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Bulletin Numismatique n°210 26 UNE EXCEPTIONNELLE MONNAIE À RETROUVER : LE FLORIN D’OR À LA VIERGE DE VERDUN (VERS 1624-1625), CONNU SEULEMENT PAR LES ARCHIVES L es Tarifs Verdussen de 1627 et 1633 sont des recueils officiels publiés par le roi d’Espagne Philippe IV à l’usage des changeurs en activité dans les Pays-Bas es- pagnols au XVII e siècle. Ils font état respectivement p.109 (1627) et p.100 (1633) de l’existence d’un « florin d’or de Verdun » au motif de la Vierge Marie tenant dans ses bras l’enfant Jésus ; cette monnaie est anonyme et sans millésime. À ce jour, ce florin verdunois, dont apparemment Mory d’El- vange 1 ne connaissait pas l’existence, n’a pas encore été re- trouvé. Toutefois, sa présence dans les deux Tarifs Verdussen ci-dessus apporte la preuve formelle qu’il a bien été frappé et qu’il a réellement circulé : le dessin figurant dans ces Tarifs en fait foi. On devrait donc le retrouver un jour ou l’autre, 1 Auteur d’un célèbre manuscrit du XVIII e siècle décrivant les monnaies lorraines ; tous les auteurs ultérieurs s’en sont servis (Dom Calmet, de Saulcy, F. Clouet, P. C. Robert, F. Liénard, etc.) comme on a retrouvé le florin d’or du prince-évêque de Verdun, Charles de Lorraine-Chaligny, frappé aux millésimes 1612 et 1613 ( Verdussen 1627 p.103 et Verdussen 1633 p.95). Ce florin à la Vierge était resté ignoré de Dom Calmet lorsqu’il rédigea sa Dissertation sur les monnoies (1740). Cette absence ne doit pas surprendre : Dom Calmet n’a pas consul- té les Tarifs Verdussen, ce qui est dommage car ces deux ou- vrages incontournables, antérieurs d’un siècle à son étude et contemporains de la monnaie en cause, sont une « mine » de renseignements. En revanche, les deux remarquables auteurs du XIX e siècle qui ont étudié le monnayage épiscopal verdun- nois, le polytechnicien académicien et officier général Pierre- Charles Robert en 1885 et l’archiviste archéologue verdunois Félix Liénard en 1889, ont publié ce florin à la Vierge en fai- sant référence au « tarif imprimé par Jérôme Verdussen », sans précision de date (Robert pp.79-80 n°180) ; Liénard reprend à son compte les informations publiées par Robert. Pour le classement, Robert hésite entre le prince-évêque Erric de Lorraine-Vaudémont (1593-1610) et son successeur Charles de Lorraine-Chaligny (1611-1622), son neveu ; fina- lement, il tranche en faveur de l’évêque Charles. Félix Liénard (p.164 n°387) s’aligne sur le choix de Robert. Les deux sa- vants décrivent correctement la pièce, Robert commençant par le côté de l’écusson lorrain entouré de la légende « mon- naie nouvelle de Verdun » et terminant par le côté de la Vierge ; Liénard fait l’inverse. Les deux auteurs présentent le dessin en commençant par le côté de la Vierge, comme sur les Tarifs Verdussen ; toutefois, leurs dessins, tant de l’un que de l’autre, ne sont que des médiocres copies des dessins des Tarifs Verdussen . En 2002, Dominique Flon publie également ce florin à la Vierge (tome II, p.799, n°6) dans la disposition adoptée par Liénard, c’est-à-dire d’abord côté Vierge puis côté écusson. D. Flon précise que la pièce n’a pas été retrouvée et que P. C. Robert reproduit la gravure du Tarif Verdussen de 1633. Le dessin qu’il publie est médiocre, comme les deux précédents. Reprenons donc la description de ce florin verdunois à la Vierge en utilisant les dessins des Tarifs Verdussen , bien meil- leurs que ceux de ces trois auteurs. Nous décrivons toutefois l’avers à l’écusson avant le revers à la Vierge. L’usage en effet veut que figure à l’avers de la monnaie le nom de l’autorité émettrice, en l’occurrence VERDUN, sans précision particu- lière, avec seulement l’inscription MONETA NOVA VIRDUNENSIS signifiant MONNAIE NOUVELLE DE VERDUN. Toutefois, cette légende entoure un écusson aux armes des princes de Lorraine-Chaligny, analogue à celui qui figure sur les monnaies de l’évêque Charles de Lorraine-Cha- ligny. On peut donc penser que cet écusson est une forme de signature de l’autorité émettrice qui ne peut être qu’un des deux évêques de cette famille : Charles (1611-1622) ou son frère cadet François (1622-1661). Le motif à la Vierge est donc placé au revers de la pièce. UNE EXCEPTIONNELLE MONNAIE À RETROUVER

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