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Bulletin Numismatique n°208 22 R écemment est apparu sur le marché numismatique, dans une VSO 1 , un écu d’argent de Louis XIV valant 60 sols, au millésime 1657, frappé à Pau avec le diffé- rent R du commis à la fabrication Robert Fisson . (fig. 1) Le nom du graveur n’a pas été retrouvé à ce jour bien qu’Adrien Blanchet (p. 44) indique par erreur Daniel de Day. fig. 1 Cette monnaie est extrêmement rare puisqu’il s’agit seule- ment du troisième exemplaire connu pour ce millésime et cet atelier. La Monnaie de Pau n’a en effet que très peu frappé de 1656 à 1660, laissant le soin à la Monnaie de Morlaàs d’assu- rer l’essentiel de la production béarnaise pour ces années. Ce n’était pas difficile, les deux ateliers n’étant distants que de 13 kms, ce qui permettait des échanges de personnels avec facilité 2 . Robert Fisson (différent R) 3 était le commis à la fa- brication dans les deux ateliers de Pau et de Morlaàs à la fois en 1657 et 1658 et de 1660 à 1662. Son différent est alors appelé par la Cour des monnaies deux pointes dans lesquelles on peut voir un trident ou un foudre. En 2012, lors de la publication dans la Revue numismatique du premier de mes deux articles consacré aux Monnaies béar- naises de Louis XIV , l’écu au millésime 1657 Pau n’avait pas encore été retrouvé. Pour cet atelier, on connaissait seulement un exemplaire du demi-écu que j’avais publié dans le BSFN de février 1995 (p. 998) 4 . En 2006, toujours pour Pau, Mau- rice Chauveau avait publié un demi-écu au millésime 1658, également unique ( BSFN novembre 2006, p.242). Enfin, on connaissait par ailleurs depuis 1982 un écu 1658 Pau (VSO Burgan 1982). Courant 2015, j’acquis un écu au millésime 1657 Pau, le pre- mier retrouvé (fig.2). Je le publiai alors dans les Cahiers nu- mismatiques n° 206 de décembre 2015 (p. 39). Puis, en mai 2018, lors de la vente par Claude Burgan de la collection Ber- nard Poindessault (1935-2014), un second exemplaire appa- rut (n° 208). Bien qu’il fût assez sale, la photo était suffisam- ment bien prise pour faire apparaître que cet exemplaire 1 VSO iNumis 51 du 9 mars 2021, n°381. 2 C’est ainsi qu’en 1650 le graveur et commis de la Monnaie de Morlaàs, Richard Lamy (différent : 2 branches entrecroisées) quitta la Monnaie de Morlaàs avec une quarantaine d’ouvriers pour venir à Pau afin d’y rouvrir la Monnaie au moulin, fermée depuis 1632. Par la suite, le même commis et le même graveur pouvaient parfois officier à Pau et à Morlaàs en même temps (cf. CHARLET 2012). 3 Alors que dans le royaume de France la Cour des monnaies de Paris avait interdit depuis Henri III aux maîtres (ou commis) et aux graveurs de prendre pour différent une lettre de l’alphabet afin d’éviter toute confusion avec la lettre d’atelier (ville), la province de Béarn, rattachée à la France par Henri IV qui en était le souverain avant de devenir roi de France, échappait à cette règle. Robert Fisson prit pour différent un R car son prédécesseur de Forcade avait pris un F (cf. CHARLET 2012). 4 C’est à la suite de cette publication que Jean Lafaurie me donna son tome III du Lafaurie-Prieur resté inédit et dont je publie régulièrement des extraits depuis 2012. Poindessault était mieux conservé que celui découvert en 2015 (fig. 3). fig. 2 L’observation attentive des trois exemplaires montre qu’ils furent peut-être frappés avec les mêmes carrés, le carré d’avers au portrait se brisant lors de la frappe du dernier exemplaire retrouvé en 2021 (fig.1). Les deux autres exemplaires lui sont donc antérieurs. Sur ces deux exemplaires, on constate un petit dépôt de métal dans le champ, sous le menton du roi. La frappe de l’exemplaire Poindessault 2018 fut très vigoureuse (fig.3), ce qui permit d’obtenir un relief satisfaisant de l’effigie de Louis XIV ainsi que de l’écusson du revers alors que les poinçons utilisés pour ces deux motifs étaient usés, ce que l’on constate sur l’exemplaire 2015 (fig.2) et sur l’exemplaire 2021 (fig.1). En revanche, la vigueur de la frappe de l’exem- plaire Poindessault a provoqué une petite fracture de la pièce au revers entre les trois lis et la couronne (fig.3). fig. 3 Sous le buste, la lettre R, différent du commis Robert Fisson, est entourée de deux étoiles accompagnées chacune d’un point. Au-dessus de la tête, après la lettre G, est gravée une étoile suivie de deux petits points, peu visibles sur les exem- plaires 2015 et 2018 mais beaucoup plus nets sur l’exemplaire 2021. Nous ignorons la signification de ces étoiles et de ces points, les archives de la Monnaie de Pau ayant en partie dis- paru au XVIII e siècle 5 . Ces marques ont sans doute un rap- port avec le graveur, peut-être aussi avec l’essayeur, le juge garde ou encore le semestre de fabrication : il y a encore beau- coup de choses à découvrir concernant les monnaies béarnaises de Louis XIV . BIBLIOGRAPHIE BLANCHET et SCHLUMBERGER 1893 : Adrien BLAN- CHET et Gustave SCHLUMBERGER, Numismatique du Béarn , 2 vol., Paris 1893 et réimpressions depuis 1998. CHARLET 2012 : Christian CHARLET, Les monnaies béar- naises de Louis XIV (I), période 1643-1662, Revue numisma- tique (RN) 2012, pp. 279-317. CHARLET 2015 : Christian CHARLET, L’écu de 60 sols re- trouvé de 1657, R sous le buste, frappé à Pau , Cahiers numisma- tiques n°206, décembre 2015, pp. 39-41. Christian CHARLET 5 Fait signalé par F. Dumas dans la RN 1959-1960. UN TROISIÈME EXEMPLAIRE RETROUVÉ DE L’ÉCU D’ARGENT DE LOUIS XIV FRAPPÉ À PAU EN 1657

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