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Bulletin Numismatique n°223 31 Nous poursuivons ce chemin initiatique par le cabinet précieux, où nous sommes immédiatement interpellés par la magnifique et imposante vitrine où sont déposés les objets provenant du trésor d’argenterie découvert à Berthouville en 1830. Il a reçu une restauration poussée au musée Paul Getty et vient de faire l’objet d’une publication sous la plume de Mathilde Avisseau-Broustet, dans une nouvelle collection « Cartel » de la BnF dont nous rendrons compte dans un pochain Bulletin Numismatique. Mais cette salle recèle bien d’autres trésors dont la coupe dionysiaque en or dite « patère de Rennes » du trésor éponyme qui a échappé au vol de 1831 et à la refonte comme la plupart des objets en or dont l’anneau sigillaire de Chilpéric, père de Clovis, provenant du trésor de Tournai (découvert en 1653). Grands plats en argent comme celui d’Achille de l’Antiquité tardive où la collection de plats en argent Sassanides côtoie camées et intailles, bijoux et objets dans deux vitrines époustouflantes par la qualité et le nombre des objets présentés. La visite de l’ancien musée venait alors butter sur l’entrée du Cabinet des médailles et restait hermétiquement fermée au profane. Par une porte vitrée, comme pour l’ensemble des entrées rénovées, nous pénétrons dans « le saint des saints », le sanctuaire, constitué par la première salle, celle consacrée à Honoré Théodoric d’Albert duc de Luynes (1802-1867), qui légua ses collections au Cabinet des médailles. La salle contient des trésors inestimables dont une collection de vases grecs à figures noires et à figures rouges d’une qualité exceptionnelle. Puis, dans l’enfilade, nous découvrons la salle Barthélémy, du nom de Jean-Jacques Barthélémy (1716-1795) auteur du voyage du jeune Anacharsis en Grèce « bestseller » du XVIIIe siècle, malheureusement oublié aujourd’hui et qui sauva les collections d’une dispersion, voir d’une destruction annoncée au moment de la Révolution. C’était aussi l’ancienne salle des Lecteurs où il y a plus de quarante ans, j’ai passé des journées entières à dépouiller des inventaires monétaires en vue de la rédaction d’un mémoire consacré aux trésors de monnaies romaines découverts à Paris. Les médailliers qui ceinturent l’ensemble de la salle contenaient jusqu’à une date récente la plus grande partie des collections. Enfin, nous découvrons « le salon Louis XV » dans l’état où il fut installé en 1741 quand la collection du roi, conservée à Versailles, rejoignit Paris. Ce salon que j’avais connu triste avec ses peintures vert foncé, et où parfois, nous nous retrouvions autour la grande table pour certaines réunions de la Société Française de Numismatique (SFN) sous les regards croisés de Louis XIV d’après Rigaud et de Louis XV d’après Van Loo, sous les cartels de Boucher en face des médailliers recelant des trésors insoupçonnés, a enfin retrouvé sa clarté et sa magnificence toute royale. La visite semble suspendue et prendre fin à cet endroit. Mais où sont passés le « trône de Dagobert », le grand Camée et tous les autres trésors que recelaient l’ancien musée ? Il nous faut alors repartir en sens inverse, pour remonter le temps et les salles afin de découvrir de l’autre côté de ce nouvel escalier, porte verticale et horizontale, qui autorise le visiteur à rejoindre ce nouveau vaisseau. C’est dans cette seconde partie, que personne auparavant n’avait vue sous ce jour, à l’entrée de la Galerie Mazarin, sous les ors, la couleur pourpre et les peintures de Romanelli, sur une étendue de quarantecinq mètres de long que s’ouvre la suite de notre visite avec les trésors du Cabinet des médailles et antiques, mais aussi de tous les autres départements. La vision du visiteur est interpellée et semble vaciller devant tant d’œuvres et de trésors de la Bibliothèque nationale de France. Mais c’est une autre histoire dont nous vous ferons, peut-être, une autre fois découvrir les arcanes. Nous avons entrepris cette première visite avec les Amis des Romaines, ce samedi 24 septembre, pour une session trop courte qui nous donne déjà envie de revenir, d’errer dans les salles et de découvrir dans l’angle d’une vitrine, sous un plafond, un trésor enfoui qui nous attendait et ne demandait qu’à livrer ses secrets dans un écrin de beauté, de luxe et de volupté ! Laurent SCHMITT (ADR 007) PS : avec cette visite, inoubliable, nous vous conseillons la lecture et l’acquisition du numéro spécial de Beaux Arts consacré à la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, musée, histoire, architecture : visite guidée, qui vient de paraître. Prix 14 €. LE CABINET DES MÉDAILLES DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE DEVIENT LE MUSÉE DE LA BNF

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