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Bulletin Numismatique n°220 27 Avers : .LVD. XIIII. D. G. soleil (différent du graveur général Roettiers) FR. ET. NAV. REX dauphin (différent du directeur de l’atelier de Grenoble, Jean-Pierre Le Gay) Tête laurée de Louis XIV, tournée à droite, portant une perruque aux cheveux courts. Sous le cou du roi, le millésime 1703 avec en dessous un point non expliqué. Revers : .CHRS. couronne. REGN. couronne. VINC. couronne. IMP rose, sous laquelle figure un point6, couronne. Croix formée de huit lettres L adossées et couronnées (les couronnes divisant la légende), brochant sur les insignes de la royauté, à savoir un sceptre et une main de justice qui sont posés en sautoir. Au centre de la croix figure dans un cercle la lettre Z qui est le différent de l’atelier, appelé aussi différent de ville. Le dauphin, comme écrit plus haut, est le différent du directeur de l’atelier Jean-Pierre Le Gay, nommé par commission le 8 août 1702. La rose du revers est le différent du graveur Charles Hervé qui était par ailleurs tailleur-graveur de la ville de Grenoble. C’est la première fois que cette rose apparaît sur une monnaie grenobloise après 1700 et elle ne revient qu’en 1709-1710 sur les dernières monnaies gravées par Hervé avant sa mort dramatique. En effet, dénoncé en 1710 par des 6 Ce point termine la légende. Faute de place disponible, il est insculpé sous la rose, différent du graveur Hervé. Par comparaison avec un autre double louis d’or aux huit L et insignes qui précède ce présent n°355 (n°354, Paris, réformation), ce dernier montre un point identique en dessous du différent du graveur ainsi que du différent de réformation (trèfle), naturellement absent sur la présente monnaie de Grenoble. faux-monnayeurs qui l’accusent d’être le fabricant de fausses monnaies dans l’atelier même de Grenoble, Hervé meurt tragiquement après son arrestation alors qu’on le conduit de Grenoble à la prison de Seyne-les-Alpes située entre Gap et Digne ; sans doute s’est-il suicidé mais les autorités préfèrent accréditer la version d’une mort naturelle qui lui permet de recevoir des obsèques religieuses et qui évite la propagation d’un scandale public7. On peut penser qu’Hervé, qui fabriqua des fausses monnaies dès 1702, évita pour cette raison de mettre son différent de graveur sur les monnaies grenobloises réformées, notamment celles de la quatrième réformation (1704-1705). Grâce à ce magnifique double louis d’or de la vente du 7 avril 20228, pour le moment unique exemplaire retrouvé des 565 exemplaires qui furent délivrés le 30 juin 1703, nous savons que Charles Hervé adopta temporairement une rose, emblème de Grenoble, dès 1703 avant de la reprendre en 1709-1710. Cette information complète nos travaux consacrés à la monnaie royale de Grenoble sous Louis XIII et Louis XIV entrepris depuis 1990 et publiés dans la RN et le BSFN. Christian CHARLET BIBLIOGRAPHIE CHARLET 2015 : Christian CHARLET, La réouverture de la Monnaie de Grenoble et la dernière émission des espèces «aux armes du Dauphiné» (1702-1703), Revue numismatique 2015, pp.87-132. CHARLET, CLAIRAND 2015 : Christian CHARLET, Arnaud CLAIRAND, Hôtel des monnaies et faux monnayage. Les destinées surprenantes des deux premiers graveurs de la Monnaie de Grenoble au XVIIIe siècle, Revue numismatique 2015, pp.133-159. CHARLET, CLAIRAND 2019 : Christian CHARLET, Arnaud CLAIRAND, Un troisième quart d’écu d’argent de Louis XIV, au type dit « du Dauphiné aux insignes », Grenoble 1702, récemment retrouvé, BSFN 2019, pp.297-299. CHARLET, PASTRONE 2019 : Christian CHARLET, Francesco PASTRONE, Un demi-écu et un douzième d’écu de Louis XIV aux armes du Dauphiné et au millésime inédit 1703, récemment retrouvés, BSFN 2019, pp.125-129. NB. Cet article renoue avec mes études consacrées aux monnaies royales françaises de la période Louis XIII-Louis XVI, suspendues depuis des mois en raison de l’apport de toutes mes connaissances en ce domaine à mon excellent ami Arnaud Clairand pour son livre magistral en cours d’achèvement. C’est pourquoi cet article lui est naturellement dédié et il a pu en prendre connaissance avant sa publication. 7 CHARLET, CLAIRAND 2015. 8 Prix atteint : 12 500 € UNE EXTRAORDINAIRE MONNAIE DE LOUIS XIV RETROUVÉE : LE DOUBLE LOUIS D’OR FRAPPÉ À GRENOBLE EN 1703

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