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Bulletin Numismatique n°218 26 Dans le Bulletin numismatique n° 216, M. Centlivre de Mulhouse nous faisait part de son heureuse découverte d’un jeton de cuivre, peut-être inédit, portant à l’avers le portrait de Claude Bourru, doyen de la faculté de médecine de Paris, et au revers des armoiries indéterminées surmontées d’une couronne de marquis et soutenues par deux lions. Sur la tranche, un poinçon main indicatrice et la mention « cuivre » indiquent qu’il s’agit d’une refrappe du XIXe siècle. Dans le Bulletin numismatique n° 217, Jean-Luc Binard apportait d’importantes précisions. Tout d’abord, la datation : entre 1845 et 1860. Il rappelait ensuite, qu’une frappe en argent est mentionnée par Feuardent sous le numéro 4684 et que cet auteur signalait également des exemplaires en cuivre sous le numéro suivant. En revanche, malgré ses recherches précises, Jean-Luc Binard n’avait pas réussi à identifier les armoiries. Répondant à l’invitation de Jean-Luc Binard de prolonger les investigations pour attribuer les armes figurées au revers de ce jeton, je prends immédiatement ma plume pour apporter ma contribution à cette enquête collective. Car le Nantais que je suis n’a pas eu de mal à reconnaître le blason de Pierre Richard, sieur de la Pervanchère, maire de Nantes en 1787-1788. Il portait d’azur à six macles d’or posées 3.2.1. Fils d’un armateur, Pierre Richard de la Pervanchère fut également lieutenant civil et criminel en la sénéchaussée et présidial de Nantes, député aux États de Bretagne, conseiller d’État et colonel de la milice (grade associé à son mandat de maire). Le jeton de la Pervanchère est bien connu. On le retrouve référencé au numéro 8936 de Feuradent et 4193 de Corre. Cependant, l’identification des armoiries ne lève pas le voile sur les mystères de la frappe de ce jeton qui associe curieusement un avers de la faculté de médecine de Paris et un revers de la mairie de Nantes. Je dirais même que les ténèbres s’épaississent… Pourquoi une telle association ? Rappelons toutefois qu’il ne s’agit pas d’un cas unique. En effet, dans le Bulletin numismatique n° 140, je signalais déjà un jeton portant à l’avers l’effigie de Jean-Jacques Belleteste, élu par trois fois doyen de la faculté de médecine de Paris (Feuardent numéros 4635 à 4639) et au revers les armoiries de Léonard Joubert du Collet, maire de Nantes de 1762 à 1766 (Feuardent numéro 8924). Cette curiosité était répertoriée par Feuardent sous le numéro 4634, mais mal attribuée, et il ne précisait pas qu’il pouvait s’agir d’une refrappe. Le cas du jeton Bourru / Pervanchère amplifie le doute. Tout amène donc à penser que nous sommes face à des « forgeries », c’est-à-dire des faux pour collectionneurs, une pratique très fréquente au XIXe siècle1… Deux cas de figures : • soit des refrappes frauduleuses faites pour duper les collectionneurs. Celles-ci n’ont généralement pas de poinçons ; • soit des refrappes produites à la demande même de collectionneurs. Celles-ci ont les poinçons de garantie de la Monnaie de Paris, dépositaire des matrices originales. Les jetons étudiés ci-devant entrent assurément dans cette seconde catégorie. Gildas SALAÜN Grand Patrimoine de Loire-Atlantique 1 Le musée Dobrée, en cours de rénovation, comprendra une salle numismatique dans son futur parcours permanent. Une vitrine sera justement consacrée aux faux et forgeries du XIXe siècle. RÉPONSE COMPLÉMENTAIRE À R. CENTLIVRE DE MULHOUSE

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