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Bulletin Numismatique n°207 12 CORPUS LUIGINORUM 2020 PAR MAURICE CAMMARANO, NOUVELLE ÉDITION AUGMENTÉE E n 1998, le commandant Maurice Cammarano, grand numismate italien et collectionneur émérite de « lui- gini », à l’époque commandant du port de Gênes dans le civil, publia sous le titre CORPUS LUIGINORUM un Recueil général des pièces de cinq sols ou douzièmes d’écus dits « Luigini » 1642-1723. Ce remarquable ouvrage, très supé- rieur au Répertoire général des Luidgini (sic) publié en 1989 par Jean-René de Mey dans sa collection Numismatic Pocket n°52, était co-édité par le Cabinet des médailles de la Biblio- thèque nationale de France et les Editions numismatiques le Louis d’or à Monaco, alors dirigées par Romolo et Claude Vescovi, disparus en 2013 et 2012 respectivement. C’était un très bel ouvrage cartonné de 408 pages, édition bilingue en français et italien, les luigini, rappelons-le, étant d’origine française malgré leur appellation italienne. Préfacé par Michel Amandry, alors directeur du Cabinet des médailles de la BnF, ce Recueil général etc. établi par le commandant Cammarano occupait dans le livre 336 pages dans lesquelles étaient décrits 405 luigini différents, répertoriés par l’auteur selon sa conception des luigini que nous ne partageons pas (voir plus loin). Ensuite, les pages 337 à 404 étaient consa- crées à des monnaies conservées au Cabinet des médailles de la BnF : d’abord description de la collection du Cabinet des médailles par Michel Dhénin (p. 337 à 369, 215 n os ) puis, par M. Dhénin et Jean Duplessy, description d’un trésor de 407 luigini trouvé en Grèce. Cet ouvrage, auquel j’avais apporté un modeste concours 1 , notamment dans la rédaction des pages 2 à 5 montrant le passage des monnaies françaises de 5 sols aux « luigini » li- gures (texte essentiel pour la compréhension de l’ouvrage), s’imposa immédiatement comme la référence en matière de luigini . Toutefois, dès cette époque, je fus obligé d’exprimer certaines réserves plus ou moins importantes. D’abord, j’étais en désac- cord avec le choix arbitraire de l’auteur et de l’éditeur moné- gasque de considérer fallacieusement comme des luigini les pièces françaises de 5 sols au millésime 1670 et postérieures. Cette conception m’a toujours paru aberrante historique- ment et scientifiquement fausse, le phénomène des luigini disparaissant totalement en 1670-1671 après les décris pro- noncés par l’Empire ottoman. Considérer comme luigini les pièces françaises de 5 sols pour le Canada qui ne sont naturel- lement jamais allées au Levant, puis celles des années 1680 suivies par celles de la période des réformations jusqu’à Louis XV en 1723 relève d’une méconnaissance de la nature des luigini , de l’ignorance de leur histoire et d’une vision étri- quée de collectionneur privilégiant la culture du nombre sur celle de la vérité scientifique. J’étais également en total désaccord sur l’assimilation des pièces de 10 kreutzers (ou creutzers, selon l’écriture suisse) de Neufchâtel à des luigini , ces monnaies n’ayant jamais eu le moindre rapport avec le Levant, ni sur l’attribution fallacieuse à Malte de luigini qui furent sans doute frappés en princi- pauté de Monaco, peut-être à Menton comme j’en fais l’hy- pothèse. Un auteur italien ancien et controversé, malheureu- sement suivi par M. Cammarano qui aurait été mieux inspiré de lire à ce sujet Adrien de Longpérier, a tout simplement confondu des fleurs d’oranger avec des fleurs de coton lors d’une mauvaise lecture des armoiries de la famille Cotoner d’où furent issus des Grands maîtres de l’Ordre de Malte. J’avais alors remarqué que si l’auteur était bien au courant des publications italiennes relatives aux luigini ainsi que des cata- logues de vente des professionnels, en revanche son ignorance des travaux français était abyssale 2 . En particulier, les écrits de référence d’Adrien de Longpérier sur les luigini , notamment ceux publiés dans la Revue numismatique et le Journal des Sa- vants , étaient totalement méconnus alors qu’ils font autorité, ayant été écrits à partir des archives de la principauté de Dombes que M. Cammarano ne connaît pas. Sous ces réserves ciblées, l’ensemble de l’ouvrage donnant globalement pleine satisfaction, l’auteur et l’éditeur moné- gasque, ainsi que le Cabinet des médailles, méritaient des féli- citations. La nouvelle version 2020 du CORPUS LUIGINORUM est beaucoup plus courte puisqu’elle ne compte que 240 pages, toutes en italien, le français ayant disparu, de même que les 1 Romolo Vescovi m’avait invité à passer avec lui une soirée chez le com- mandant Cammarano au sud de Gênes. 2 C’est souvent le cas avec des auteurs étrangers, pas seulement italiens, qui écrivent sur les monnaies françaises, royales et seigneuriales, en l’absence ou l’insuffisance d’ouvrages sérieux en ces domaines où sévissent encore des au- teurs obsolètes et dangereux du XIX e siècle, tels que Poey d’Avant dont les propos relatifs aux luigini sont désastreux. LE COIN DU LIBRAIRE CORPUS LUIGINORUM 2020

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