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Bulletin Numismatique n°197 22 Vue intérieure du musée Le Secq des Tournelles© Domaine public LA RENCONTRE S i vous avez la chance de passer par Rouen, je ne saurais trop vous recommander la visite du musée Le Secq des Tournelles, installé dans une ancienne église du XV e siècle, jadis dédiée à Saint Laurent. Ce musée vous offrira la décou- verte de ses collections aussi riches que stupéfiantes entière- ment consacrées à ferronnerie d’art 1 . Il y a quelques temps, j’ai moi-même profité de cette belle expérience et j’ai ainsi pu admirer ces chefs-d’œuvres de ser- rureries, ces heurtoirs aux formes surprenantes, ces éton- nantes enseignes de boutiques et ces remarquables pièces de coutelleries, mais aussi quelques outillages monétaires aussi rares que discrets dans leur petite vitrine… Pourtant, l’un d’eux me fit bondir lorsque que je reconnus superbement gra- vées en relief sur sa face les armoiries de la Ville de Nantes, de gueules au vaisseau équipé d’or, habillé d’hermine, voguant sur une mer de sinople mouvant de la pointe et ondée d’argent, au chef aussi d’hermine, entourées d’une corde à nœuds, appelée Cordelière, et surmontées d’une couronne murale. De toute évidence, j’étais face à un poinçon de jeton nantais, datant probablement de l’Ancien Régime. Bien sûr, j’en prenais immédiatement une mauvaise photographie à travers la vitrine avec mon téléphone portable. Le poinçon étudié © GS 1  Pour découvrir ce musée : https://museelesecqdestournelles.fr/fr QU’EST-CE QU’UN POINÇON ? L e poinçon était l’étape préalable indispensable à la réalisa- tion du coin nécessaire à la frappe. C’est pourquoi leur préparation n’était confiée qu’aux graveurs les plus talen- tueux. Les poinçons étaient des matrices métalliques dont les motifs étaient très finement gravés en relief par taille directe et destinées à être inculpées, c’est-à-dire imprimées en creux, dans les coins monétaires qui allaient ensuite servir à marquer les pièces de monnaie, les jetons et les médailles. On ne résiste pas au plaisir de relire ici la définition donnée avec tant de précision par l’ Encyclopédie Diderot et d’Alam- bert, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des mé- tiers , enfin accessible sur internet dans son intégralité 2 : « Poinçon, à la monnoie​​, sur lequel on a gravé en relief les diffé- rentes figures, effigies, armes, inscriptions, lettres, &c. qui doivent produire & être dans les quarrés ou matrices avec lesquels les flancs doivent être frappés ou marqués. Les Monnoyeurs ont trois sortes de poinçons ; les premiers contiennent en entier & relief l’effigie ; les seconds qui sont plus petits, contiennent chacun une partie des armes, comme une fleur de lys, la couronne, la branche de lauriers, &c. & la troisieme espece de poinçon, contient les lettres, chiffres, defferens, &c. Par l’assemblage de toutes ces empreintes la matrice est formée » 3 . Récemment réaménagé avec goût et intelligence, le musée de la Monnaie de Paris expose les outillages nécessaires à la frappe des monnaies et médailles, dont une magnifique série de soixante-dix de ces précieux poinçons, autant de magni- fiques objets qui ne sont pourtant qu’un petit extrait des col- lections constituées depuis Louis XIV 4 . Vitrine des poinçons exposés au musée de la Monnaie de Paris © GS 2 À consulter sans modération : http://enccre.academie-sciences.fr/ency- clopedie/ 3 Extrait du volume XII de 1765, page 868b. 4 Plus d’informations sur ces rares objets sous ce lien : https://journals. openedition.org/artefact/2382#ftn6 LE POINÇON D’UN JETON DE MAIRE DE NANTES RETROUVÉ !

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