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Bulletin Numismatique n°220 26 Toutes les monnaies frappées dans l’atelier de Grenoble au cours de la Troisième réformation de Louis XIV (septembre 1701-octobre 1703) sont extrêmement rares. L’atelier, qui était fermé depuis 1662 à l’occasion du bail de Genisseau (17 mai 1662) avait exceptionnellement rouvert en exécution d’un arrêt rendu par le Conseil d’État du Roi le 21 mars 1702. La fabrication avait alors repris au second semestre de 1702 avec la frappe de la série d’argent de l’écu dit « du Dauphiné aux insignes » montrant les armes écartelées de France et du Dauphiné : écu, demi-écu, quart d’écu, douzième d’écu ; on connaissait également la pièce d’argent isolée de 5 sols aux insignes1. Jusqu’en 2012, on ne connut pas d’exemplaires au millésime 1703 mais seulement des monnaies millésimées 1702. En 2012 apparut une pièce de 5 sols 1703 dans le catalogue de vente de la collection du baron Louis Chaurand, descendant du célèbre numismate Gustave Vallier. En 2019, apparurent le demi-écu et le douzième d’écu au millésime 1703, ce qui permit de reclasser à l’année 1703 un demi-écu présumé millésimé 1702 par erreur2. Aucune monnaie d’or n’avait été retrouvée à cette date, malgré une information fournie en 1989 par F. Droulers3. On savait pourtant, grâce aux archives, que 565 doubles louis avaient été frappés en flan neuf, monnaies dites de conversion, en 1703. Toutefois, nonobstant l’information Droulers cidessus, aucun exemplaire n’avait été retrouvé. C’est pourquoi 1 Cf. CHARLET 2015, pp.87-132. 2 CHARLET, PASTRONE 2019, pp.125 et suiv. 3 CHARLET 2015, p.121. il faut saluer l’apparition d’un double louis 1703 de conversion (flan neuf ) dans une récente vente aux enchères parisiennes de Thierry Parsy le 7 avril 2022 à Paris-Drouot, catalogue n°355. (fig.1) Bien photographiée, bénéficiant d’un agrandissement, la pièce est bien signalée comme frappée en flan neuf. Le chiffre de fabrication de 565 exemplaires, obtenus en une seule délivrance le 30 juin 1703, est bien indiqué : l’expert l’a sans doute trouvé dans mon article de la Revue numismatique 2015 p.117 (emprunt non précisé). La description complète de cette monnaie, pour le moment unique, permet de mieux cerner les tâtonnements du graveur Charles Hervé dans l’apposition de son différent. On sait qu’en 1709 Hervé adopte pour différent une rose, emblème de la ville de Grenoble4. En revanche, les monnaies de la quatrième réformation (1704-1705) ne montrent pas de différent de graveur, tant en or qu’en argent, tandis qu’en 1702 les monnaies de la série de l’écu dit « du Dauphiné aux insignes », montrent pour seul différent de graveur deux points (..)5. Naturellement, on ne disposait jusqu’à présent d’aucune information concernant un éventuel différent de graveur sur les monnaies d’or de la troisième réformation frappées à Grenoble. Le présent double louis d’or comble cette lacune. Reprenons la description détaillée de cette monnaie que ne donne pas le catalogue, limité à une description sommaire. 4 CHARLET, CLAIRAND 2015, pp.133-159. 5 CHARLET 2015, pp.87-132. UNE EXTRAORDINAIRE MONNAIE DE LOUIS XIV RETROUVÉE : LE DOUBLE LOUIS D’OR FRAPPÉ À GRENOBLE EN 1703

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