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Bulletin Numismatique n°219 20 LE FLORIN D’OR 2E TYPE, NON MILLÉSIMÉ, DU DUC HENRI DE LORRAINE DIT « LE BON » A-T-IL ÉTÉ FRAPPÉ EN 1624 ? Récemment, Arnaud Clairand m’a fait connaître, en me demandant mon avis, une monnaie d’or du duc de Lorraine Henri dit « le Bon ». Ce souverain des duchés de Lorraine et de Bar, qui succéda à son père le duc Charles III de Lorraine en mai 1608, était né le 2 novembre 1563. Il décéda le 31 juillet 1624 après avoir signé une dernière ordonnance monétaire riche de nombreuses informations dignes d’intérêt. La monnaie en cause, répertoriée en 1841 par F. de Saulcy dans son ouvrage sur les monnaies des ducs de Lorraine (p.162 et planche XXV n°4), était connue en un seul exemplaire, aujourd’hui conservé à Paris dans la collection du Cabinet des médailles de la BnF. Nous nous trouvions donc en présence d’un second exemplaire, proposé à la vente. Après un examen attentif de cette pièce, nous fûmes convaincus qu’il s’agissait d’un faux, lequel fut alors rendu à son propriétaire. Toutefois, cet événement nous a permis d’étudier cette pièce en détail et de contester sa qualité de pistole que lui attribue Dominique Flon (t. II, p. 672 n°9) alors que de Saulcy n’avait pas formulé d’attribution. Pour nous, cette pièce n’est pas une pistole comme l’affirme D. Flon, ou plutôt une demipistole compte tenu de son poids (3,19 g pour l’exemplaire du Cabinet des médailles), mais plutôt un florin d’or d’un second type, le florin du 1er type étant caractérisé par la présence d’un motif montrant saint Nicolas. À l’époque, l’écu d’or, la demi-pistole et le florin étaient presque de même poids, et la différenciation entre eux était assurée seulement par leurs titres respectifs qui n’étaient pas les mêmes ainsi que par des motifs variés permettant de les distinguer. Ainsi ces trois espèces avaient-elles des poids théoriques de 3,26 à 3,31g qui n’étaient pratiquement jamais respectés dans la réalité. C’est ainsi que le titre de l’écu d’or et de la pistole (idem pour la demi-pistole) était de 21 carats d’or fin alors que le titre du florin n’était que de 17 carats et demi. Dans la nomenclature des espèces d’or lorraines, frappées depuis Antoine Ier à partir de 1508 jusqu’à Charles IV en 1639, dernière émission de la pistole, le florin est la monnaie d’or courante par excellence, la monnaie de référence dans l’espace lorrain dont la frappe est la plus abondante. En revanche, la pistole, qui est imitée de la pistole espagnole, monnaie mondiale de référence à l’époque, reste une monnaie d’exception qui n’est frappée que dans des circonstances exceptionnelles. Ce qui distingue la pistole lorraine et sa demi-pistole des autres espèces d’or comparables par le poids, à défaut du titre, c’est la présence sur ces pièces de deux éléments spécifiques qui leur sont réservés, à savoir un motif précis et une légende originale. Le motif est constitué d’une croix de Jérusalem, propre à la Lorraine, car elle figure dans les armoiries des ducs de Lorraine qui prétendaient descendre de Godefroid de Bouillon, premier roi de Jérusalem. Cette croix de Jérusalem imite la croix potencée qui figure sur les pistoles et les demipistoles espagnoles. La légende originale des pistoles et des demi-pistoles lorraines est empruntée à certaines monnaies de Charles-Quint, le « roi catholique », défenseur de la religion. Elle est exprimée en latin : « (DOMINE, implicite) DA. MIHI. VIRTV (TEM). CONTRA. HOSTES. TVOS » qui signifie : « (Seigneur) donne-moi de la vaillance (du courage) contre tes ennemis ». Egalement ardents défenseurs de la religion catholique, les ducs de Lorraine épousent ce combat de Charles-Quint. Par exception, le portrait du duc remplace la croix de Jérusalem sur les doubles pistoles aux millésimes 1587 et 1588 mais la légende DA. MIHI. VIRTV. CONTRA. HOSTES. TVOS demeure ; certaines des pistoles de mêmes millésimes montrent également le portrait du duc Charles III. Sur les imitations des pistoles et demi-pistoles lorraines dans des principautés ardennaises à l’époque, les pistoles et les demi-pistoles montrent le motif à la croix de Jérusalem à Arches-Charleville et à Château-Regnault tandis que la double pistole d’Arches-Charleville, gravée par Nicolas Briot, montre le portrait du duc de Nevers, Charles de Gonzague de Clèves. Dans la Lorraine ducale, la pistole, sa demie ou la double ne furent frappées qu’à titre exceptionnel, lors d’événements importants et graves de la vie du duché. La demi-pistole fut créée en 1555 sous la régence de Nicolas de Vaudémont avec l’appellation « écu pistolet ». La double pistole, la pistole, la FLORIN D’OR 2E TYPE, NON MILLÉSIMÉ

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