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Bulletin Numismatique n°198 21 triomphe par la population et une « fête de la Liberté » sera organisée en leur honneur le 15 avril. Essai de monnayage de Jerbeault. s.d. (1791) L’année 1792 sera déterminante. Un article de Brissot dans Le Patriote (6 févr.) lance la mode du bonnet phrygien de cou- leur rouge qui connut une grande vogue, en particulier parmi les sans-culottes. Le premier membre des jacobins qui se pré- senta au Club coiffé du bonnet phrygien fut le girondin Grangeneuve (14 mars 1792). Cette apparition de l’emblème révolutionnaire provoqua des applaudissements, qui redou- blèrent lorsque le président Thuriot posa à son tour le bonnet sur sa tête. Le 16 mars, au théâtre Français après la représen- tation de la Mort de César , le buste de Voltaire fut apporté sur la scène coiffé d’un bonnet rouge et resta exposé dans cet état aux yeux des spectateurs jusqu’au commencement de la se- conde pièce. Pétion, le maire de Paris, instruit par les rapports de police du mécontentement et des rixes qu’occasionnait ce bonnet, écrivit une lettre très patriotique au club des Jaco- bins, pour lui faire sentir le danger et l’inutilité d’une innova- tion pareille. Le Club présidé par Robespierre était assemblé lorsque cette lettre lui fut remise. Sa lecture produisit l’effet le plus immédiat, tous les bonnets rouges disparurent au même instant et particulièrement celui du ministre Dumouriez, qui occupait la tribune coiffé du bonnet rouge et qui comme les autres, fut obligé de le mettre dans sa poche. Robespierre fit décider que la seule cocarde suffisait au ralliement. Le 20 juin, aux Tuileries, le roi lui-même fut contraint par les émeutiers de s’affubler du bonnet rouge. Les contre-révolutionnaires d’ailleurs rappelleront souvent par dérision que le bonnet rouge est aussi la coiffure du galérien. Ils y verront encore parfois le bonnet des Lazzaroni napolitains, ces petits voleurs, ces voyous. À la suite d’une motion de Gaan de Coulon, la Convention décréta que les galériens ne seraient plus coiffés du bonnet rouge, uniquement utilisé comme insigne du ci- visme et de la liberté. Mais la mode de la coiffure phrygienne cessa vite, et les bagnards retrouvèrent leur bonnet rouge. On peut voir sur l’essai de Galle à la Liberté 1792 que le bon- net change de forme. Médaille Libertas Americana 1782 Essai de Galle An I (1792-1793) En l’an II, sur l’ essai du graveur Bernier, le bonnet de la Li- berté apparaît pour la première fois sur la tête de celle-ci : Essai de Bernier. An II (1793-1794) Sous le Directoire, le bonnet de la Liberté est abandonné sur les monnaies, sans doute pour faire disparaître ce symbole révolutionnaire. L’avènement de la monnaie décimal va don- ner l’occasion à Dupré, Graveur général des monnaies, de mettre en avant le bonnet phrygien afin de coiffer la Répu- blique sur nos monnaies, la mode étant à la symbolique de l’Antiquité. Sol dit à la table de loi (1793-1794) Essai au bonnet de Dupré. An II (1793-1794) Dupré semble hésiter entre le bonnet ordinaire décrit par Gibelin et le bonnet phrygien. Le bonnet disparaît assez rapidement à partir de novembre 1799 avec Bonaparte et plus encore avec Napoléon I er . Le sceau de l’État sera changé et remplacé par l’aigle. La Deu- xième République conservera le bonnet phrygien sur les monnaies de un centime jusqu’en 1851, mais le remplacera sur la pièce de 5 francs par une main. À la Révolution, le sceau de Louis XVI, en or, est fondu pour en écupérer le métal. Un décret de 1792 a fixé pour la première fois le contenu du nouveau sceau de la République : une femme debout tient une pique surmontée d'un bonnet de la liberté et de l'autre bras un faisceau de licteur. LE BONNET SYMBOLE RÉVOLUTIONNAIRE

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