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LES JOURNÉES NUMISMATIQUES DE METZ : DU 1ER AU 3 OCTOBRE 2021 C réées en 1955 1 à l’initiative du regretté Jean Lafaurie (1914-2008), les premières Journées numismatiques de la vénérable Société française de numismatique (SFN, fondée en 1865) eurent lieu en juin 1956. L’ambassa- deur Maurice Dayet était alors le président de la SFN. Les Journées étaient organisées à Lyon sous l’égide de M e Jean Tricou, notaire, président-fondateur du Cercle lyonnais de numismatique. Elles connurent dès cette année 1956 un grand succès car elles étaient un fructueux carrefour de rencontres, d’échanges et de convivialité entre les numismates franciliens et les nu- mismates provinciaux, éloignés des réunions mensuelles régu- lières de la SFN à Paris, le siège de la société étant au Cabinet des médailles de la BnF depuis 1945 grâce au regretté Jean Babelon alors « patron » de ce qui s’appelle aujourd’hui le DMMA (Département des Monnaies, Médailles et An- tiques). Pour ses 64 èmes Journées numismatiques , la SFN avait décidé, à l’initiative de Catherine Grandjean 2 , directrice de la Revue numismatique , de les tenir à Metz en co-organisation avec le prestigieux Musée de la Cour d’Or , l’un des joyaux culturels de cette grande ville chargée d’histoire multi-millénaire. Les deux polytechniciens et illustres numismates, Félix de Saulcy (1807-1880) et Pierre-Charles Robert (1812-1887 3 ) y vinrent parfaire, après l’X, leur formation militaire à l’Ecole nationale d’application de l’artillerie. Très rapidement ils y devinrent numismates et archéologues, membres de l’Académie de Metz fondée au XVIII e siècle par le gouverneur de la ville, le maréchal duc de Belle-Isle, petit-fils du célèbre Nicolas Fou- quet surintendant des finances disgrâcié de Louis XIV 4 , mi- nistre de Louis XV et membre de l’Académie française. Metz 5 , c’est quelques 3000 ans d’histoire riche, prestigieuse et variée. De l’importante peuplade gauloise des Médiomatrices , Metz devient après la conquête romaine une ville gallo-romaine de très grande importance. Sa situation géographique straté- gique le justifie : colline transformable en oppidum au confluent de la Moselle et de Seille. Les grandioses thermes romains dont les importants vestiges constituent les caves du Musée de la Cour d’Or, la distance qui sépare ces thermes de l’antique forum romain à côté duquel a été érigé ces dernières années le Centre Pompidou , fierté moderne de Metz, donne une idée de l’importance de la ville gallo-romaine de Metz. Les vestiges survivants (22 arches à Jouy-aux-Arches et Ars- sur-Moselle) de l’immense aqueduc romain (II e siècle), long de 4 fois le célébrissime Pont du Gard, qui amenait à Metz les eaux très pures des sources de Gorze (20 kms au Sud) ren- forcent ces témoignages émouvants de la romanité messine. Puis ce furent les rois mérovingiens du royaume d’Austrasie dont Metz fut la capitale, gouvernant à partir de leur Cour d’Or et après eux les premiers carolingiens. Le grandiose mu- sée messin leur a emprunté son nom de Musée de la Cour d’Or qui rappelle leur curia regis de gouvernement. Et puis, dans les décennies qui suivirent le partage de l’empire de Charle- magne entre ses petits-fils à Verdun en 843, Metz devint une des grandes villes du Saint-Empire Romain Germanique. Successivement capitale impériale puis ville libre d’Empire qui s’organisa en République messine et exila l’évêque de Metz à Vic-sur-Seille, Metz connut un prodigieux développement économique et commercial malgré des épidémies qui déci- mèrent la population à certains moments. Déjà existante sous les mérovingiens et les carolingiens, la monnaie de Metz s’épanouit à partir du Moyen-Âge sous ses deux expressions : la monnaie épiscopale et la monnaie municipale. Cette dernière fut très prisée. 1 Venu fortuitement à la numismatique fin 1941 après sa libération d’un camp de prisonniers (stalag) en Allemagne, Jean Lafaurie devint un des plus grands numismates du XXe siècle jusqu’à sa retraite à l’âge de 90 ans en 2004 (dernière prestation en 2003). Jean Babelon l’avait fait entrer au Cabinet des médailles en 1944. 2 Catherine Grandjean, par sa personnalité, son talent et ses grandes qualités, a profondément marqué sa présidence de la SFN (2018-2021). Sylvia Nieto- Pelletier offre toutes les garanties de suivre le même chemin enrichissant. 3 Le baron Louis-Félicien-Joseph Caignart de Saulcy, qui signait F. de Saulcy, se faisait couramment appeler « Félix », jeu de mots : « fait l’X » sur sa qualité de polytechnicien, la prestigieuse Ecole Polytechnique étant communément appelée « L’X ». 4 Il fortifia militairement et embellit urbanistiquement Metz en même temps, alors que le roi Stanislas, duc de Lorraine et beau-père de Louis XV, faisait de même à Nancy et à Lunéville (voir la médaille du maréchal de Belle-Isle, Cahiers numismatiques n°216, juin 2018, pp. 53-57.) 5 Aujourd’hui, Metz est une très belle ville, jumelée avec Luxembourg qui est une des capitales de l’Europe. Elle rayonne sur le plan culturel étendant son influence jusqu’au Musée de la Princerie à Verdun qui a renoué avec la numismatique en 2019 après une longue nuit (beau catalogue de Bruno Jané et Marion Stef en vente sur Cgb.fr). De plus, parfaitement équipée en hébergement et en transports (navette gratuite pour le Centre historique : cathédrale, mairie, musée de la Cour d’Or, etc.) et les Messins sont chaleureux et très accueillants, à l’image de Philippe Brunella directeur du Musée. Bulletin Numismatique n°213 42

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