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Bulletin Numismatique n°196 18 E n novembre et décembre ont lieu de nombreuses ventes aux enchères très importantes, Palombo et NGSA à Genève, Gadoury et MDC à Monaco. À cette occasion, plusieurs milliers de lots sont proposés, des monnaies en or, en argent de tous les pays et de qualité en générale très belle, avec de nombreuses monnaies gradées. J’ai assisté à travers internet au déroulement de ces ventes et je me suis principalement intéressé aux monnaies françaises (j’ai également vu d’autres lots) et à vrai dire j’ai été surpris et déçu par les résultats atteints par certaines monnaies fran- çaises. Avant de m’intéresser aux monnaies françaises, juste un mot sur les monnaies chinoises qui en majorité étaient en argent et de très belle qualité SPL ou FDC (toutes gradées). Les prix atteints sont vraiment impressionnants, 30 000€, 40 000€… 60 000€ pour de nombreux lots, tout simplement incroyable quand on compare aux prix des monnaies françaises. Dans le cas des monnaies en or françaises, les lots se sont vendus à des prix relativement bas, hormis les pièces SPL ou FDC. Quant aux monnaies en argent, les résultats ont été en général assez décevants. Les monnaies royales : Les pièces en état TTB ou petit SUP sont restées invendues ou sont parties à des prix très bas. Quant aux très belles pièces, beau SUP ou SPL (MS61, MS62, MS63, MS64), il n’y avait parfois qu’une seule offre. Je n’arrive pas à comprendre com- ment des écus de Louis XIII, XIV… en qualité MS63 ou MS64 que l’on ne voit jamais sont partis à 3 500€. Mon at- tention a été attirée par un écu à la vieille tête de Louis XV en MS63 proposé par MDC qui, avec un prix de départ de 7 000€, n’a pas trouvé preneur. Le prix de départ était haut, mais c’est une monnaie magnifique (je l’ai vue en personne), étant entendu qu’il y en a peut-être 2 ou 3 de qualité supé- rieure ou équivalente pour le type. Elle ne s’est pas vendue ! Cela veut dire qu’en France les amateurs d’écus royaux de qualité sont si peu nombreux ? Peut-être trois ou quatre col- lectionneurs ? Malheureusement, mes moyens financiers ne me permettent pas de les collectionner, mais les écus des rois Louis sont à mon avis un des plus beaux domaines de la numismatique française. Ils recouvrent 150 années de l’histoire de France, avec des monnaies de grande taille qui ont survécu pendant plus de 350 ans avant d’arriver à notre époque, de vrais mi- racles et des monnaies magnifiques ! Les monnaies modernes (à partir de 1800) : Pour Napoléon I er et Napoléon III (surtout les essais) et uni- quement pour de la belle qualité, les prix atteints sont hauts. Quant à Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe, unique- ment les très belles pièces partent et à des prix moyens (en général en dessous des cotes). Pour les grandes raretés mo- dernes 5 francs 1878, 5 francs 1939… les prix restent élevés, ainsi que pour les rares monnaies en flan bruni que l’on peut voir. Mais il faut bien le dire, ce sont des monnaies rarissimes ! Il y a chaque fois plus d’essais (modernes) qui sont présents dans ces ventes et ils se vendent bien et à de bon prix, la de- mande étant apparemment assez forte. Le marché numismatique français n’a pas l’air florissant, bien au contraire et sachant que dans le cas des monnaies, c’est principalement le marché national qui porte la demande, je constate d’après les résultats que, pour les monnaies fran- çaises, la demande interne est faible. Si on observe des prix élevés ou très élevés pour certaines monnaies, très souvent ce sont des étrangers qui sont derrières ces achats. Il y a dans la numismatique française des domaines très inté- ressants qui sont pourtant délaissés. La collection de mon- naies de nos jours est malheureusement « boudée » par les Français qui cherchent peut-être des placements « sûrs » dans un contexte économique « compliqué » ? Pour conclure, si les monnaies de très belle qualité ont du mal à se vendre, je n’ose imaginer ce qu›il en est pour les monnaies de qualité courante ! Dans tous les cas de figure, pour être moins « exposé » aux fluctuations du marché, il est préférable d’acheter des mon- naies de belle qualité qui seront plus facilement négociables par la suite. Finalement, dans un contexte économique « délicat » où les taux d’intérêts sont inferieurs à l’inflation, avoir de l’immobi- lier, des œuvres d’art ou de l’or est une idée à méditer. Note : La grande vente d’Heritage aux USA vient d’avoir lieu, des prix élevés pour les monnaies françaises, mais il faut savoir que dans de nombreux cas, les exemplaires proposés étaient assez rares et avaient le grade le plus élevé chez NGC et PCGS. Yves BLOT RÉFLEXIONS SUR LES DERNIÈRES VENTES AUX ENCHÈRES

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