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Bulletin Numismatique n°204 24 L e titre peut sembler paradoxal, mais c’est la réalité pour de nombreuses séries. Bien que la frappe de certaines émissions soit de plu- sieurs dizaines de millions d’exemplaires, il est parfois très rare de trouver de nos jours des exemplaires proches de l’état de frappe. D’une part, c’est logique de penser que plus on recule dans le temps, plus on retrouve fréquemment ce cas de figure et d’autre part plus la taille de la pièce est importante, plus la proportion de monnaies en bel état par rapport à la quantité frappée diminue. Certains vont se dire que mes articles font uniquement réfé- rence à des monnaies de qualité supérieure, ce qui n’est pas faux. Il y a en fait selon mon point de vue, deux façons de collectionner pour éviter des déboires : • Vous ne prenez pas en compte l’état de conservation d’une monnaie, car vous êtes à la recherche de variétés, d’er- reurs de frappe… pour une série comme par exemple la dé- cime, Union et Force ou autres… que vous ne trouverez que très rarement dans un très bel état. Il se peut également que vous ne disposiez pas d’un budget élevé et par conséquent vous prenez tout ce qui vous tombe entre les mains, dans ce cas de figure, l’acquisition de lots peut s’avérer intéressante. Dans ces deux cas, les monnaies ne doivent pas avoir un prix très élevé et ce type de collection est tout à fait légitime, l’idée principale étant toujours de se faire plaisir. Vous n’espérez pas en toute connaissance de cause faire un bénéfice lors de la revente de votre collection, mais cela vous passionne. • Vous essayez d’acquérir des exemplaires d’une certaine qualité et dans ce cas, je conseille de rechercher les exem- plaires au minimum d’un beau TTB. La raison est simple, une belle pièce conserve mieux sa valeur marchande qu’une monnaie de qualité moyenne et cela vous pouvez le constater lors de ventes aux enchères. Il faut savoir que les monnaies en état B ou TB dont vous ferez l’acquisition seront difficilement vendables et le fait que les monnaies soient anciennes n’y change rien. Vous me direz que si on collectionne, c’est avant tout par passion et non pour gagner de l’argent, mais on peut se faire plaisir de la même façon en recherchant des monnaies de meilleure qualité. Le plaisir n’est pas directement propor- tionnel à la quantité de monnaies. Tout le monde est bien évidemment libre de ses choix et ceci étant dit, revenons à nos moutons. A partir des quantités gradées par NGC et PCGS, voici un premier exemple pour illustrer le fait que la rareté est « rela- tive » comme dirait Einstein. Type Quantité frappée MS64 MS65 et + Total % 10 ct 1905 Dupuis 950 000 10 3 13 0,00137 10 ct 1914 Lindauer 3 972 36 36 0,90 Le pourcentage représente le nombre d’exemplaires de qualité MS64 et supérieure par rapport à la quantité frappée. En comparant, cela signifie qu’à l’état « neuf », la 10 centimes de 1905 est beaucoup plus rare que celle de 1914. On peut conclure que bien qu’étant une monnaie que l’on trouve faci- lement - une monnaie par conséquent dite courante -, la pièce correspondant à l’année 1905 est rare en très belle qua- lité. Il est fort probable que d’autres monnaies de qualité de cette même année ne soient pas gradées, ce qui viendrait modifier le pourcentage. Mais à moins de trouver un rouleau ou un demi-rouleau dont les monnaies n’auraient donc pas circulé, ce pourcentage ne devrait pas varier énormément, car en général on ne trouve dans les collections qu’une seule pièce et même si elle est vraiment très belle, ce ne sera pas le cas pour les autres collections. La 10 centimes Lindauer a été frappée à très peu d’exem- plaires et « miraculeusement » de nombreux exemplaires in- tacts sont arrivés à nous. Ce que je veux montrer à partir de cet exemple, c’est que la quantité frappée n’est pas une garantie absolue de rareté pour les états de conservation élevés. Maintenant, reculons un peu dans le temps et allons regarder la série de 5 centimes Napoléon III à la tête laurée qui est à mon avis tout simplement magnifique. Cette série a une frappe totale de plus de 90 millions d’exemplaires et selon l’atelier et l’année, la frappe oscille entre 2,3 et 12 millions d’exemplaires, ce qui est relativement important. Cependant regardons de plus près ce qu’il en est. Vous trouverez dans le tableau suivant pour les ateliers de Strasbourg et Bordeaux, les exemplaires gradés à partir de MS63, c’est-à-dire splendide. Année Quantité frappée MS63 MS64 MS65 MS66 MS67 Total % note 1861BB 7.123.913 1 8 1 1 11 1,54 1861K 6.5 et 6.7 1 1 1 3 0,45 1862BB 8.583.899 1 1 1 3 0,35 1862K 7.000.000 3 2 1 6 0,86 1863BB 2.3 et 3.4 2 3 5 1,75 1863K 9.437.336 5 1 1 7 0,74 1864BB 5 et 6.1 2 6 3 1 1 13 2,34 1864K 5.831.202 3 6 1 1 1 12 2,06 1865BB 7.225.750 2 3 2 7 0,97 Notes : • Le chiffre correspondant à % correspond au nombre d’exemplaires de qualité MS63 et au-dessus par million de monnaies frappées. • Dans la colonne quantité frappée, le nombre indiqué 6.5 et 6.7 signifie entre 6,5 et 6,7 millions d’exemplaires frappés. Le constat est sans équivoque, les exemplaires FDC (MS65 et plus) se comptent sur les doigts d’une main pour TOUTES les années et pour les DEUX ateliers ! Avec des frappes de 7, 8 ou 9 millions d’exemplaires, il y a jusqu’au jour d’au- jourd’hui un, deux ou trois exemplaires FDC, c’est tout sim- plement inimaginable et pourtant c’est la réalité. Lorsque l’on regarde la colonne pourcentage (voir note), on se rend compte que dans de nombreux cas, il y a moins d’un exemplaire de qualité SPL ou FDC par million d’exemplaires frappés, c’est incroyable ! LA RARETÉ DES MONNAIES COURANTES

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