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Bulletin Numismatique n°218 25 Récemment, lors du salon du SNIIF à Taverny (6 février) qui a remplacé la célèbre et excellente bourse d’Argenteuil, l’occasion m’a été donnée d’acheter auprès d’un marchand ambulant, installé en face du stand de Cgb.fr, une médaille de Garibaldi dont je ne soupçonnais pas l’existence. Il existe plusieurs médailles de Garibaldi (1807-1882) dont celle par laquelle la ville de Nice l’honore en 1907 à l’occasion du centenaire de sa naissance. Les obédiences maçonniques, dont celles d’Italie, lui ont également dédié des médailles commémoratives. Quant à la République italienne et à la République de Saint-Marin, elles ont même frappé des monnaies à son effigie (3 fois à Saint-Marin), notamment à l’occasion du bicentenaire de sa mort en 2007. La médaille acquise à Taverny ne paie pas de mine (cf.photo). Elle est en vil métal, peut-être un alliage de plomb ou d’étain. A l’avers est représenté le portrait de Garibaldi âgé, tête nue, accompagné de la légende Giuseppe (Joseph) Garibaldi. Rappelons que lorsqu’il naquit à Nice en 1807, ses parents étant italiens, la ville avait alors été rattachée à la France. Toutefois, à l’exception des Niçois qui vénèrent Garibaldi, la France s’est généralement montrée ingrate envers ce héros des DeuxMondes (il se rendit célèbre en Amérique du Sud indépendamment de l’Italie) dont deux de ses petits-fils moururent pour la France en 1915 dans les combats de l’Argonne (monument commémoratif au Père-Lachaise)1. Lui-même, Gari1 En 1914, alors que l’Italie était encore neutre, le second fils de Garibaldi, sexagénaire encore vivant, recruta en Italie une légion de combattants volontaires au service de la France en lutte contre l’empire allemand du Kaiser Guillaume II. Ces volontaires italiens, parmi lesquels trois petits-fils de Garibaldi, prirent le nom de Garibaldiens de l’Argonne où ils se battirent en première ligne dans des combats meurtriers qui les décimèrent ; parmi eux deux petits-fils de Garibaldi. Les Garibaldiens de l’Argonne ont leur monument commémoratif au Père Lachaise tandis que les combattants italiens morts en France après 1915 ont leur monument au cimetière parisien d’Ivry. La ville de Paris a donné le nom de Garibaldi à un boulevard dans le 15e arrondissement baldi était venu se battre pour la France en 1870-1871 contre les Prussiens bien qu’étant déjà gravement malade et obligé de se déplacer dans une carriole car il ne pouvait plus monter à cheval. Le revers de cette médaille, entièrement rédigé en italien, comprend d’abord une légende circulaire. Celle-ci veut dire : Gloire d’Italie et Amour des Deux Mondes ; Espoir des opprimés et terreur des despotes ; vainqueur et prodige d’une antique valeur. Cette légende entoure une croix formée de feuilles, au centre de laquelle est représentée une étoile rayonnante à quatre branches. Dans les quatre alvéoles de la Croix sont inscrits de nombreux noms de lieux, en Italie et ailleurs, où Garibaldi s’est couvert de gloire dans ses combats pour la liberté : en Italie puis en Amérique du Sud, puis en Italie de nouveau. Nous y relevons en particulier les noms de Rome, Marsala et Montevideo qui évoquent la conquête de la cité vaticane en 1848, l’expédition des Mille en 1860 en Sicile, et auparavant la lutte de Garibaldi dans le Rio de la Plata. Rappelons que c’est à l’occasion de ses combats en Amérique du Sud, au Brésil, en Uruguay (où il fut « amiral » de la « flotte » uruguayenne !) et en Argentine qu’il adopta la célèbre chemise rouge que portent encore les Garibaldiens d’aujourd’hui lorsqu’ils viennent fleurir le monument du PèreLachaise le 11 novembre. Cette chemise rouge était celle des bouchers de Buenos-Ayres qui en donnèrent une à Garibaldi lorsqu’il se fut réfugié dans la capitale argentine : le condottiere l’adopta ainsi que ses partisans. Pour mémoire, je signale un excellent article de feu Numismatique et Change publié en 2007 ainsi que mes études consacrées à la numismatique de Saint-Marin parues dans les Cahiers numismatiques de la SENA depuis 2007. Sans oublier bien sûr l’excellent Montenegro annuel en vente au magasin de Cgb.fr, 36 rue Vivienne 75002 PARIS. Christian CHARLET UNE MÉDAILLE INSOLITE DE GARIBALDI

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