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Bulletin Numismatique n°201 31 sion de Bretagne qui déchirait le duché depuis 1341, et Jean devint le duc légitime sous le nom de Jean IV. Tenant sa pa- role, la première pierre du sanctuaire fut posée dès 1365, mais les travaux traînèrent en longueur et c’est son successeur Jean V (1399-1442) qui acheva la première chapelle en 1409. Celle-ci fut placée sous le vocable de Notre-Dame. En 1423, la chapelle fut élevée en église collégiale par l’évêque de Léon. Enfin en 1427, le pape Martin V (1417-1431) érigea Notre- Dame du Folgoët au rang des basiliques mineures, ce qui en fait la plus ancienne de France. Figure 3 Procession du pardon de Notre-Dame du Folgoët : la statue de la Vierge à l’Enfant et les bannières. Vers 1900. Rapidement, Notre-Dame du Folgoët devint un important lieu de pèlerinage : la duchesse Anne de Bretagne (1488- 1514) y vint en 1491, 1494, 1499 et 1505 et le roi Fran- çois I er (1515-1547) en 1518. Le pèlerinage du Folgoët avait quasiment disparu à la fin du XVII e siècle. Toutefois, en 1873 un premier grand pardon y fut organisé et le véritable renou- veau eut lieu le 8 septembre 1888 lorsqu’une foule estimée à 60 000 personnes assista à la cérémonie de couronnement de la Vierge du Folgoët, « distinction » accordée par le pape Pie IX (1846-1878). À la fin du XIX e siècle et au début du XX e , les fidèles assistaient nombreux chaque 8 septembre aux pardons de Notre-Dame du Folgoët (figure 3). En 1946, on en comptait encore plus de 50 000. La fréquentation du par- don décline depuis les années 1960, et l’année dernière la foule n’était plus que de 5 000 personnes environ 3 . À l’image de la statue placée en façade de la basilique (figure 4), on représente le plus souvent Salaün ar Foll de son vivant 3  « Un grand pardon dans la ferveur et la tradition au Folgoët », Ouest- France du 8 septembre 2019 https://www.ouest-france.fr/bretagne/le-fol- goet-29260/en-images-un-grand-pardon-dans-la-ferveur-et-la-tradition-au- folgoet-6510400 en tenue de mendiant portant un large chapeau et tenant un long bâton de marche, attributs rappelant sa vie d’errance. Ainsi, les représentations de son miracle se révèlent finale- ment assez rares. Il en est de même sur les médailles miracu- leuses dédiées à Notre-Dame du Folgoët dont la quasi-totalité représente à l’avers la Vierge à l’Enfant et au revers une vue de la basilique (figure 5). Il est vrai que la seconde moitié du XIX e siècle fut tellement marquée par le culte marial que l’image de la Vierge devint omniprésente au point que même au Folgoët Salaün ar Foll soit effacé par Notre-Dame… Tou- tefois, nous avons pu découvrir un exemplaire d’une rare médaille (figure 6) figurant au revers le miracle de Salaün ar Foll. Le coin de revers de cette médaille a indiscutablement été réalisé par la même main que le poinçon présenté plus haut, mais leurs tailles diffèrent : sur la médaille, Salaün ar Foll mesure 15 mm et seulement 7,5 sur le poinçon. Celui-ci a donc servi à réaliser une réduction de la médaille présentée ici. On utilisait pour cela une machine spécifique appelée tour à réduire qui permet de reproduire automatiquement les reliefs d’un modèle, cette reproduction étant réduite dans toutes ses di- mensions suivant un rapport déterminé à l’avance. Le tour à ré- duire, sorte de pantographe travaillant dans les trois dimensions, permet de graver sur un bloc d’acier, et aux dimensions défini- tives de la future médaille (Jean Tessier, chef de fabrication à la Monnaie de Paris). À l’avers, la médaille fait apparaître une Vierge Marie trônant et tenant l’Enfant Jésus, tous deux sont clairement couronnés. Ce détail tendrait donc à en dater la frappe après 1888. Signalons enfin que cette médaille en forme de quadrilobe anglé, motif emprunté à l’architecture gothique, est frappée en laiton, ce qui est plutôt un signe de qualité pour ce type d’objets. Dans le lot d’outillages se trouvait aussi un autre poinçon portant cette fois la mention FOLGOET (figure 7). Celui-ci SOUVENIRS MÉTALLIQUES DE SALAÜN AR FOLL Figure 4 Statue de Salaün ar Foll en façade de la basilique Notre-Dame du Folgoët. © Domaine public

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