’année dernière, M. Poivre ne l’a confiée au Sr Saunois que vers le 22 mai dernier, et que cette besogne ayant été finie vers le [laissé en blanc], il n’est point encore question de travailler à la conversion des billets. Ce même Para chargé de faire la griffe sous le plus grand secret, ayant obtenu confiance par cette occasion, fut chargé de ramasser des petits billets. La lecture de l'ensemble du Journal du Gouverneur Dumas montre clairement que l'entente avec Poivre était loin d'être cordiale ! Dumas quitta l'île en décembre 1768, remplacé par Desroches en juin 1769 avec qui Poivre sera à nouveau en conflit. La griffe utilisée pour la signature de Poivre fut donc créée en août 1767 et fut officiellement détruite fin août 1772. L'ÉMISSION POIVRE : JUILLET 1768 04 juillet 1769 Le 4 juillet 1769. Desroches et Poivre au ministre. A l’Isle de France le 4 juillet 1769 N°11. Papier monnaie. Monseigneur, Aussitôt après l’enregistrement de l’édit portant création de deux millions de Papier monnaie, nous avons travaillé à faire circuler cette nouvelle espèce qui peut et doit être d’une grande utilité à la colonie ; mais qui, sans le zèle unanime qu’elle a témoigné, aurait souffert de grandes difficultés, par les inconvénients insurmontables que nous avons éprouvés. 1° En supposant que M. Poivre, M. Ardibus et le trésorier fassent 3000 signatures par jour il faut 128 jours pour que les papiers que le Sphinx a apportés soient en état de paraître dans le public. On y a suppléé autant que l’on a pu ; mais nous ne pouvons pas dissimuler que le bon esprit des habitants et leur obéissance aveugle aux ordres du Roi ont plus aplani de difficultés que tous les moyens que nous avons employés. 2° Tous les billets étant d’une même forme et d’une même grandeur, et les négresses qui seuls portent des denrées au bazar et qui en achètent une grande partie, ne sachant pas lire, ne peuvent pas distinguer un papier de 120 livres de celui de 10 sols. Cet incident a interrompu le marché pendant quelques jours. Rien n’y est venu. Nous devons encore, Monseigneur, vous rendre compte que cela n’a excité aucun murmure. Chacun s’est passé, sans en dire mot, des objets de seconde nécessité et même tenant de bien près à la première. C’a été un motif de plus pour nous de recourir au remède. Nous avons d’abord publié que l’on ne porterait au bazar que des papiers de 10 sols, par ce moyen les Noirs et négresses ne pouvaient pas être trompés. Nous avons enfin été forcés de contremarquer au dos de trois marques distinctives, et dont les différences sont sensibles aux yeux des hommes les plus grossiers, les papiers de 10 sols, ceux de 20 sols, et ceux de 40 sols. Nous avons cru indispensable de prendre ce parti et nous n’avons pas cru nécessaire de l’étendre au-delà, puisque les billets de cette valeur suffisent pour les affaires des gens qui ne savent pas lire et qui ne seront pas tenus à en recevoir d’autres. LES ÉMISSIONS D'ÎLES DE FRANCE ET BOURBON SIGNÉES POIVRE DÉCOUVERTE D'UN EXEMPLAIRE NON ANNULÉ !

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