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Bulletin Numismatique n°212 11 POUR UNE ANTHROPOLOGIE DE LA MONNAIE L e titre du nouvel ouvrage de Jean-Marc Doyen pourrait faire peur au premier abord : Pour une anthropologie de la monnaie . En fait, il faut lire le titre complet du livre où a été rajouté : « Réflexions sur l’enseignement de la numis- matique en France ». On devrait immédiatement y ad- joindre« et en Belgique » dont Jean-Marc (né en 1954) est l’un des plus brillants citoyens. Il enseigne actuellement en France à l’université de Lille (HALMA), comme chercheur associé. Je connais l’auteur depuis plus de 35 ans, rencontré lors du colloque consacré « Rythmes de la production moné- taire de l’Antiquité à nos jours », colloque international tenu à Paris du 10 au 12 janvier 1986, organisé conjointement par la Monnaie de Paris, le CNRS, l’université de Louvain, sans oublier la SENA. En 210 pages et neuf chapitres, l’auteur nous livre non pas un manuel qu’il annonce rédiger actuellement, mais un « hors d’œuvre » en attendant « le plat de résistance » qu’il ne manquera pas de nous livrer dans un avenir proche. Mais alors pourquoi un tel ouvrage qui ne comporte aucune image en dehors de la photo de couverture, laquelle figure le revers d’une imitation barbare d’un semissis de Constant I (337- 350) frappé vers 337-340, portant la marque de l’atelier de Trèves et présentant une double perforation, preuve que la pièce a été portée ? Avec cette photo, nous avons en filigrane une partie du programme de l’ouvrage et la finalité de celui-ci. Partant de la numismatique classique, l’auteur ouvre de nou- velles voies où se côtoient anthropologie, archéologie et ar- chéonumismatique mises en œuvre par la « New Archéolo- gy » depuis plus d’un demi-siècle par l’école anglo-saxonne. Au rôle économique, classique de la monnaie, viennent s'ajouter tous les aspects sociaux et religieux, qui sont autant de nouvelles pistes qui s’ouvrent aux chercheurs, lesquels s’appuient sur un nouveau concept « d’anthroponumismatique ». À cet instant, j’espère n’avoir pas perdu la moitié du public du Bulletin Numis- matique , lecteur attentifs de cet ar- ticle. L’auteur situe son propos dans le cadre dans l’évolution de la numis- matique en France, où il met en lu- mière le concept « d’anthropologie de la monnaie », sujet devenu à la mode, comme l’indique la quatrième de couverture, et donc constitue le sujet, et objet du présent ouvrage. Après ces propos liminares, j’invite le lecteur à ouvrir cet ouvrage qui se lit très facilement et qui mérite votre at- tention, et vous incite à vous interro- ger sur l’ensemble des réflexions que nous livre l’auteur. Sa lecture est revigorante et instructive. L’ouvrage est précédé d’une note liminaire intitulée « la grande misère de l’archéonumismatique » (p. 7-15). Le pre- mier chapitre revient sur le concept de « numismatique » et de l’ambiguïté du mot lui-même (p. 15-19). Le chapitre sui- vant explore les trois visages du numismate (p. 23-28). Le troisième chapitre ayant pour thème : « une école belge » de numismatique ? (p. 29-33) pourrait sembler hors sujet dans le cadre défini dans le sous-titre de l’ouvrage. Il n’en n’est rien ! Le chapitre suivant est l’un des plus longs et des plus impor- tants de l’ouvrage pour la compréhension du sujet, consacré à l’état des lieux où il retrace une brève histoire de la recherche (p. 35-80). Le cinquième chapitre de l’ouvrage est réservé à l’enseignement de la numismatique en France et en Belgique depuis le XIXe siècle (p. 81-90) avant de proposer une troi- sième voie où le numismate pourrait s’intégrer (p. 91-96). Avec le chapitre 7, nous rentrons dans le vif du sujet avec le thème de « l’archéologie du geste » ayant pour titre : le théâtre des gestes autour du concept fort de l’ouvrage autour de l’an- throponumismatique (p. 97-156), constitue le cœur de l’ou- vrage complété par l’avant-dernier chapitre du livre lié aux manipulations de la monnaie dans la vie quotidienne (p. 157- 166). Le dernier chapitre est un plaidoyer pour que l’ensei- gnement de l’anthropologie de la numismatique se développe au moment où l’auteur, qui est un des théoriciens de ce concept, va prendre sa retraite de l’Université, en souhaitant avoir des successeurs sinon d’avoir créé une École et mis en place des pistes de réflexions (p. 167-188). L’ouvrage est complété par une bibliogrpahie succincte, mais utile (p. 189-205) et une table des matières (p. 207-210). Cet livre n’est pas aride et devrait être lu par tous ceux qui se disent « numis- mates » qu’ils soient collectionneurs, professionnels ou chercheurs. Il est rempli d’anecdotes, d’exemples, fruit de l’expérience d’un homme qui a consacré son existence à sa pas- sion et ils ne sont pas si nombreux. Je ferai une toute petite remarque à Jean-Marc qui nous fait l’honneur de nous citer plusieurs fois : CGB n’est pas l’acronyme du Comptoir Général de Banque mais tout sim- plement au départ, le Compagnie Générale de Bourse, CQFD. Laurent SCHMITT Jean-Marc Doyen, Pour une anthropologie de la monnaie, Réflexions sur l’enseignement de la numismatique en France, Bruxelles, 2021, Éditions Archaion, broché, 14 x 22,5 cm, 210 pages, tableaux n&b dans le texte. Code : LP55 . Prix : 15€

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