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Bulletin Numismatique n°205 36 L orsque je vois dans un catalogue une cote de 2 € ou 4€ pour une monnaie en état B ou TB, qu’est-ce que cela veut dire ? Si je me présente devant un professionnel avec une pièce dont la cote est de 4€, il va me l’acheter à 2€, 1,50€ ou 0,50€. En fait il ne va pas l’acheter car cette mon- naie ne présente aucun intérêt pour lui. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette décision : • La pièce n’est pas belle. • La valeur marchande est très faible. • L’abondance de cette même pièce. Je ne veux pas dire par-là qu’il faut jeter la pièce ou qu’elle n’a aucune valeur, mais c’est la réalité, c’est le genre de monnaie que l’on trouve dans les vracs de pièces vendues au poids. Il est certain qu’une monnaie ancienne a autant raison d’être collectionnée qu’elle soit B, TB, TTB, SUP ou FDC car au final, elle retrace le même moment historique. Il faut cepen- dant remarquer que l’aspect esthétique d’une pièce est la pre- mière chose que l’on voit lorsque l’on a une monnaie entre les mains. Notre regard est de façon générale beaucoup plus atti- ré par les belles choses, que ce soient les personnes, les voi- tures, les appartements… ce que vous avez dans votre as- siette… et les monnaies n’échappent pas à cette « règle » élémentaire indépendamment de l’aspect économique. Dans de nombreux cas, la cote pour les états B et TB ne veut absolument rien dire et à mon avis n’a aucun intérêt. Je comprends que pour les monnaies rarissimes telles que la 5 francs Union et Force pour l’atelier de Genève, ces mon- naies aient un certain intérêt dans des états de conservation bas, mais j’ai pu constater dans le temps que des monnaies royales rarissimes qui s’arrachaient à prix d’or cela fait 30 ou 40 ans, ne trouvent pas preneur de nos jours à cause de la qualité et en partie à cause de la diminution du nombre de collectionneurs de ce domaine de collection. La manière de collectionner a changé et un des critères actuels est la recherche de qualité ; la rareté est recherchée mais pas dans n’importe quel état de conservation. Un jour, alors que j’étais chez un professionnel, un couple s’est présenté avec des monnaies et comme j’attendais, la per- sonne au guichet s’est occupée d’eux. Ils étaient là car ils sou- haitaient vendre des monnaies romaines et ils ont donc sorti leur trésor. J’ai vaguement jeté un coup d’œil et j’ai pu consta- ter que les monnaies n’étaient pas de belle qualité ; je suppose que ce n’étaient pas des amateurs, mais qu’ils avaient plutôt hérité ces pièces. Je n’ai pas assisté à l’échange, mais je suppose que les vendeurs sont repartis avec les monnaies et ils ont dû être très déçus. Ce que je veux illustrer à travers cette situation est le fait que même si les monnaies sont très anciennes, la qualité est fondamentale ! L’inconvénient de prendre en compte les cotations dans des états de conservation bas est que cela donne une fausse illu- sion de valeur. Si un collectionneur possède mille pièces et que la cote de ces pièces est comprise entre 2€ et 10€, il va très rapidement arriver à une somme de 3 000€, 4 000€ ou plus. Il s’imagine donc que lors de la revente, il en tirera plusieurs milliers d’euros, chose qui n’arrivera pas, car aucun profes- sionnel n’en voudra ! Une monnaie en état B ou TB avec une cote de 2€ ne verra JAMAIS sa cote monter, c’est la réalité ! Yves BLOT LA COTE DES ÉTATS DE CONSERVATION B ET TB, LEUR RAISON D’ÊTRE N ous avons appris avec tristesse le décès de Lucien Lariche en novembre dernier. Monsieur Lariche avait eu 90 ans le 28 mars 2020. Il avait rejoint l’ACJM (Association des Collectionneurs de Jetons-Mon- naies) quelques années après sa création en 1989. Collection- neur de monnaies en argent, il avait découvert les jetons de bal par hasard, aux puces de Saint-Ouen. Lucien Lariche a effectué toute sa carrière professionnelle à la Société Générale où il a commencé à travailler très jeune. II en a été directeur de plusieurs agences. Il était (pour reprendre les termes de sa fille) « un véritable amoureux de Paris. Il aimait le Paris d'aujourd'hui mais surtout celui d'hier, plus populaire, avec ses bals musettes et ses cafés tenus par des Auvergnats ». Depuis, il n’a cessé de se passionner pour ces jetons de bal, partageant sa passion au travers de son catalogue « Les Jetons de Bal 1830- 1940 » publié en 2006 par l’ACJM. Il sera le président de l’association de 1996 à 2011, succédant à Roland Élie, son fondateur. Il cède la présidence à Jean-François Muller en 2011, tout en assurant la fonction de secrétaire-trésorier jusqu'en 2014. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches, et à ses amis collectionneurs de l’ACJM. Laurent COMPAROT HOMMAGE À LUCIEN LARICHE

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