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Bulletin Numismatique n°215 20 De plus, les incendies à Rome, comme dans toutes les autres grandes villes antiques, étaient relativement fréquents, à cause de l’utilisation de matériaux inflammables dans les constructions combinées à l’usage de braseros et à l’étroitesse des rues. La Rome de l’époque est une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants vivant dans des conditions précaires, dans des constructions très rudimentaires, fort propices aux incendies. Rien ne permet donc de conclure que l’incendie soit d’origine criminelle. D’autre part, Néron ne se trouvait pas à Rome lors du départ de l’incendie, et de nombreuses œuvres d’art qu’il appréciait ont été détruites par le feu. Enfin, Tacite reconnaît lui-même que les individus qui retardaient les secours, prétendument sur ordre de Néron, pouvaient très bien être des pillards ayant agi de leur propre chef et ayant utilisé ce prétexte pour avoir les mains libres. Les sources chrétiennes tardives font de l’incendie de Rome un immense brasier qui dura six jours. L’auteur romain Tacite en fait un incendie de cinq jours qui détruisit 10 des 14 districts de Rome. Le 18 juillet 64, Néron n’est pas à Rome, il se trouve à Antium. Il était de tradition que l’Empereur prenne part à la lutte contre le feu. Néron rentre en hâte. Lucius ouvre ses palais pour offrir un toit aux sans-abris et organise les distributions de nourriture pour éviter la famine parmi les survivants. La population est désorientée, elle cherche des boucs émissaires, et des rumeurs tiennent Néron pour responsable. Les conseils du Prince vont diriger cette colère vers une communauté qui s’établit dans Rome depuis quelques temps. Cette nouvelle communauté inquiète, on la dit intolérante, cannibale, dangereuse, séditieuse. Elle ne reconnaît pas la divinité de l’empereur. Ils sont disciples d’un juif crucifié en Judée sous Tibère qu’ils appellent Christ. Alors, pour plaire à tous… on ordonne que ces chrétiens soient jetés aux lions dans les arènes, qu’ils soient crucifiés ou brûlés vifs comme des torches. Dans les faits, le règne de Néron n’est pas réellement un règne de persécution. Les exécutions de chrétiens sont localisées uniquement à Rome, on n’assiste pas à l’édiction de lois instituant une chasse aux chrétiens. D’autre part, les supplices utilisés ne peuvent servir à démontrer l’extrême cruauté de Néron : en effet, il n’est en aucun cas l’inventeur du procédé, assez atroce, consistant à crucifier des condamnés vêtus de vêtements imbibés de poix avant de les enflammer. C’était tout simplement le châtiment réservé aux incendiaires dont les méfaits avaient causé des morts. Donc, malheureusement cet incendie n’avait rien d’exceptionnel, ce n’était ni le premier, ni le dernier incendie accidentel que la Rome antique avait connu, ou allait connaître dans son histoire (en 80, Titus connaîtra un pareil désastre). De nos jours, les historiens soutiennent en majorité la thèse accidentelle. Et nous pouvons rire de cette image infernale d’un Néron fou au sommet du Quirinal qui chante, qui joue de la Lyre en contemplant Rome se consumer. Quoi qu’il en soit, Rome fut reconstruite et embellie suivant un plan urbanistique visant à la salubrité et à une plus grande sécurité. NÉRON LE MONSTRE, LUCIUS LE BRAVE PARTIE 1 Tacite nous fait le récit de cet épisode : « La prudence humaine avait ordonné tout ce qui dépend de ses conseils : on songea bientôt à fléchir les dieux, et l’on ouvrit les Livres Sibyllins. D’après ce qu’on y lut, des prières furent adressées à Vulcain, à Cérès et à Proserpine : des dames romaines implorèrent Junon, premièrement au Capitole, puis au bord de la mer la plus voisine, où l’on puisa de l’eau pour faire des aspersions sur les murs du temple et la statue de la déesse ; enfin les femmes présentement mariées célébrèrent des sellisternes et des veillées religieuses. Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d’avoir ordonné l’incendie. Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d’autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d’hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d’infamies et d’horreurs afflue et trouve des partisans. On saisit d’abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d’autres, qui furent bien moins convaincus d’incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens ; d’autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char. Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les cœurs s’ouvraient à la compassion, en pensant que ce n’était pas au bien public, mais à la cruauté d’un seul, qu’ils étaient immolés. » Rome n’est plus un petit village, elle est devenue le centre du monde. L’entretien de l’Armée, de l’Administration, de la Bureaucratie ; les aides, les faveurs de l’État, la disponibilité de métaux précieux, l’adéquation entre les importations et les exportations, la gestion de nouvelles nécessités, la gestion financière de l’Empire ne sont pas une sinécure. Après le grand incendie de 64 qui ravage Rome, la reconstruction d’une capitale encore plus belle, ajoutée aux gaspillages antérieurs vide les caisses de l’État et explique les importantes difficultés financières de celui-ci. Pour tenter de remédier à ces difficultés, Néron réforme le système monétaire. Le but de cette réforme est principalement de diminuer la masse des monnaies d’or et d’argent. Le rapport entre l’aureus et le denier reste le même, un aureus vaut toujours 25 deniers. Cette réforme prétend également revaloriser les monnaies de bronze. La réforme monétaire aurait permis de restaurer les

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