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D upré était sollicité, du fait de sa fonction, pour des expertises sur des monnaies suspectées de fausseté. Cette activité constante n’était pas rémunérée, mais un devoir qu’il remplissait bien volontiers. Et cela l’amenait parfois à se déplacer, notamment pour témoigner au tribunal. La majeure partie des expertises concerne les monnaies pré- décimales, aux types créés par lui ou ses prédécesseurs, et qui continuent à circuler après l’émission des monnaies décimales de l’An 4. La fausse monnaie est surtout abondante sur la petite monnaie qui demeure en circulation avec les pièces de la Révolution faites en métal de cloche. Là, nul besoin de tri- cher sur le métal car, contrairement aux monnaies en or et argent, la valeur métallique de ces pièces est très nettement inférieure à leur valeur libératoire. Théoriquement les mon- naies légales avaient été faites en mélangeant le métal des cloches à du cuivre pur dans la même proportion. Mais des abus avaient conduit à des proportions moins avantageuses. Les contrefacteurs ont ainsi toutes les facilités en utilisant le tout venant en laitons, bronzes divers pour disposer de ma- tières dont le rendu sera équivalent aux monnaies légales. Pour se débarrasser de la fausse monnaie de bronze en métal de cloche qui continue à progresser, l’idée de les démonétiser et de les retirer de la circulation fait son chemin. La décision du retrait des monnaies en métal de cloche est enfin prise par la loi du 29 pluviôse An 7 (17/02/1799) qui prévoit une émis- sion de dix millions de francs pour les remplacer : « L’émission de cette monnaie dans la circulation, n’aura lieu qu’au fur et à mesure des rentrées qui s’opéreront dans les caisses publiques, de la monnaie de métal de cloche, dont le mode de retirement sera réglé par une loi particulière. » Les contrefacteurs sont alors obligés de se concentrer sur les monnaies décimales qui, elles, sont légalement fabriquées en cuivre pur (titre en cuivre à 98 %). Dans l’ouvrage Le Franc d’Augustin Dupré nous consacrons un chapitre entier sur le faux-monnayage avec des éléments d’archives sur les expertises de Dupré, la traque des contrefac- teurs et la récompense des dénonciateurs. Mais nous sommes allés plus loin en étudiant un panel important d’exemplaires survivants de ce faux monnayage. ETUDE SUR UN CORPUS REPRÉSENTATIF M arc Bazoge, en méticuleux et sérieux collectionneur spécialisé, réalise un pointage en continu des exem- plaires survivants de ces fausses monnaies coulées à partir d’alliages de cuivre depuis 2001, soit vingt ans ! Il en a établi à ce jour un recensement de 142 pièces, ce qui en montre la rareté eu égard à la fréquence à laquelle les « cuivre » signées de Dupré apparaissent en vente. Même si la fausse monnaie a été abondante, elle a été noyée dans la masse d’environ 300 millions de pièces légales. Toutes ces monnaies ont subi les vicissitudes du temps et ont majori- tairement disparu lors des refontes sous Napoléon III. Ce cor- pus de 142 exemplaires se répartit néanmoins dans pas moins de 40 variantes, présentées de manière détaillée et cotées dans notre ouvrage [Théret & Bourbon, 2021]. © Musée Carnavalet-Histoire de Paris / D.3394 Bulletin Numismatique n°213 28 LES FAUSSES DUPRÉ DÉCIMALES « EN MÉTAL DE CLOCHE » (MDC) DEVRAIENT ÊTRE RENOMMÉES « EN CUIVRE NON ÉPURÉ » (CNE)

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