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J-A.PICHOT : 150 ans d'avance !
J-A. Pichot, imprimeur lithographe à Poitiers, travailla pendant de nombreuses années à la sûreté du
papier-monnaie. À la suite de l’ouverture d’un concours par le gouvernement pour un « papier
infalsifiable », il adresse le 7 septembre 1848 un dossier de propositions à la Commission chargée
des Papiers de Sécurité (août-octobre 1848). Ces propositions concernent le papier, les timbres
humides et les encres. Cette soumission restera sans suite. Ces travaux seront néanmoins récom-
pensés par une médaille à l’exposition universelle de Londres en 1851 dans la catégorie « Timbres
Postes et Papiers infalsifiables ».
Dans une lettre datée du 26 novembre 1852, Théophile Delarue, attaché comme expert en matière de
faux à la Banque de France, reconnaît que les encres proposées « pourraient offrir une garantie
sérieuse contre les tentatives du faussaire ordinaire ».
J-A. Pichot adressera également, à plusieurs reprises, des spécimens de papier de sûreté au
Ministère des Finances ainsi que des spécimens de timbres-poste à l’administration des Postes.
Le 21 mai 1853, J-A. Pichot adresse une lettre « à sa majesté l’empereur » pour lui faire part de ses
travaux et pour solliciter de pouvoir présenter personnellement ces développements à une commis-
sion déléguée par Napoléon III. Il s’intéressera au développement d’un papier infalsifiable jusqu’à la fin
des années 1860 (dans une publication datée de juin 1869 il traite « de l’unification et de la garantie
des papiers-monnaies et des valeurs-fiduciaires ».
On connaît quelques épreuves de billet uniface datées du 1er novembre 1853 pour une valeur de 600
points. Les épreuves les plus abouties, d’une valeur de 600 francs, sont datées du 1er septembre
1857
et comportent un recto et verso alors que la Banque de France imprimera ses billets à l’identique
jusqu’en 1862.
Parmi les innovations apportées par J-A. Pichot, on peut noter :
-
un changement de couleur du papier (tache) provoqué par les réactifs employés pour enlever les
encres (
falsification par lavement
)
tels que l’acide oxalique, l’acide hypochloridrique, l’eau de
Javel, la potasse caustique.
-
pour les billets datés du 1/9/1857, le verso, où figurent des médaillons représentant Napoléon III et
l’aigle impérial, une encre spéciale est utilisée. Celle-ci d’un aspect métallique laisse apparaître plus ou
moins selon l’angle de vue les médaillons (propriété qui rappelle les encres OVI à couleur changeante
employées pour la dernière gamme de la Banque de France !!!). Cette impression/encre ne permet
pas non plus la photocopie ou le scan alors que ces modes de reproductions ne seront inventés que
beaucoup plus tard… Ces médaillons du verso sont également visibles par transparence à la façon
d’un filigrane.
L’utilisation de l’effigie de Napoléon III sur le billet n’est pas un hasard. Dans sa publication « de
l’unification et de la garantie des papiers-monnaies et des valeurs-fiduciaires », J-A. Pichot soutient
la thèse que : « les papiers-valeurs, à l’exemple des valeurs métalliques, devraient porter sur une de
leur face l’effigie du Prince ». Pour cela, il fait référence à un « traité du papier de sureté et du papier
monnaie » (1849) dans lequel Th. Delarue souligne que le visage apporte la meilleure garantie contre
la reproduction puisque rien n’est plus sensible à l’appréciation de la différence (« cette appréciation
de différence est à la portée de toutes les intelligences »).
Le filigrane est composé de trois lignes comportant des portraits
de Napoléon III et l'aigle impérial :
Les lignes du haut et du bas : trois portraits / un aigle / trois portraits
La ligne centrale : trois aigles / un portrait / trois aigles