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Bulletin Numismatique n°207 36 L ’étude des archives de la Monnaie de Paris, conservées au CAEF à Savigny-le-Temple, a permis d’apporter de nombreuses précisions dans l’édition du Franc Archives (THERET Dir., 2019). Bien que les essais ne soient pas l’objet du livre, les documents qui les concernent aident à la compréhension du processus de création d’une nouvelle série monétaire. C’est bien sur la par- tie historique que le Franc Archives a mis l’accent, pour redon- ner vie aux pièces égarées dans les médailliers. Il n’y a pour- tant là aucune découverte, car tous les documents sont libres d’accès au public depuis des décennies. Félicitons le travail effectué, le traitement des informations est tout à fait passion- nant mais également difficile étant donné la nature et la quantité des documents à étudier. C’est l’occasion de mettre en évidence deux documents très intéressants concernant les essais de fabrication de 1942, qui nous éclairent sur la façon de travailler à la Monnaie de Paris pendant cette période. Suite de la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne le 3 septembre 1939, l’Assemblée nationale française adopte la nouvelle constitution de l’État français et donne les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Afin de rétablir la circulation monétaire dans les zones libres et occupées, une nouvelle série de pièces est envisagée. Les petites valeurs seront aux types antérieurs, en zinc et en alu- minium, et les pièces de 5, 10 et 20 francs seront quant à elles en cupro-nickel et à l’effigie du maréchal Pétain. Une large gamme d’essais en cupro-nickel est ainsi frappée fin 1940 à différents diamètres et poids avec des coins antérieurs, l’avers de 1939 pour l’Indochine et le revers de Turin de 1929. La pièce de 5 francs 1941 est la première conçue aux bons soins du graveur général Lucien Bazor. Pour les pièces de 10 et 20 francs, il est décidé de sélectionner le modèle par concours ouvert à tous les graveurs. Le 31 mars 1941, les autorités alle- mandes interdisent l’émission de pièces en cupro-nickel, dont la pièce de 5 francs Bazor. Le concours est ajourné. Les pièces de grosse valeur manquent toujours dans les transactions cou- rantes. Le 15 mai 1942, le directeur des Monnaies E. Moene- claey émet une note de service n°859 (SAEF G3-17 et SAEF H30-361) demandant la frappe d’une gamme d’essais en alu- minium de poids et de diamètres différents. Pour décider des caractéristiques de la future 5 francs doivent être frappées des pièces au diamètre de 26, 27 et 28 mm et aux poids de 2.4 g, 2.5 g, 2.8 g et 3.0 g. Pour la future 20 francs doivent être frappées des pièces au diamètre de 31, 32, 33 et 35 mm et aux poids de 3.6 g, 4.0 g, 4.5 g et 5.0 g. Notez qu’une copie est destinée à Monsieur Michel, Chef du service administratif. Ces essais doivent être frappés avec des coins existants : 10 francs du concours, 2 francs bronze-aluminium, 10 francs argent, et des monnaies de diamètre inférieur en élargissant le listel. Le 18 mai, l’ingénieur chef de l’exploitation L. Da- vrainville confirme les instructions du directeur concernant les diamètres, poids et tirages des pièces à frapper et à trans- mettre au secrétariat. Dans la note de service n°1058 (SAEF H30-361) du 11 juin 1942, le directeur signale que les essais de fabrication en aluminium seront poursuivis pour la future pièce de 5 francs aux diamètres de 29 et 30 mm et aux poids de 2.8 g, 3.0 g et 3.2 g. Pour la future 20 francs aux diamètres de 36 et 37 mm et aux poids de 4.5 g, 5.0 g et 5.5 g. Les exemplaires seront frappés avec des coins existants ajustés aux diamètres indiqués. Les modèles du concours sont jugés le 10 juin 1942 et le type définitif de la 5 francs arrêté le 25 juin. Le 22 juillet, la fabri- cation de ces pièces est stoppée par les autorités allemandes. Aucune de ces monnaies n’auront été émises, seuls existent les essais du concours (10 et 20 francs), les essais de Bazor (5 et 10 francs) et les essais de fabrication (26 à 37 mm). LES ESSAIS DE FABRICATION DES 5 ET 20 FRANCS 1942

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