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Bulletin Numismatique n°215 21 finances de l’État, d’alléger sa dette, tout en faisant supporter aux habitants de l’Empire le prix de celles-ci, sans avoir à augmenter « officiellement » les taxes… Dévaluant les monnaies d’or et d’argent, elle permet un plus grand nombre d’espèces avec la même masse. Ainsi, le denier allégé équivaut mieux à la drachme, ce qui favorise les échanges avec l’Orient et les caisses de l’État. Des deniers d’argent de la République romaine furent refondus pour frapper de nouvelles espèces avec une masse allégée. Avant la dévaluation, des personnes initiées auraient thésaurisé l’argent, pour racheter l’or moins cher après la réforme. Donc, la réforme monétaire de Néron aurait été, selon certains, bénéfique à l’économie de l’Empire, même à long terme. Ceux-là voient une économie vivifiée, une aide à la classe moyenne et reconnaissent le mérite de Néron. D’autres considèrent que la réforme monétaire de Néron a eu des conséquences négatives dès la fin du IIe siècle… L’inflation que produit la dévaluation de la monnaie, cette taxe déguisée, amène l’augmentation des prix, le mécontentement des citoyens communs, la perte de confiance dans le système, l’emballement de l’État qui se perd en crises, la diminution de l’activité économique tout en favorisant les initiés et les spéculateurs. Une dévaluation de la monnaie est censée relancer l’économie d’un état en augmentant ses exportations, sa productivité et donc sa compétitivité. Mais la dévaluation est la conséquence d’une difficulté certainement pas le remède. Après la dévaluation, les difficultés se maintiennent au grand dam de ceux qui pensaient échapper à la nécessité de résoudre les problèmes initiaux. La dévaluation propose une monnaie plus faible qui correspond à une économie faible. Si quelques « éphémères embellies » peuvent susciter de petits espoirs pendant un certain temps, une monnaie qui reste faible conduit à une économie qui se dégrade, à l’augmentation des prix de ce qui est importé, à une perte du pouvoir d’achat, et à une diminution du niveau de vie de la population… au long cours. Quoi qu’il en soit, il semble admis par tous que sous le règne de Néron, la stabilité monétaire fut garantie et qu’on ne connut pas de graves augmentations des prix. L’autorité impériale assura avec efficacité l’approvisionnement en monnaies du système économique. L’augmentation du volume de l’Armée et de l’Administration fait qu’un plus gros volume de métal précieux doit être partagé entre un nombre plus important d’« utilisateurs de la monnaie d’or et surtout d’argent » . Comme l’explique le professeur Kunisz, sous Caligula et plus particulièrement sous Claude la production de monnaie d’argent était minime. Les séries de deniers émises n’avaient qu’un caractère de « prestige ». Oserais-je avancer cette idée, que dans un monde en « extrême » évolution il s’agirait plus d’une adaptation monétaire absolument nécessaire que d’une réforme monétaire à visée bassement lucrative. Nous ne pouvons pas considérer la réforme monétaire de Néron comme « un acte irréfléchi d’un souverain peu équilibré ». A partir de 64, la masse de l’aureus est abaissée de 1/43 de Livre à 1/45 de Livre (de 7,60 g à 7,27 g), son titre reste pur à 24 carats. 24 carats, 1000 ‰ en théorie ce serait possible, mais en pratique ce n’est pas réalisable, l’or sans alliage est trop malléable, un procédé comme la frappe l’aplatirait comme une crêpe ; pratiquement on ajoutait un peu de cuivre pour « durcir » le flan monétaire. Selon le titre de cuivre (ou d’argent) ajouté, la pièce d’or est plus jaune ou plus rougeâtre. L’idéal pour une « bonne » pièce de circulation serait 950 ‰ à 980 ‰ (soit de 22,8 à 23,52 carats). La masse du denier passe de 1/89 de Livre à 1/96 de Livre (de 3,67 g à 3,40 g) avec un titre d’environ 900 millièmes. La réforme monétaire de Néron consistait aussi à utiliser l’orichalque (Cu+ Zn) pour les sesterces, les dupondius mais aussi pour les as (8,5 grammes) les semis (4 grammes) et les quadrans (2,5 grammes). Cette extension de l’usage de l’orichalque confirmé pour toutes les émissions de Rome, fut abandonnée en 65. Ces monnaies furent autorisées à circuler conjointement avec les monnaies antérieures. NÉRON LE MONSTRE, LUCIUS LE BRAVE PARTIE 1 Aureus Quinarius Aureus Denarius Quinarius Sestertius Dupondius As Quadrans Aureus 1 2 25 50 100 200 400 1600 Quinarius Aureus 1/2 1 12 1/2 25 50 100 200 800 Denarius 1/25 2/25 1 2 4 8 16 64 Quinarius Argenteus 1/50 1/25 1/2 1 2 4 8 32 Sestertius 1/100 1/50 1/4 1/2 1 2 4 16 Dupondius 1/200 1/100 1/8 1/4 1/2 1 2 8 As 1/400 1/200 1/16 1/8 1/4 1/2 1 4 Quadrans 1/1600 1/800 1/64 1/32 1/16 1/8 1/4 1 En fait, c’est le système monétaire établi par Auguste que Néron réforme. Le système monétaire d’Auguste se basait essentiellement sur l’utilisation de quatre métaux : l’or, l’argent, l’orichalque (Cu+ Zn) et le bronze (Cu+Sn). Les aurei sont frappés à une masse de 7,98 grammes sur la base de 41 monnaies par livre d’or (42 en fin de règne). Les deniers d’argent étaient frappés à la masse de 3,89 grammes à raison de 84 monnaies par livre d’argent. Les quinaires d’or et d’argent présentent la moitié de la masse des unités équivalentes (le denier et l’aureus). Les monnaies Républicaines de bronze (= aes) présentaient une masse particulièrement variable. Jules César comprit la nécessité d’avoir des monnaies de bronze

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