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Au printemps de 1552, alors qu’il était en guerre avec Charles Quint, le roi de France Henri II, s’empara des Trois-Evêchés auxquels il accorda sa protection militaire en qualité de vicaire d’Empire , à l’exclusion de tout protectorat politique . Après les troubles des guerres de religion, Henri IV après l’Edit de Nantes (1598) qui ramenait la paix civile dans son royaume, puis Louis XIII, notamment à partir de 1624 sous l’impul- sion de Richelieu, transformèrent la protection militaire en protectorat politique surtout à partir de 1633 lorsqu’ils enva- hirent et occupèrent la Lorraine ducale de Charles III. De 1633 à 1648, les Trois-Evêchés furent de facto rattachés à la France : ils le devinrent officiellement juridiquement et défi- nitivement en 1648 par le Traité de Munster en Westphalie 6 . Louis XIII avait confirmé l’existence du monnayage munici- pal messin en 1638. L’atelier municipal messin fonctionna ainsi jusqu’en 1662 en frappant des espèces municipales au marteau. En 1690, il fut transformé en atelier royal (lettre M couronnée de 1690 à 1693 puis double lettre AA). Cet atelier fonctionna alors jusqu’en 1794 puis de l’an V à l’an X. Contrairement à ce qu’écrit F. Droulers dans son Encyclopédie (tome II, p.58), les locaux de l’atelier ne furent pas entière- ment détruits : des vestiges subsistent à partir desquels il est envisagé une restauration-témoin de cet ancien atelier histo- rique. Le programme des Journées : un « week-end » bien rempli ! Outre les magnifiques visites du Musée de la Cour d’Or et de la bibliothèque, riche en ouvrages numismatiques avec no- tamment des exemplaires dédicacés par de Saulcy et Robert ainsi que de la ville, le programme comprenait l’énoncé de 10 communications scientifiques le vendredi 1 er après-midi et le samedi 2 après-midi, après les discours officiels : directeur du musée (Philippe Brunella), adjoint au maire (Patrick Thil), présidente de la SFN (Sylvia Nieto-Pelletier, directrice de re- cherches au CNRS). Un cocktail de bienvenue était offert par le musée et un dîner de clôture le samedi soir confirma la parfaite convivialité des Journées. Celles-ci furent honorées de visiteurs étrangers de marque : directeur et secrétaire général du Musée de Luxembourg, présidente de la Société belge de numismatique sous le nom de Société royale de Belgique dont fut membre de Saulcy en son temps. On entendit ainsi successivement : - Ludovic Trommenschlager et alii sur la réalisation en cours d’un projet subventionné sur la promotion et la meilleure connaissance du monnayage lorrain ; - François Reinert (directeur) et Cécile Arnoult (secrétaire générale) sur le Musée de Luxembourg et ses aspects messins ; - Simone Scheers, la grande numismate belge, spécialiste des monnaies gauloises ; - Vincent Drost et Georges Gautier sur un trésor romain trouvé en Sarre, partiellement conservé au Musée de Metz. - Philippe Schiesser seul, puis avec Bruno Jané et Thibault Cardin sur des monnaies mérovingiennes et carolingiennes (2 communications) ; - Christian Charlet et François Renard, sur une monnaie unique de l’abbaye de Gorze près de Metz (vers 1630) ; - Bruno Jané sur les monnaies royales du Musée de la Cour ; - Arnaud Clairand, sur les monnaies de Besançon en 1792- 1793 (liens avec Metz) ; - Xavier Bourbon et Philippe Théret avec Laurent Schmitt (absent dont la communication lue par A. Clairand), les pre- mières frappes du franc germinal à Metz entre l’An 5 et l’An 8. D’une grande qualité, ces dix communications furent suivies par une centaine d’auditeurs qui posèrent de nombreuses et judicieuses questions. Au total, venant après les Journées nu- mismatiques de Monaco 2020 qui avaient été une parfaite réussite, avec participation italienne, celles de Metz le furent également avec une participation luxembourgeoise et belge 7 . On ne peut donc que souhaiter longue vie aux Journées nu- mismatiques de la SFN. Christian CHARLET Références bibliographiques : (ouvrages en vente dans la section librairie du site internet Cgb.fr) L’Or de Metz , catalogue des monnaies d’or du Musée de la Cour d’Or de Metz, 3 volumes, Silvana Editoriale, Milan, 2017-2019. Le monnayage à Metz et en pays lorrain de l’Antiquité à nos jours , Actes du colloque des 27-30 septembre 2018 au Musée de la Cour d’Or- Metz Métropole, RT Séna (Recherches et travaux de la Société d’Etudes Numismatiques et Archéologiques) n°9, Paris, 2019. 6 Il convient à cet égard de détruire définitivement la légende selon laquelle les Trois-Evêchés auraient été rattachés à la France dès 1552. Cette légende fut imposée après 1870 par les autorités françaises au nom du « politiquement correct » et de la « pensée unique ». Le Reich allemand ayant annexé Metz, la Moselle et l’Alsace, on anticipa historiquement le rattachement de ces territoires à la France pour mieux justifier de leur caractère français : on « gagna » ainsi près d’un siècle pour les Trois-Evêchés (1552, rattachement fictif au lieu de 1648, vérité historique) et 30 ans pour l’Alsace (traité de Munster 1648, au lieu du traité de Nimègue, 1678 et Strasbourg, 1681). Metz est très riche de plusieurs cultures qui se complètent et rejoignent avec bonheur. 7 Ce succès est la suite logique du succès du Colloque de la SENA en 2018, le Musée de la Cour d’Or capitalisant depuis cette date les bénéfices engrangés à l’occasion de cette manifestation. Rappelons que le Musée de la Cour d’Or est constitué de plusieurs bâtiments historiques de diverses époques, de l’Anti- quité gallo-romaine au XVIIIe siècle. Les travaux des Journées numismatiques de 2021, comme ceux du Colloque SENA de 2018, se sont déroulés dans le « grenier de Chèvremont » superbe halle du XVe siècle parfaitement conservée. Bulletin Numismatique n°213 43

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