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Bulletin Numismatique n°214 31 CONSTANTINOPOLIS : CONSTANTIN INCARNE SA VILLE PAR ERREUR ! Peu après la défaite de Licinius, Constantin s’installe dans la partie orientale de l’Empire et fonde en 330 Constantinople - la « nouvelle Rome » - sur le site de l’ancienne Byzance. Cette fondation fut très largement commémorée sur le mon- nayage constantinien pendant plus d’une décennie. La série la plus commune « à la victoire » fut émise dans 13 ateliers de l’Empire : plus de 2700 exemplaires en sont enre- gistrés dans la base de données nummus-bible II. Constantinopolis, Siscia RIC 224, variante (1) (coll. OG) L’allégorie au droit personnifie Constantinople, tandis que le revers célèbre la victoire navale de Crispus sur Licinius, par une victoire ailée sur une galère. Zozime affirme que la flotte constantinienne ne comportait que 200 navires, contre 350 pour Licinius, ce qui est probablement exagéré. Toutefois, l’ensemble des sources conviennent que Licinius disposait d’une flotte numériquement très supérieure à celle de Cris- pus, mais il semble – d’après l’interprétation d’un papyrus de 323 (2) - que l’état général de ses navires laissait à désirer… Une autre série commémorative de cette fondation reprend l’allégorie bien connue « aux légionnaires » du GLORIA EXERCITVS. Elle ne sera émise que dans quatre ateliers (Constantinople, Héraclée, Cyzique et Nicomédie), sur une plus courte période, et dans de moindres proportions : la base nummus-bible II n’en montre qu’une cinquantaine d’exem- plaires, hors imitations. Elle ne fut pas produite en Egypte. Constantinopolis, Nicomédie RIC 206 (R5), Nummus-Bible II # 82861 L’unicum alexandrin que nous présentons ci-après présente donc deux singularités : • Au droit, un buste de Constantin I avec la légende CONSTANTINOPOLIS : il s’agit bien du père et non d’un de ses fils, car le buste est diadémé. • Au revers, le type GLORIA EXERCITVS (officine B) qui fut frappé à Alexandrie de 335 à 337 pour Constantin I, ses fils et son neveu Delmace. CONSTANTINOPOLIS / Constantin I, GLORIA EXERCITVS, Alexandrie. Inédit (coll. OG) Il s’agit probablement d’un spécimen de transition entre les deux séries, frappé en 335, pour lequel on aura peut-être re- pris un coin pré-gravé CONSTANTINOPOLIS pour y gra- ver le nouveau buste, ou pour lequel le graveur sera « resté sur sa lancée », inscrivant l’ancienne légende autour du nouveau buste. Le type non fauté est le RIC 65 : Constantin I, Alexandrie, RIC 65 (coll. OG) Sur ces deux monnaies, les légionnaires sont d’un style très particulier, clairement inspiré des représentations égyptiennes du haut empire (buste en V, épaules larges). On le retrouve également sur certains exemplaires alexandrins pour Constance II et Delmace : Constance II, RIC 67 (coll. OG) Delmace, RIC 69 (R. A. N. stock) Olivier GUYONNET (1) Cette variante à bouclier cantonné à croix (avec parfois un point dans chaque quadrant) est propre au RIC VII Siscia 224, avec une fréquence de 7% sur les 68 exemplaires de la base nummus-bible II. (2) C.H. ROBERTS, A footnote to the civil war of A.D. 324, Journal of Egyptian Archaeology 31 (1945) : une lettre d’un procurateur informe d’un besoin urgent de matériaux de réparation de vaisseaux de guerre pour les arsenaux de Memphis et Babylone. L’Egypte fournira 130 navires à Licinius.

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