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Bulletin Numismatique n°220 30 Il n’y avait pas non plus treize colonies, il y en avait quinze, les deux Florides ne sont pas reprises dans le compte parce qu’elle étaient restées fidèles à la couronne britannique. Le 30 mars 1780, 14 000 soldats et 90 navires britanniques bloquent le port de Charleston coupant des lignes d’approvisionnement importantes. La ville tombe avec sa garnison le 12 mai. Le port de Charleston est le plus grand port du pays après Boston, New York et Philadelphie. La prise de ce port stratégique à un moment où George Washington est réduit à l’inaction par la misère de son armée aurait pu être un coup fatal pour les insurgés. À cette date, l’armée américaine se trouve en très mauvaise posture, la révolution, le rêve d’indépendance, manque de tourner court. 1779, l’Espagne, qui fournissait déjà du matériel aux colons anglais dans leur rébellion contre leur mère patrie, déclare providentiellement la guerre à l’Angleterre. En ce temps, la Louisiane est espagnole, son gouverneur le général Bernardo de Galvez reçoit l’ordre de mener une expédition militaire sur le Mississipi inférieur. Il capture tous les forts britanniques sur la rive est du fleuve et prend la ville de Mobile. La prise du port de Charleston par les Anglais et le contrôle des ports de la côte est contribuent à étouffer l’armée américaine déjà en piteux état. La reconquête de la Floride occidentale et de ses ports par l’armée espagnole, outre maintenir sur place des forces qui, déplacées en d’autres lieux, auraient occasionné un fort préjudice pour la « cause », pourrait rétablir des lignes d’approvisionnements… Il faut prendre le fort de Pensacola. Cette place forte de Floride tenue par une garnison britannique n’est accessible que par la mer. En mars 1781, Galvez porte une escadre d’une quarantaine de vaisseaux espagnols devant les défenses de la place. Il faudra 2 mois d’intenses combats, du 9 mars au 9 mai 1781, pour que le général Galvez et ses 7 800 hommes prennent la position. Cette armée comptait 3 500 grenadiers espagnols, des Créoles de la Louisiane, des Noirs libérés, des mercenaires wallons, des Irlandais, des Haïtiens, des Amérindiens, 1 500 marins de la flotte et 725 Français… L’intervention de l’armée espagnole empêche l’encerclement des forces américaines par le sud et ouvre un corridor vital d’approvisionnement. Par rapport à la guerre d’Indépendance américaine, ce siège tient peu de place dans l’historiographie classique. La prise de Pensacola par les alliés espagnols est une victoire importante qui a contribué prodigieusement à la victoire des patriotes américains et à la défaite de l’Angleterre. Le Congrès des États-Unis citera Gálvez pour son aide durant la Révolution et finira, en 2014 (ils y auront mis le temps…), par le faire citoyen d’honneur des États-Unis. Les Américains ont baptisé en son honneur la ville de Galveston. The United States of America, en plus d’avoir été découverts par un Génois, de porter le nom d’un Italien démontrent un profil anglo-saxon tenant à rien ou à peu son âme latine. Si en 1620, le Mayflower emmène de Plymouth les « pères fondateurs », le bateau s’appelait en vérité « fiore di maggio » et avait appartenu à une famille florentine, les Guicciardini. La fleur de mai, c’est le « Giglio » symbole de la ville de Florence… Le plus ancien établissement d’origine européenne resté continuellement occupé sur le territoire continental des États-Unis ce n’est pas Boston, ni Philadelphie, ni New York, ni Plymouth, ni Jamestown, mais Sainte Augustine en Floride fondée par les Espagnols en 1565. Par oubli, par négligence, dans un véritable « dessein », la mémoire et son Histoire se racontent « comme on veut ». Il y a donc bien du sang latin et même espagnol dans ce colosse, mais pas que…, mais pas que… PENSACOLA, U.S.A. PLUS LATIN QU’ON NE CROIT OU CE QU’ILS DOIVENT À L’ESPAGNE

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